À l’occasion de la sortie de son premier album “Coeur maladroit”, Marine se confie en interview sur Purecharts. Sa vie de personnalité publique, la pression, le soutien d’Helena, un duo avec Julien Doré… La gagnante de la “Star Academy” se livre avec franchise.

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Propos recueillis par Julien Gonçalves.

Ton premier album “Coeur maladroit” sort cinq mois après ta victoire à la “Star Academy”. Qu’est-ce qui a été le plus délicat pour toi : trouver ton style, le timing, faire les bonnes rencontres… ?
Ma crainte, j’avoue, c’était de ne pas avoir le temps de faire vraiment ce que je voulais. Parce qu’en 3 mois, on va dire, vu que je n’ai pas commencé tout de suite le studio et qu’il est fini depuis déjà un mois, j’avais peur. Je me suis dit : “Mais je ne pourrais jamais sortir un album avant l’été, il faut attendre au moins la rentrée de septembre”. C’était un peu cette crainte de la vitesse de la création. J’avais envie de faire des choses que je voulais vraiment. Je n’avais pas peur qu’on m’impose des choses mais comme il y a cette question de timing aussi et que j’y connaissais rien à ce milieu-là… J’avais un peu peur de ne pas réussir mais finalement ça va. J’ai été bien entourée, j’ai fait les rencontres que je voulais donc je suis contente. Franchement pour un premier album, ça peut toujours être mieux mais moi, je l’aime bien !
J’ai beaucoup parlé avec Helena
Est-ce que tu as redouté de bâcler les choses avec ce timing serré ?
C’est ça, j’avais peur de proposer un album que je regretterais en le réécoutant après ou que ce ne soit pas abouti. D’ailleurs, c’est abouti, c’est déjà très bien, mais on aurait pu encore aller chercher plus loin. C’était la peur de ne pas réussir à faire l’album parfait, même si c’est jamais parfait. (Sourire)

Est-ce que tu as pu croiser Pierre Garnier pour qu’il te donne des conseils sur ce qu’il a vécu : l’après “Star Academy”, son premier album, la pression ?
Je crois que je n’ai vu Pierre qu’une seule fois, c’était justement à la finale. On a fait une petite soirée de fin de tournage avec toutes les équipes et on s’est parlé quelques secondes mais après non, on n’a pas trop discuté sur les réseaux. J’ai plus parlé à Helena. En même temps, tout le monde est un peu occupé, c’est un peu compliqué mais il m’a dit quand même comment lui il l’avait vécu. Il m’a donné quelques conseils sur la suite, de rester moi-même.

Et Helena, quels ont été ses conseils ?
On a beaucoup parlé par message. Elle m’a dit de ne pas faire attention à ce qui pouvait se dire, des gens qui pouvaient être méchants. Elle aussi a vécu un peu ça. Elle m’a dit que c’était trop bien ce que je faisais, de continuer à faire ce que j’aime, d’être moi-même et tout plein de conseils comme ça. On a partagé un peu nos expériences.
Je voulais que cet album soit vrai
Dans ta tête, comment tu imaginais ce premier album ?
Je voulais surtout que ce soit vrai. Je sais que la première chose que je me suis dit quand j’ai commencé le studio, c’est que je ne voudrais jamais chanter quelque chose qui était faux ou qui n’était pas vraiment moi, qui me correspondrait pas. Du coup, chaque chanson est un peu une part de moi. En tout cas, c’est toujours quelque chose que j’ai vraiment vécu, que je ressens ou que je pense. Et en musique, je voulais forcément que ça tourne autour du piano parce que c’est mon instrument. Mais en même temps que ce soit moderne, essayer de mélanger l’organique, l’acoustique et aussi les synthés, les nappes qui rendent le truc un peu planant. Je voulais que ce soit élégant, moderne et classique à la fois. Et puis, oui, parler de choses qui sont sincères, comme les gens m’ont connue un peu.

C’était facile d’imposer tes choix alors que tu débutes ?
Oui ! Franchement, j’avais tellement peur de faire quelque chose qui ne me ressemble pas et que je n’aime pas que j’ai préféré être claire tout de suite. En restant correcte et polie bien sûr. (Rires) Ma maison de disques, elle m’accompagne, elle ne m’impose rien. Donc on a pu discuter. Je leur ai dit ce que je voulais, ce que je ne voulais pas. Des fois, on n’était pas forcément d’accord mais au final ce qui est dans l’album, c’est ce que je voulais et ce qui me plaît. Donc c’est cool !
La chanson sur ma grand-mère été la plus dure à écrire
De quelle chanson tu es la plus fière ?
C’est dur de choisir parce que je trouve qu’elles sont toutes différentes. Elles racontent toutes quelque chose de différent. Je crois que c’est “Dalida”, parce qu’elle n’aurait même pas dû être sur l’album. Ça s’est vraiment fait à la dernière minute. J’ai changé d’avis. C’est un sujet que je ne voulais pas évoquer et finalement, je l’ai fait. Mais oui, c’est la plus intime. C’est la plus perso, je crois que ça a été la plus dure à écrire et à chanter mais au final je crois qu’elle est bien.

C’est ma préférée !
Ah oui ? Trop bien !

Oui, elle est très émouvante et très bien écrite. Est-ce que justement tu as pu la faire écouter à ta grand-mère (atteinte de la maladie d’Alzheimer, ndlr), vu que tu parles d’elle sur ce titre ?
Ma mère lui a fait écouter et elle reconnaît toujours ma voix donc ça va. Elle a dit “Elle chante bien” et qu’elle aimait, mais elle a quand même dit après l’avoir écoutée “Mais elle est morte Dalida ?”. Du coup, la boucle était un peu bouclée quoi. Je me suis dit : “Ok c’est bon, c’est pour ça que j’ai écrit la chanson”.
On a hésité dans le choix du deuxième single
Quand tu fais des chansons aussi intimes, est-ce que tu te projettes sur ces moments où tu vas devoir les chanter sur la tournée ?
C’est un moment que j’ai déjà imaginé, oui. “Dalida”, je le visualise plutôt sur scène comme un moment très intimiste, au piano, sans trop d’artifice. Je me suis imaginé que ça allait être un moment émouvant, forcément. De toute façon, maintenant qu’elle est écrite, je crois que c’était le plus dur. Après, l’interpréter c’est émouvant aussi mais ça va… C’est aussi un cadeau que je fais aux gens.

Selon moi, le titre “D’accord” est un tube…
Pour moi aussi ! Honnêtement, on a hésité dans le choix du deuxième single. C’était soit “Coeur maladroit”, soit “D’accord”. Mais c’est un sujet, les critiques, avec lequel je ne voulais pas revenir. Je veux dire, je n’ai pas bossé pendant des mois pour ne me concentrer que sur la haine que je reçois ! Donc je voulais revenir avec un sujet qui rassemble plus “Ma faute” et l’album. Je trouvais ça important d’en parler et puis en même temps, l’instru est hyper dansante, hyper cool. Et oui, je pense que c’est un tube aussi. (Rires)

Tu avais besoin de t’adresser aux critiques ??
Je sais qu’on en a tous pris un peu pour notre grade. Forcément, c’est logique, on est exposé, c’est le jeu. Il y a eu pire… Je veux dire, Ebony a eu du racisme, donc je ne suis pas celle qui est le plus à plaindre. Après, ça dépend des réseaux… Enfin, il y a X qui n’est pas trop pour moi. C’est là que j’ai pris le plus cher ! Mais, en parler sur cette chanson, c’était pas forcément que pour moi. Le harcèlement, c’est un sujet que je connais depuis longtemps. J’en ai vu au collège, j’en ai subi, j’en ai même été témoin sûrement. Donc c’était juste un sujet dont je voulais parler mais au global, pas que pour moi. Le regard des autres, les jugements etc. Ça a été forcément amplifié par ce que j’ai vécu mais même avant, c’était quelque chose dont je voulais parler.

Tu arrives à te détacher du fait que, de toute façon, quoi que tu fasses, il y aura toujours des critiques ?
Au début c’était dur quand j’ai récupéré les réseaux parce que je me suis rendu compte que… Que les gens m’aiment pas, c’est une chose, c’est pas grave, mais c’était aussi beaucoup de fausses idées qu’ils s’étaient faites sur moi, des images un peu détournées, des avis très tranchés, des choses fausses. Donc c’était dur de voir que les gens ne m’aimaient pas pour des “mauvaises raisons”, des choses qui n’étaient pas vraies. Après, j’ai abandonné l’idée de les convaincre. Je me suis dit que c’était comme ça, que ça ne changerait pas et qu’il fallait bien trouver une raison. Donc non, maintenant ça va mieux. Je me concentre plus sur le positif parce qu’il y en a largement plus en fait. (Sourire)
Je ne crois pas avoir changé
Comment se passe justement ta vie de personnalité publique ? Il faut toujours être polie, souriante, disponible…
(Elle sourit) Oui, après je reste normale, je ne change pas donc ça va. C’est cool. Les gens sont cool en fait. Dans la rue, oui, je me fais un peu reconnaître, je reçois des messages et tout. Les gens me connaissent plus qu’avant, mais c’est bienveillant. Je veux dire, je ne me suis jamais fait agresser dans la rue. Par exemple, les gens qui m’insultent sur les réseaux, ils me demandent des photos dans la rue. Donc, ça va, je le vis plutôt bien ! Bon, forcément parfois quand il est 7h et que je suis avec mes valises à Gare du nord, j’ai moins envie. Mais j’essaie quand même de rester cool parce que c’est grâce aux gens qu’il se passe tout ça. Et puis j’aime bien garder ce lien avec eux.

Qu’est-ce qui a le plus changé dans ta vie aujourd’hui ? Car elle ne doit plus du tout ressembler à celle que tu avais avant…
Je crois que le seul truc qui a changé vraiment, c’est que maintenant, je suis médiatisée et que plus de gens me connaissent, parce que moi je ne crois pas avoir changé. Juste maintenant, je fais de la musique à temps plein quoi. Enfin je fais ce que j’aime ! Mais sinon non, je crois que c’est toujours un peu pareil. Après je ne réalise pas trop… C’est un peu bizarre. J’ai l’impression que c’est un rêve, que c’est pas vraiment réel, que c’est un truc parallèle. C’est trop bizarre.

Dans l’album, il y a un doute qui revient beaucoup, c’est la longévité de ta carrière. C’est quelque chose qui te préoccupe ?
Oui. Parce qu’au-delà de réussir à faire quelque chose, le but c’est que ça dure plus que 3 mois, sinon c’est pas marrant. Maintenant que je suis dedans, j’ai envie forcément que ça dure le plus longtemps possible. Le but, c’est de faire de la musique toute ma vie. Je sais que c’est un risque et que dans ces milieux là, ça peut s’arrêter du jour au lendemain entre guillemets. Donc c’est un peu une peur que j’ai, oui quand même.
Je suis une psychopathe des chiffres
Et est-ce que les ventes, c’est important pour toi ? Est-ce que tu dis “Il faut que je sois numéro un” par exemple ?
Oui, je suis un peu une psychopathe des chiffres. (Rires) C’est-à-dire que dès que la tournée a été mise en vente, dès que j’ai sorti mes singles et tout, je regarde tous les jours si c’est bien, si ça démarre bien etc. Après, le but c’est encore une fois de tenir sur la durée. Et tout est relatif, ça dépend à qui on se compare, à quelle référence, mais ça va ! (Sourire)

J’ai vu le nom de Julien Doré dans les remerciements de ton album. Mais il n’est pas aux crédits de l’album…
En fait, c’était plus un soutien à côté même si on n’a pas collaboré sur cet album ensemble. Il est toujours là pour moi. Il m’envoie beaucoup de messages, toutes les semaines quasiment. Il prend des nouvelles. Il m’a invitée sur son Zénith à Lille pour chanter avec lui et c’est un artiste que j’adore. Donc oui, ça a été un soutien. J’espère par la suite pouvoir travailler avec lui sur de la musique. Il a été très présent.

Vous avez parlé de travailler ensemble ?
Oui, je lui ai évoqué un peu comme j’avais fait avec Eddy de Pretto, sous forme de blague. Je crois qu’il n’est pas contre mais pour l’instant ni lui ni moi avons trop de temps. Peut-être plus tard…