Un “séisme politique”. Le mot, souvent galvaudé, pèse pourtant de tout son poids dans les couloirs feutrés de Paris. Il n’est plus question de simples désaccords, d’oppositions stériles ou de petites phrases. Nous assistons, en direct, à un véritable procès. Non pas un procès judiciaire, mais le procès public et médiatique d’un Président, Emmanuel Macron, mené par l’une des figures les plus iconoclastes de la droite souverainiste, Philippe de Villiers.

Ce qui devait être une simple “intervention publique”, une conférence de plus à Paris, s’est métamorphosé en un réquisitoire d’une violence inouïe. Devant un parterre de journalistes et d’intellectuels, le fondateur du Puy du Fou, d’ordinaire lyrique mais mesuré, a choisi cette fois la “rupture” totale. Il a lâché une bombe dont l’onde de choc n’a pas fini de se propager.

L’Acte d’Accusation : “L’Administrateur de Davos”

La charge est frontale, sans préambule, sans nuance. Elle vise le cœur de la légitimité présidentielle. “Macron n’est pas le président des Français”, a martelé Philippe de Villiers, la salle “figée” sous le poids des mots. “Il est l’administrateur d’un empire sans peuple : Bruxelles et Davos.”

En une phrase, De Villiers encapsule tout ce que ses partisans, et une frange grandissante de la population, reprochent au chef de l’État. L’accusation n’est pas nouvelle, mais sa formulation est d’une brutalité inédite. Elle dépeint un Président non pas comme un leader élu, mais comme un “gestionnaire”, un “technocrate” au service d’intérêts extérieurs, déconnecté de la nation qu’il est censé incarner. Il est le “gouverneur d’un système hors sol”, une marionnette de la “mondialisation”.

Mais De Villiers ne s’arrête pas là. Il forge un néologisme terrible, un terme qui claque comme un verdict : “populicide”. Par ce mot-choc, il accuse Emmanuel Macron et son “système” de vouloir purement et simplement “éliminer toute voie dissidente, tout enracinement populaire”. Ce n’est plus une critique politique, c’est une accusation de crime contre l’âme même du peuple, de ses traditions, de son identité. Il dénonce une “monarchie déguisée” qui, sous couvert de progrès, détruirait la substance même de la France.

La Fracture Béante : 62% des Français en Accord ?

Immédiatement, l’Élysée a tenté d’éteindre l’incendie. Le porte-parole du gouvernement a dénoncé des “propos excessifs qui ne reflètent pas la réalité”. Une défense classique, presque pavlovienne. Mais la “flèche a déjà fait mouche”. Car si les mots de De Villiers sont “violents”, ils “résonnent dans une France fracturée”. Ils viennent mettre des mots sur un “malaise diffus”, sur ce que, selon le polémiste, “d’autres pensent tout bas”.

Le véritable carburant de cette polémique n’est pas seulement le verbe de Philippe de Villiers. C’est le contexte. L’intervention s’inscrit dans une “crise démocratique” profonde. La vidéo cite un sondage IFOP de septembre 2025 qui, s’il est avéré, est cataclysmique pour l’exécutif : près de 62 % des Français estimeraient que Macron gouverne “au profit d’intérêts extérieurs”.

Ce chiffre est la véritable bombe. Il signifie que plus de six Français sur dix partagent, dans le fond, le diagnostic de De Villiers. La sortie de l’ancien député ne serait donc pas le délire isolé d’un souverainiste, mais l’expression brute d’un sentiment majoritaire. L’accusation de “déconnexion” n’est plus un simple angle d’attaque de l’opposition ; elle est devenue une perception massive.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes et dessinent un paysage politique dévasté : une “abstention record” à chaque élection, une “confiance dans les institutions à moins de 25 %”, et une “colère sociale persistante” qui ne trouve plus de débouchés politiques traditionnels. Le “fossé entre l’élite et le peuple” n’est plus une métaphore, c’est une “fracture béante”.

Le Duel Symbolique et la Réponse du Président

Cet affrontement est, au fond, un “duel symbolique”. Il préfigure “le prochain grand affrontement politique en France”. D’un côté, De Villiers, l’intellectuel “issu de la tradition souverainiste”, l’homme de “l’enracinement”. De l’autre, Macron, “l’incarnation de la mondialisation”, le “technocrate”. C’est le choc de deux France qui ne se comprennent plus, qui ne parlent plus la même langue.

La gauche, prise dans ce duel, ne sait comment réagir. Elle accuse De Villiers de “réactiver des peurs archaïques”. La droite dite “républicaine”, “embarrassée”, ne sait “comment hésiter entre condamnation et récupération”. Tous semblent spectateurs de ce duel qui se joue au-dessus d’eux.

Et le Président ? Jusqu’ici silencieux, Emmanuel Macron a fini par “répliquer”, mais de façon “indirecte”. Lors d’un déplacement, il a glissé, sans jamais nommer son accusateur : “Ceux qui sèment la division n’apportent jamais de solution”.

Cette réponse est fascinante. En choisissant de ne pas répondre sur le fond (les accusations de soumission à Davos et Bruxelles) et en se plaçant sur le terrain de la “division”, Macron ne fait-il pas qu’illustrer le propos de son adversaire ? Pour les 62 % de Français qui se sentent dépossédés, la colère n’est pas une “division”, c’est une demande. En la traitant comme un simple trouble à l’ordre, le Président ne fait-il pas que “consolider” cette image de “président technocratique déconnecté” qui lui colle à la peau ?

L’heure n’est plus aux faux-fuyants. Philippe de Villiers, avec sa charge “inimaginable”, a ouvert une “brèche”. Il a posé publiquement la question que beaucoup se posaient en silence. Une question qui reste aujourd’hui en suspens et qui définit le climat politique de la France.

Macron est-il encore le président d’une nation souveraine, ou n’est-il que le gestionnaire d’un système hors sol ?

À chacun de se faire sa réponse. Mais une chose est certaine, et la vidéo le conclut avec une gravité qui fait froid dans le dos : la fracture est là, béante. Et “elle ne se refermera pas sans un choix clair”. L’heure, pour beaucoup, “n’est plus à la résignation mais au réveil”.