Florent Pagny n’a jamais eu sa langue dans sa poche. C’est un fait. À 63 ans, et alors qu’il mène un combat public et courageux contre la maladie, on aurait pu le croire assagi. Mais c’était mal connaître le personnage. L’homme qui chantait « Ma liberté de penser » n’est pas du genre à se ranger. Invité récemment au micro de Guillaume Pley pour son émission “Legend”, l’artiste a lâché une bombe, une anecdote aussi « scandaleuse » qu’hilarante, qui secoue aujourd’hui la toile.

Le chanteur a tout simplement avoué avoir fumé du cannabis… en plein cœur du Palais de l’Élysée.

La scène, digne d’un film, s’est déroulée il y a plusieurs années. Pagny était convié à l’Élysée sous la présidence de Jacques Chirac, à l’occasion d’une soirée pour l’anniversaire du grand Charles Aznavour. Un cadre prestigieux, solennel, entouré de ce que la République compte de plus illustre. Mais pour Florent Pagny, l’endroit n’avait rien d’intimidant. Bien au contraire.

Avec le franc-parler qu’on lui connaît, il raconte sa logique d’alors : « Je me suis dit : “Cet endroit appartient au contribuable. J’en suis un. Alors je suis un peu chez moi” ». Fort de ce constat, il décide de s’« accorder un petit moment de détente ». Ni une, ni deux, il s’isole et consomme un peu de cannabis dans les couloirs du pouvoir. Une transgression totale, un acte de rébellion pur qui a laissé Guillaume Pley « bouche bée ».

La conséquence ? « Résultat, j’ai mis 30 ans avant d’être réinvité », s’amuse le chanteur. Il imagine, hilare, que les huissiers du palais ont dû « sentir quelque chose » et se dire : « Celui-là, on ne le réinvite pas tout de suite ». Aujourd’hui, il regarde cet incident avec tendresse, le qualifiant de « truc de provocateur, de gamin ».

Cette anecdote, si savoureuse soit-elle, n’est pas un acte isolé. Elle est la parfaite illustration de la carrière de Florent Pagny : une vie entière passée à défier les codes, à provoquer l’establishment et à régler ses comptes en public, quitte à y laisser des plumes.

Car avant d’être le coach respecté de The Voice et le chanteur aux millions d’albums vendus, Pagny a failli voir sa carrière s’arrêter net à cause de son tempérament. Souvenons-nous de « Presse qui roule » en 1990. Alors qu’il vit une histoire d’amour très médiatisée avec Vanessa Paradis, le couple est traqué par les tabloïds. Épuisé par ce harcèlement, Pagny ne fait pas ce que font les autres : il ne se tait pas. Il attaque. Il sort une chanson pamphlet où il insulte directement ces « pseudo-intellos qui jouent du stylo ». Le choc est immense. Le public adore, mais le système, lui, ne pardonne pas. « Toute la presse lui tourne le dos », racontait un reportage, expliquant qu’il s’était retrouvé « boycotté ». Le provocateur était né, et il venait de payer le prix fort pour son insolence.

Mais c’est une autre provocation, bien plus célèbre, qui va le faire entrer dans la légende : sa guerre ouverte avec le fisc. En 2005, l’artiste est condamné pour fraude fiscale. Acculé, critiqué, il est dans le viseur de l’administration. La réponse de n’importe quel artiste aurait été de faire profil bas. La réponse de Pagny ? Ce fut « Ma liberté de penser ».

Cette chanson, écrite par Lionel Florence et composée par Pascal Obispo, est un coup de génie. Pagny y détaille, avec une ironie mordante, tout ce que le fisc peut lui prendre – « ma bagnole, mes fringues, ma télé » – mais pas sa liberté de penser. Ironiquement, comme le rappellent les archives, Pagny lui-même hésitait à la sortir. « Il disait : “Je suis dans leur viseur, on va mettre de l’huile sur le feu” », a raconté Obispo. C’est ce dernier qui a insisté. Le résultat est historique : Pagny transforme sa défaite judiciaire en un triomphe populaire. La chanson devient un hymne pour des millions de Français. Il n’est plus un fraudeur, il est un rebelle.

Ce combat contre l’impôt deviendra sa marque de fabrique. Il ne s’en est jamais caché, assumant son exil en Patagonie puis, plus tard, son installation très médiatisée au Portugal en 2017. Et là encore, pas de faux-fuyants. Il l’admettait volontiers au Parisien : il y allait « pour de vraies raisons fiscales ». Il listait les avantages sans tabou : « Pas d’impôts sur l’héritage et sur la succession. Pas d’impôts sur la fortune… Et pendant dix ans, pas d’impôts sur les royalties ». Pour Pagny, c’était simple : il se sentait « maltraité » par le système français et il agissait en conséquence.

Provocateur, rebelle, exilé fiscal… Il serait facile de résumer Florent Pagny à ses scandales. Mais ce serait oublier l’homme derrière le personnage. Car le Pagny de 2025 est aussi un homme qui touche la France en plein cœur par son combat contre le cancer. Cette épreuve a révélé un guerrier, certes, mais aussi un homme capable d’une grande vulnérabilité et d’une force de vie inspirante.

Cette facette, c’est aussi celle du protecteur. L’homme qui déteste les réseaux sociaux n’a pas hésité à utiliser son compte Instagram récemment pour une tout autre bataille : protéger ses fans. Il a publié une vidéo pour dénoncer des escrocs qui utilisaient l’intelligence artificielle pour cloner sa voix et son image, afin d’arnaquer une de ses admiratrices. Le « provocateur » s’est mué en rempart pour défendre les siens.

C’est peut-être là, la véritable clé du personnage. L’homme qui a fumé un joint à l’Élysée par « provocation de gamin » est le même qui a défendu sa femme Azucena, son « roc », lorsqu’il l’a rencontrée en 1993 alors qu’il était « au creux de la vague ». C’est le même qui a défendu son porte-monnaie contre le fisc avec « Ma liberté de penser ». C’est le même qui défend aujourd’hui sa vie contre la maladie et ses fans contre les arnaqueurs.

Florent Pagny n’a, au fond, qu’une seule et unique cause : sa liberté. Qu’elle soit de penser, de chanter, de vivre où il veut, ou même, le temps d’une soirée chez le Président, de fumer un joint. L’anecdote de l’Élysée n’est pas un scandale ; c’est juste du Pagny, pur jus.