Il est la voix qui a défini la romance pour des générations. Lorsque l’on pense aux années 70 et 80, il est impossible de ne pas fredonner “Hello”, “All Night Long” ou “Endless Love”. Lionel Richie, avec sa moustache emblématique et son sourire désarmant, est une véritable icône, un géant de la musique dont les ballades ont traversé le temps. Du funk endiablé des Commodores à sa carrière solo stratosphérique, il a vendu plus de 100 millions de disques et bâti un empire. Mais derrière le compositeur de génie et l’artiste adulé se cache une histoire complexe, faite d’ambitions inattendues, de critiques acerbes et de scandales amoureux retentissants qui ont fait les choux gras de la presse à scandale.

Né le 20 juin 1949 à Tuskegee, en Alabama, Lionel Brockman Richie Jr. a grandi dans un environnement intellectuel et musical. Élevé sur le campus de la célèbre université de Tuskegee, il a été initié très tôt à la musique par sa grand-mère, pianiste classique. Pourtant, la musique n’était pas sa première vocation. Le jeune Lionel, passionné de musique gospel, envisageait sérieusement une vie religieuse : il voulait devenir prêtre épiscopal. Parallèlement, il développe un autre talent, le tennis, si bien qu’il obtient une bourse sportive pour étudier à l’université de Tuskegee.

C’est là que sa vie bascule. Emportant un saxophone offert par un oncle – pensant que cela l’aiderait à rencontrer des filles – il est repéré par un groupe d’étudiants. Le plan de devenir prêtre s’évapore rapidement. Il rejoint ce groupe, initialement appelé “The Mystics”, qui deviendra bientôt “The Commodores”. Fait amusant, Lionel, l’une des voix les plus reconnaissables au monde, était au départ extrêmement timide. C’est le batteur du groupe qui, l’entendant chanter sous la douche, l’a poussé à devenir le chanteur principal. Le destin était en marche.

Au début des années 70, les Commodores sont repérés par Motown et se retrouvent à faire la première partie de la tournée des Jackson 5. C’est le début de la gloire. Le groupe se fait d’abord un nom avec des tubes funk et disco imparables comme “Machine Gun” et “Brick House”. Mais Richie sent que le vent tourne. Il convainc le groupe de se concentrer davantage sur les ballades, qu’il juge plus intemporelles. C’est un coup de génie. Il compose alors une série de succès planétaires qui redéfinissent le son du groupe : “Sweet Love”, “Easy”, “Sail On”, et surtout, l’inoubliable “Three Times a Lady”. Les Commodores deviennent, selon Rolling Stone, les “Beatles noirs” de leur époque.

Le talent de Lionel Richie déborde rapidement du cadre du groupe. Il devient le compositeur de choix pour d’autres stars. En 1980, il écrit et produit “Lady” pour la légende de la country Kenny Rogers, un succès monumental. L’année suivante, il enregistre “Endless Love” en duo avec Diana Ross, qui devient l’un des plus grands duos de tous les temps et lui vaut une nomination aux Oscars. Sa popularité est telle qu’un départ devient inévitable.

En 1982, il quitte les Commodores et lance sa carrière solo. C’est une explosion. Son premier album éponyme contient le tube “Truly”. Mais c’est en 1983 qu’il cimente son statut de superstar mondiale avec l’album “Can’t Slow Down”. Porté par les hits “All Night Long (All Night)”, “Hello” et “Stuck on You”, l’album se vend à plus de 20 millions d’exemplaires et remporte le Grammy de l’album de l’année. En 1985, il co-écrit avec Michael Jackson l’hymne caritatif “We Are the World”, puis enchaîne avec l’album “Dancing on the Ceiling” et le tube oscarisé “Say You, Say Me”. Lionel Richie est au sommet du monde.

Pourtant, cette gloire n’est pas sans revers. L’artiste fait face à des critiques virulentes au sein de sa propre communauté. On lui reproche de ne pas faire de la “musique assez noire”, on remet en question son identité raciale parce qu’il, un homme noir d’Alabama, ose écrire des valses ou des duos country. Ces attaques le blessent profondément. Lui qui a grandi sur le campus d’un collège noir historique et qui a toujours défendu la capacité des artistes noirs à exceller dans tous les genres, se voit soudainement critiqué pour son universalité.

Mais les critiques les plus féroces viendront de sa vie privée. En 1975, il épouse Brenda Harvey, sa petite amie de l’université. Ensemble, ils traversent son ascension. Dans les années 80, ils adoptent officieusement Nicole, la fille d’un membre de son groupe qui traverse des difficultés. Ils l’adopteront légalement en 1990, et elle deviendra la célèbre Nicole Richie. Le couple semble parfait, mais les apparences sont trompeuses.

En 1986, alors qu’il est toujours marié à Brenda, Lionel entame une liaison passionnée avec une jeune femme nommée Diane Alexander. Pendant deux ans, il mène une double vie. Le scandale éclate en 1988, de la manière la plus spectaculaire qui soit. Brenda Harvey, soupçonnant l’infidélité de son mari, se rend à l’hôtel de Beverly Hills où Diane Alexander réside. Selon les rapports de l’époque, elle se fait passer pour le service d’étage pour entrer dans la chambre et surprend Lionel et sa maîtresse ensemble. Une violente altercation s’ensuit, Brenda est arrêtée pour agression. Le conte de fées romantique de Lionel Richie vole en éclats sur la place publique. Le divorce, finalisé en 1993 après 18 ans de mariage, est long et compliqué.

Loin de mettre fin à sa relation, le scandale la solidifie. Deux ans après son divorce, en 1995, Lionel épouse Diane Alexander. Le couple aura deux enfants, Miles et Sofia Richie (aujourd’hui mannequin et personnalité médiatique). Mais cette deuxième union ne dure pas. En 2004, après neuf ans, Diane demande le divorce, citant des “différences irréconciliables”.

Après deux mariages très médiatisés et coûteux, Lionel Richie semble se calmer. Il fait un retour musical remarqué en 2012 avec l’album “Tuskegee”, un hommage à ses racines où il réinterprète ses plus grands succès en duo avec des stars de la country. En 2018, il trouve une nouvelle génération de fans en devenant juré dans l’émission populaire American Idol.

Mais sa vie amoureuse n’avait pas dit son dernier mot. Depuis 2014, l’icône de 75 ans partage sa vie avec Lisa Parigi, une femme d’affaires d’origine suisse, caribéenne et chinoise, polyglotte. Leur particularité ? Elle a 35 ans. Une différence d’âge de 40 ans qui fait jaser, mais que le couple assume pleinement. Richie, qui a tout connu en amour, des hauts et des bas aux scandales les plus fous, décrit Lisa comme “extrêmement belle”, mais surtout “intelligente” et comme la personne qui l’aide à “gérer son monde fou”.

Aujourd’hui, Lionel Richie est un patriarche, une légende vivante qui a réussi à naviguer entre le funk, la soul, la pop et la country. L’homme qui voulait être prêtre est devenu le grand prêtre des ballades d’amour, un artiste dont la vie personnelle, aussi tumultueuse que sa musique est douce, prouve que même les cœurs les plus romantiques sont capables des drames les plus intenses.