Michel Cymes, un nom bien connu du public français en tant que médecin, vulgarisateur scientifique et animateur de télévision, continue de surprendre avec des choix de carrière audacieux. De ses rares expériences d’acteur sur grand écran à ses débuts sur les planches, Cymes explore une facette entièrement nouvelle de sa personnalité, livrant des histoires pleines d’humour mais aussi de profondeur. Sa dernière pièce, “Secret(s) médical”, fait particulièrement parler d’elle, non seulement pour ses situations cocasses, mais aussi pour les dilemmes éthiques sensibles qu’elle soulève, susceptibles d’influencer le destin de toute une nation.

Du cinéma à la scène : Les découvertes surprenantes d’un “médecin-acteur”

Si Michel Cymes est un visage familier du petit écran, son expérience au cinéma et à la télévision reste limitée. Il se souvient de son unique rôle dans “La Vérité si je mens”, où il jouait le médecin d’Enrico. Mais ce sont ces rares expériences qui lui ont apporté des leçons amusantes et parfois déroutantes sur le monde du septième art.

Dans le téléfilm “Meurtre à Oléron”, Michel Cymes a dû tourner une scène de baiser avec l’actrice Hélène Seuzaret. Il a alors découvert qu’au cinéma, “on ne met pas la langue quand on s’embrasse”. Cymes raconte avec humour qu’il était assez embarrassé, car c’était la première fois qu’il devait “embrasser pour de faux”. Hélène l’a rapidement rassuré en lui expliquant que tout le monde n’était pas au courant de cette règle. Elle a même partagé des expériences désagréables où des acteurs profitaient de la situation pour se livrer à de véritables “ramonages d’estomac”. Cette anecdote, en plus de faire rire, révèle un aspect très terre-à-terre et parfois cru de l’industrie cinématographique.

Avant de devenir le médecin célèbre qu’il est aujourd’hui, Cymes rêvait d’être vétérinaire. Un projet abandonné car il jugeait les études trop difficiles. “On m’a dit que les études étaient trop difficiles. Je ne sais pas comment sont les études de véto, mais vu comme j’en ai chié en médecine, ça doit être terrible”, confie-t-il. Sa carrière d’acteur inclut également le rôle du docteur Gavotte dans “Joyeuse retraite” aux côtés de Thierry Lhermitte et une participation à la série “Le Doc et le véto” avec Dounia Coesens. Ces rôles, bien que peu nombreux, lui ont permis d’approfondir sa connaissance du monde de la comédie et de confirmer sa nouvelle passion.

“Secret(s) médical” : La pièce qui secoue l’éthique et la politique

Actuellement, Michel Cymes fait sensation avec la pièce “Secret(s) médical” au théâtre Saint-Georges. Il y incarne André, le patron d’un bistrot. Depuis 30 ans, son établissement “Chez André” est le point de ralliement de ses quatre meilleurs amis, tous médecins, qui s’y retrouvent pour parler de tout et de rien. Chaque mois, André ferme son restaurant pour organiser un dîner privé, où il teste de nouvelles recettes sur ses amis cobayes.

Ces quatre amis médecins sont interprétés par Philippe Dusseau, Philippe Vieux, Jean-Pierre Malignon et Clémence Thioly. Mais un soir, un événement inattendu vient perturber leur rituel. Philippe Vieux, qui joue un psychiatre, traite un patient qui n’est autre qu’un leader politique sur le point d’annoncer sa candidature à l’élection présidentielle. Le problème, c’est que ce patient est suivi pour une raison bien précise, qui pourrait représenter un danger pour la France.

La pièce pose alors un dilemme cornélien : le psychiatre doit-il respecter le secret médical ou révéler la vérité pour sauver le pays, quitte à détruire sa propre carrière ? Michel Cymes insiste sur le fait que, bien qu’il s’agisse d’une comédie, la pièce est centrée sur un débat de fond essentiel autour du secret médical.

Une galerie de personnages hauts en couleur

Sur scène, Michel Cymes est entouré d’une troupe de comédiens talentueux, chacun incarnant un médecin au caractère et aux opinions bien trempés, ce qui enrichit la pièce et lui donne toute sa saveur.

Philippe Vieux dans le rôle de Patrick (le psychiatre) : Patrick est un personnage “fort délicieux” mais aussi un grand gaffeur. Il est confronté à un cas de conscience majeur en détenant le secret d’un candidat à la présidentielle. Malgré lui, ses révélations accidentelles créent un “petit séisme” au sein du groupe d’amis. Michel Cymes en profite pour rappeler l’importance fondamentale du secret médical, qui interdit à un médecin de parler d’un patient à un confrère, sauf si c’est dans l’intérêt direct du patient.
Clémence Thioly dans le rôle de Lisa (la médecin généraliste) : Lisa est décrite comme la “conscience morale” du groupe. Droite et intègre, elle est celle qui n’hésite pas à “taper sur la tête” du psychiatre et surtout du potentiel candidat, dont elle connaît les nombreuses “casseroles”. Elle incarne la droiture et le respect scrupuleux de l’éthique.
Jean-Pierre Malignon dans le rôle de Jean-Claude (le chirurgien esthétique) : Jean-Claude est un chirurgien “dans toute sa splendeur”, principalement intéressé par l’argent et les femmes. Une situation comique survient lorsqu’une de ses clientes lui intente un procès pour une opération mammaire ratée. Il s’avère qu’elle a couru un marathon trois jours après l’intervention, provoquant “l’explosion” de ses deux prothèses, transformant le résultat en un “Picasso”. Ce personnage représente la facette matérialiste et parfois décomplexée d’une certaine frange du corps médical.
Philippe Dusseau dans le rôle du proctologue : Le personnage de Philippe Dusseau, avec sa spécialité qui prête à sourire, va au-delà du simple secret médical. Il explore les “secrets professionnels” et les “secrets entre amis”, ces choses que certains savent et d’autres non. C’est la raison pour laquelle le titre de la pièce, “Secret(s) médical”, comporte un “s” entre parenthèses : il ne s’agit pas seulement du secret médical, mais aussi de tous les secrets personnels qui éclatent au grand jour ce soir-là.

Conclusion : Comédie, éthique et questions sans fin

“Secret(s) médical” est bien plus qu’une simple comédie. C’est une œuvre qui, tout en provoquant des éclats de rire, pousse le public à réfléchir à des questions de société sérieuses. Michel Cymes et ses acolytes réussissent le pari de créer un espace où l’humour rencontre les interrogations sur l’éthique médicale, la responsabilité des médecins et la complexité des relations humaines. La pièce laisse une impression durable, non seulement par le talent comique de Michel Cymes, mais aussi par le message puissant qu’elle véhicule : la frontière entre la déontologie, l’intérêt personnel, le secret et la vérité est un défi constant dans tous les aspects de la vie.