C’est une séquence qui restera gravée dans les annales de la télévision française, un de ces moments rares où la mécanique bien huilée des interviews politiques s’enraye brutalement pour laisser place à un affrontement personnel d’une intensité inouïe. Sur le plateau de BFMTV, ce qui devait être une entrevue classique s’est transformé en un véritable règlement de comptes, laissant un Benjamin Duhamel déstabilisé face à une Sarah Knafo plus offensive que jamais.

L’attaque maladroite du journaliste

Tout commence de manière insidieuse. Benjamin Duhamel, visage incontournable de la chaîne d’information en continu, tente de coincer son invitée sur un terrain glissant : celui de la vie privée entremêlée à la vie publique. Avec un ton inquisiteur, il interroge Sarah Knafo sur sa relation avec Éric Zemmour, suggérant un “mélange des genres” et insinuant que sa position politique ne serait due qu’à ce lien personnel. Une question classique, presque routinière pour le journaliste, qui pensait sans doute marquer un point facile en titillant la compagne du leader de Reconquête.

Mais c’était sans compter sur la répartie chirurgicale de la jeune élue européenne. Loin de se laisser démonter, Sarah Knafo a saisi cette perche tendue non pas pour se justifier, mais pour contre-attaquer avec une violence verbale que personne n’avait vu venir.

Le retour de bâton : “Le fils de, le neveu de…”

Avec un calme olympien et un sourire en coin qui ne présageait rien de bon pour son interlocuteur, Sarah Knafo a lâché la bombe. « La question m’étonne beaucoup venant de vous, Benjamin », a-t-elle commencé, faussement ingénue. Avant d’asséner le coup de grâce : « Parce que je sais que vous aussi, vous subissez beaucoup ces accusations de piston. Vous êtes le fils de, vous êtes le neveu de, et cetera… »

En quelques secondes, l’angle d’attaque s’est inversé. Ce n’était plus Knafo qui devait justifier sa place, mais Duhamel. En rappelant implicitement la généalogie du journaliste — fils de Patrice Duhamel (ancien directeur général de France Télévisions) et de Nathalie Saint-Cricq (éditorialiste politique vedette), et neveu d’Alain Duhamel (monument du journalisme politique) — Sarah Knafo a touché le point sensible, le talon d’Achille de celui qui tente depuis des années de se faire un prénom.

Un journaliste déstabilisé

L’effet sur le plateau a été immédiat. Benjamin Duhamel, d’ordinaire si prompt à la relance, a semblé vaciller. Tentant de reprendre le contrôle, il a bafouillé une défense sur la légitimité de son travail, arguant qu’il ne se soumettait pas au suffrage universel, contrairement à elle. « Ce ne sont pas ma mère, mon père ou mon oncle qui m’ont permis de faire ce métier », a-t-il tenté de rétorquer, visiblement piqué au vif.

Mais le mal était fait. L’image d’un journaliste indépendant interrogeant une politique était brisée, remplacée par celle d’un héritier du système médiatique se faisant recadrer par une figure de l’anti-système. La séquence, d’une cruauté politique absolue, a mis en lumière ce que beaucoup de critiques des médias dénoncent : l’entre-soi.

Duhamel vs. Knafo: quand la politique-spectacle produit un petit  chef-d'œuvre - Causeur

Une stratégie de communication redoutable

Au-delà du clash, cette passe d’armes révèle la stratégie offensive de Sarah Knafo. En refusant de subir l’interrogatoire et en brisant le “quatrième mur” pour attaquer directement le messager, elle applique une méthode qui séduit une partie de l’électorat excédée par les leçons de morale journalistiques. Elle ne s’est pas contentée de répondre ; elle a “démasqué” son adversaire aux yeux du public.

Pour Benjamin Duhamel, c’est une leçon rude. En voulant jouer sur le terrain de la légitimité familiale, il a offert à son invitée l’opportunité rêvée de dénoncer l’oligarchie médiatique. “L’humiliation” dont parlent les réseaux sociaux n’est pas tant dans les mots prononcés que dans la mise à nu des fragilités du journaliste.

Cette séquence virale pose une question de fond qui dépasse les deux protagonistes : les journalistes issus de grandes familles médiatiques peuvent-ils encore donner des leçons de méritocratie aux politiques ? Ce soir-là, Sarah Knafo a tranché, et la réponse a résonné comme un claquement de fouet sur le plateau de BFMTV.

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