C’était l’un des couples les plus atypiques et médiatisés du show-business français. Lui, l’humoriste mastodonte, la “Bête” au grand cœur et à la gueule cassée. Elle, la “Belle”, la bombe latine, comédienne solaire et explosive. Jean-Marie Bigard et Lola Marois semblaient avoir dompté les regards, les critiques et surtout, ces 28 années qui les séparent. Mais aujourd’hui, le vernis craque. Après 14 ans d’union, Lola Marois brise le silence et révèle la face cachée d’un quotidien qui n’a plus rien d’un conte de fées.

“L’enfer”, le mot est lâché. Pas un enfer de cris et de violence, mais un enfer bien plus insidieux : celui du silence, de la solitude à deux, et du décalage irrecevable des corps et des âmes. Dans une confession d’une lucidité désarmante, l’actrice de Plus Belle la Vie admet enfin ce qu’elle a passé des années à nier : l’amour ne suffit pas toujours à combler le fossé des générations.

Le Choc des Trajectoires : Quand l’Amour Aveugle

Pour comprendre la douleur actuelle, il faut revenir à la genèse de leur histoire. Lorsqu’ils se rencontrent, c’est l’étincelle. Lola a la trentaine flamboyante, Bigard approche la soixantaine mais possède encore cette énergie vitale qui fascine. Ils s’aiment avec urgence, avec passion. Ils traversent ensemble l’épreuve ultime : la naissance prématurée de leurs jumeaux, Jules et Bella. Dans la pénombre des hôpitaux, la peur de la mort les soude. L’écart d’âge s’efface devant le combat pour la vie. Jean-Marie est un roc, Lola une lionne.

Mais l’adrénaline des drames finit toujours par retomber, laissant place à la routine implacable. Et c’est là, dans la banalité des jours, que le temps a commencé son œuvre d’érosion.

“Il est à la traîne” : Le Poids des Années

Aujourd’hui, Jean-Marie Bigard a 70 ans. Lola en a 42. Ce n’est plus seulement une différence de chiffres, c’est une différence de mondes. “On ne peut plus faire de…” commence-t-elle dans une interview, laissant sa phrase en suspens, lourde de sens. On ne peut plus faire de marathons, on ne peut plus vivre à cent à l’heure, on ne peut plus partager la même fureur de vivre.

Lola avoue avec une honnêteté brutale mais tendre : “Il est à la traîne”. Ce n’est pas un reproche, c’est un constat biologique. Lui aspire au repos, au calme, à la paix du guerrier fatigué. Elle, au contraire, est à l’apogée de sa féminité, de son énergie créatrice, de son besoin de dévorer l’existence.

Elle décrit cette solitude étrange : vivre avec quelqu’un, dormir à ses côtés, mais ne plus être “avec” lui. “Je vivais avec quelqu’un mais je n’étais plus certaine de vivre avec lui”, confie-t-elle. Une colocation affective où la tendresse demeure, mais où la complicité charnelle et intellectuelle s’effiloche, usée par des rythmes devenus incompatibles.

La Charge Mentale et le Rôle d’Infirmière

Ce que Lola Marois révèle en filigrane, c’est aussi le poids immense qui pèse sur les épaules de la conjointe plus jeune. Pendant des années, elle a porté le couple à bout de bras, souriant sur les tapis rouges, défendant son mari contre les polémiques, gérant le foyer, les enfants, et les humeurs d’un homme parfois cassant, usé par le métier.

Elle est devenue le pilier, la protectrice, parfois l’infirmière. Un rôle qu’elle a accepté par amour, mais qui a fini par l’étouffer. Elle ne veut plus être seulement la “femme de”, la gardienne du temple Bigard. Elle veut être Lola.

La Révolte d’une Femme Libre

Lola Marois : la femme de Jean-Marie Bigard se confie sur ses "mauvais  trips" avec la drogue - Closer

C’est cette soif de vivre qui explique ses choix récents, souvent jugés provocateurs. Poser nue pour Playboy, rejoindre une plateforme de contenu pour adultes… Pour Lola, ce ne sont pas des caprices de starlette, c’est un cri de survie. C’est une manière radicale de se réapproprier son corps, son image et sa sexualité, en dehors du regard de son mari.

Elle revendique le droit d’être “vivante”, de séduire, d’exister par elle-même, sans demander la permission. Elle refuse de sacrifier sa jeunesse sur l’autel d’un mariage vieillissant. “Je veux me sentir vivante”, clame-t-elle. Une phrase qui résonne comme un manifeste pour toutes les femmes qui refusent de s’éteindre.

Une Rupture ? Non, une Transformation

Pourtant, et c’est là toute la beauté et la complexité de son témoignage, Lola ne quitte pas Jean-Marie. Elle ne déchire pas le contrat de mariage. Elle le réécrit.

Elle parle de leur relation avec une bienveillance nouvelle. Il n’y a pas de haine, pas de guerre. Juste l’acceptation que leur couple a changé de forme. Ils ne sont plus les amants passionnés des débuts, mais des partenaires de vie, des parents unis, liés par une histoire indélébile. Elle continue d’aimer cet homme pour ce qu’il a été et pour ce qu’il est, mais elle refuse désormais de s’y perdre.

Lola Marois nous offre une leçon de maturité inattendue. Elle nous dit que l’amour peut survivre à la désillusion, à condition d’accepter la vérité. Elle a choisi la clarté plutôt que le mensonge, la liberté plutôt que le sacrifice. Son histoire n’est pas celle d’un échec, mais celle d’une émancipation. Elle est la preuve vivante qu’on peut rester fidèle à son passé tout en choisissant, enfin, d’être fidèle à soi-même.

Extraits de la rencontre avec Jean-Marie Bigard - Avent dans la Ville 2018