Un séisme politique vient de traverser l’Europe, et son épicentre ne se trouve pas à Paris, mais à Berlin. Dans une déclaration d’une violence verbale et d’une portée symbolique rares, Alice Weidel, la coprésidente du parti allemand Alternative für Deutschland (AfD), a prononcé ce qui ressemble à une oraison funèbre politique pour Emmanuel Macron. “Macron est fini. Il n’est plus qu’un avertissement vivant.” Ces mots, tranchants comme une lame, ont immédiatement enflammé les réseaux sociaux et secoué les chancelleries. Ils ne sont pas seulement une critique ; ils sont un verdict.

Le décor de cette attaque est crucial. La France traverse l’une des crises politiques les plus graves de la Cinquième République. La dissolution surprise de l’Assemblée nationale, décidée par Emmanuel Macron sous la pression d’un résultat électoral désastreux, a été perçue comme un aveu d’échec spectaculaire. L’homme que l’on surnommait “Jupiter”, celui qui prétendait réinventer la France et relancer le projet européen, se retrouve acculé, son autorité contestée, son camp en plein désarroi. C’est dans ce climat de tempête, de “Macronie qui s’écroule”, que la voix d’Alice Weidel a retenti, avec la force d’un coup de tonnerre.

Devant les caméras, la leader politique allemande n’a pas mâché ses mots. Elle n’a pas fait dans la nuance diplomatique. Elle a démoli. Pour elle, le président français n’est pas seulement un dirigeant en difficulté ; il est l’incarnation même de la “faillite des élites européennes”. Une faillite qu’elle observe avec une attention toute particulière, car, selon elle, le drame français n’est qu’un prélude. “Ce qui se passe en France”, a-t-elle prévenu, “c’est le futur de l’Allemagne si Friedrich Merz [le leader de la CDU] continue sur la même voie.”

La comparaison est brutale et fait frémir à Berlin. En associant Macron et Merz, Weidel dessine le portrait de deux dirigeants qu’elle juge interchangeables, deux “faces d’une même pièce”. Leur crime ? Être des “prisonniers de Bruxelles”, obsédés par la scène internationale, mais sourds et aveugles aux préoccupations de leur propre peuple. Elle dénonce une arrogance commune, une posture de surplomb moral qui consiste à diaboliser toute opposition en la qualifiant de “populiste”.

En France, Macron a gouverné en méprisant les corps intermédiaires et en ignorant la colère de la rue, des “Gilets Jaunes” à la réforme des retraites. Résultat : une rupture totale, un pays fracturé. En Allemagne, accuse Weidel, Friedrich Merz érige la même “barrière morale” contre l’AfD, refusant obstinément tout dialogue avec ce qui est pourtant devenu la deuxième force politique du pays. Pour elle, l’issue sera identique : “L’arrogance conduit toujours à la chute.”

Cette prise de parole, jugée “incroyable” tant par ses partisans que par ses détracteurs, a déclenché une onde de choc immédiate. À Paris, les fidèles d’Emmanuel Macron, déjà sonnés par la dissolution, crient à l’ingérence étrangère, dénonçant une attaque indigne contre le Président de la République. Mais au sein de l’opposition, de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon, on jubile. Cette déclaration venue d’outre-Rhin est perçue comme la confirmation ultime que le président a perdu tout crédit, non seulement en France, mais aussi au-delà de ses frontières. Il n’est plus le moteur de l’Europe, mais son fardeau.

À Berlin, l’atmosphère est électrique. Les alliés de Friedrich Merz se crispent. L’idée que l’Allemagne, pilier de la stabilité européenne, puisse connaître un “scénario à la Macron” – dissolution, chaos politique, effondrement du pouvoir central – fait l’effet d’un cauchemar. Alice Weidel a touché là où ça fait mal, mettant en lumière le parallèle entre deux crises démocratiques qui couvent sous les braises de la politique traditionnelle.

Au-delà de la polémique, l’analyse d’Alice Weidel révèle une fatigue démocratique profonde qui gangrène le vieux continent. Elle pointe du doigt une déconnexion béante entre des élites mondialisées, perçues comme interchangeables et indifférentes, et des peuples fatigués. Fatigués par des années de réformes impopulaires, par une inflation persistante qui ronge le pouvoir d’achat, et par une politique migratoire jugée explosive et hors de contrôle.

La France, minée par les tensions sociales, la défiance envers ses institutions et le spectre d’une cohabitation ingouvernable, entre dans une phase de recomposition radicale. Et l’Europe, sidérée, découvre que l’un de ses deux piliers fondateurs chancelle dangereusement. La chute de Macron, autrefois célébré comme le sauveur providentiel du projet européen, pose une question terrifiante pour Bruxelles : est-elle le signe avant-coureur d’un effondrement plus vaste du modèle européen tel que nous le connaissons ?

Alice Weidel, elle, en est convaincue. En osant le dire tout haut, avec une brutalité qui fait sa marque de fabrique, elle a déclenché une controverse qui dépasse de loin la simple personne d’Emmanuel Macron. Elle a mis des mots sur une angoisse qui hante l’Europe.

Ces “choses incroyables” dites par Alice Weidel resteront dans les annales. Elles sonnent comme un glas pour un président français humilié, mais aussi comme un avertissement solennel pour tous les dirigeants européens tentés par la même posture de supériorité morale. Car une chose est certaine, et l’histoire l’a maintes fois prouvé : si Paris vacille, c’est l’Europe entière qui tremble. Et aujourd’hui, Paris ne fait pas que vaciller. Il s’écroule.