Nous sommes en 1972. À cette époque, Hollywood ne fonctionne pas au glamour, mais à la peur, au contrôle et au chaos. Derrière les caméras d’un film qui s’annonce banal se tient un homme, Francis Ford Coppola, un jeune réalisateur qui a tout à perdre et rien pour le protéger d’un studio qui veut sa chute. Ce que le monde allait plus tard appeler un chef-d’œuvre, “Le Parrain”, n’est pas né de l’art, mais du conflit, du désespoir et d’une chance qui a failli s’épuiser. Chaque scène dont vous vous souvenez, chaque murmure, chaque trahison, chaque goutte de sang, cachait sa propre guerre bien réelle derrière l’objectif.
Le livre que personne ne voulait
Avant les projecteurs et les batailles de casting, il n’y avait qu’un homme : Mario Puzo, un écrivain au bord de la faillite. À la fin des années 60, accablé par les dettes de jeu et père de cinq enfants, Puzo est désespéré. Rejeté par tous les éditeurs, il écrit pour survivre, pas pour l’art. Il puise son inspiration dans les récits criminels et les hommes dignes de son quartier new-yorkais. Il veut humaniser les gangsters, montrer la famille et la douleur derrière la violence.
En 1968, dans un geste de rédition, il vend les droits d’adaptation de son livre inachevé à Paramount Pictures pour la somme dérisoire de 12 500 dollars. Le studio pense acheter une histoire de crime bon marché. Mais quand “Le Parrain” est enfin publié en 1969, c’est une explosion. Le livre reste 67 semaines sur la liste des best-sellers, un record. Soudain, l’écrivain fauché devient la voix du récit italo-américain. Paramount comprend enfin qu’il détient un trésor. Dans un acte d’une audace folle, Puzo lui-même écrit une lettre personnelle à Marlon Brando, le suppliant de jouer Don Vito Corleone, changeant à jamais le cours du cinéma.

Le réalisateur que le studio voulait tuer
Francis Ford Coppola n’était pas le premier choix du studio. Ni le cinquième. Paramount avait essuyé les refus de Sergio Leone, Peter Bogdanovic et Arthur Penn. Ils se tournent finalement vers Coppola, 31 ans, italo-américain et, surtout, peu coûteux. Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’est son obstination.
Dès le premier jour, c’est la guerre. Paramount veut un film de gangsters moderne, rythmé, situé dans les années 70 pour économiser sur les costumes. Coppola voit une tragédie familiale d’envergure, située dans les années 40. Le studio qualifie sa vision de “folie”. Les dirigeants envoient des espions sur le tournage, le surveillent, et contactent même en secret Elia Kazan pour le remplacer. Coppola avouera plus tard qu’il rentrait chez lui chaque soir en s’attendant à être licencié. Il adopte alors une stratégie de survie : il porte un t-shirt sous ses vêtements où il est écrit “Paranoia”. Ce n’était pas une blague. C’était une armure.
L’acteur banni et l’audition secrète
Lorsque Coppola insiste pour engager Marlon Brando, les dirigeants de Paramount explosent. Brando est considéré comme un “poison du box-office”, célèbre pour être imprévisible et ingérable. “Tant que je serai ici, Marlon Brando ne fera pas partie de ce film”, déclare le président du studio.
Coppola ne cède pas. Il organise un essai filmé secret chez Brando. Tôt le matin, l’acteur enduit ses cheveux de cirage, bourre ses joues de mouchoirs en papier (et non de coton, comme le veut la légende) et se transforme en un patriarche vieilli. Lorsque Coppola montre la bande à Paramount, les dirigeants, abasourdis, ne reconnaissent même pas l’acteur. “Qui est ce vieil homme ?”, demandent-ils. Don Corleone venait de naître. Le studio accepte, mais impose des conditions humiliantes : aucun salaire à l’avance et une caution d’un million de dollars. Un an plus tard, Brando remporte l’Oscar pour ce rôle.
Le chat errant et le cri bien réel
L’authenticité était l’obsession de Coppola, et elle fut parfois terrifiante. Le chat que Don Corleone caresse dans la scène d’ouverture n’était pas dans le scénario. C’était un chat errant que Brando a pris sur ses genoux quelques secondes avant le “action”. Le félin ronronnait si fort qu’il a failli couvrir les dialogues, mais l’image du contraste entre la tendresse et la menace est devenue iconique.
L’authenticité est devenue horreur pour la scène de la tête de cheval. Pour les répétitions, Coppola utilise une fausse tête. Mais le jour du tournage, il la remplace secrètement par une véritable tête de cheval obtenue auprès d’une usine d’aliments pour chiens. L’acteur John Marley n’était pas au courant. Lorsqu’il soulève les draps, son cri n’est pas du jeu : c’est de la panique pure. Il vomit même après la prise. Coppola capture ce traumatisme en une seule fois.

La Mafia s’en mêle
Le film a provoqué la colère de la vraie Mafia. Joseph Colombo, chef de la famille Colombo, menace de bloquer le tournage par des grèves syndicales. Il exige que les mots “Mafia” et “Cosa Nostra” soient retirés du scénario. Le producteur, Albert S. Ruddy, rencontre Colombo en secret et accepte l’accord. Les protestations cessent. Mais lorsque Colombo est lui-même abattu lors d’un rassemblement en 1971, la frontière entre la fiction et la réalité s’estompe. Le film devient, malgré lui, une partie de l’histoire du crime.
Le casting lui-même n’est pas étranger à ce monde. Lenny Montana, l’interprète de l’intimidant Luca Brasi, n’était pas un acteur. C’était un ancien catcheur et, surtout, un véritable homme de main de la famille Colombo. Terrifié à l’idée de jouer face à Brando, il oublie ses répliques. Coppola, trouvant ce malaise génial, ajoute une scène où l’on voit Brasi répéter nerveusement son discours. Une erreur est devenue un moment culte.
Al Pacino, le maillon faible ?
Après deux semaines de tournage, Paramount veut renvoyer Al Pacino. Alors quasi inconnu, ils le trouvent “trop calme”, “trop insignifiant”. Ils préparent des contrats pour le remplacer par Robert Redford. Coppola, désespéré, réorganise le planning et tourne en urgence la scène du restaurant, celle où Michael Corleone commet son premier meurtre.
Lorsque la caméra tourne, Pacino se transforme. Ses mains tremblent, son regard oscille entre la peur et une détermination glaciale. Les dirigeants, en voyant les rushes, restent figés. Ils comprennent enfin : ils assistent à la naissance d’un monstre. Cette scène a sauvé la carrière de Pacino et défini le personnage de Michael Corleone.
La violence du tournage n’était pas que psychologique. La mort de Sonny Corleone, criblé de balles à un péage, a pris trois jours à filmer. James Caan était équipé de plus de 100 petites charges explosives (pétards) fixées sur son corps. L’acteur a fini couvert d’ecchymoses et avec deux côtes fissurées, mais a refusé d’arrêter, exigeant le réalisme.
Une fin qui change tout

Dans le roman, l’histoire se termine sur une note religieuse. Mais Coppola voulait quelque chose de plus glacial. Il filme la fin que nous connaissons : la porte du bureau qui se referme sur Kay Adams, la femme de Michael, tandis que les hommes baisent la main de son mari, le nouveau Parrain. Cette porte qui se ferme sur l’innocence et l’espoir est devenue l’une des fins les plus marquantes du cinéma.
Le film est truffé d’improvisations devenues légendaires. “Laisse le flingue, prends les cannolis”, n’était pas dans le scénario. Le “Bada-bing !” de James Caan non plus. Coppola encourageait cette spontanéité pour capturer la vie, pas une performance.
Lorsque “Le Parrain” sort enfin en mars 1972, il devient le film le plus rentable de l’histoire et sauve Paramount de la faillite. Il a redéfini le cinéma. Mais Coppola n’a pas célébré. “J’ai survécu. C’est tout”, dira-t-il plus tard. Le film, né du désespoir, de la paranoïa et d’une guerre de tous les instants, a failli détruire tous ceux qui l’avaient créé.
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