Le mystère Lina Delsart : une disparition qui glace la France

Le 23 septembre, une matinée d’automne baignée de douceur enveloppe le village tranquille de Champenay, dans le Bas-Rhin. Ce jour-là, Lina Delsart, 15 ans, quitte le domicile de sa mère, Fanny Groll, pour un trajet qu’elle connaît par cœur. Elle doit marcher 3 kilomètres jusqu’à la gare de Saint-Blaise-la-Roche, où elle prendra un train pour Strasbourg afin de retrouver Tao, son petit ami de 19 ans. Elle ne sait pas encore que ce trajet familier sera le dernier que quiconque pourra tracer d’elle.

Vêtue d’une veste légère, d’une jupe grise et de baskets, Lina envoie une vidéo à Tao à 11h15. Elle sourit, rayonnante, excitée de leur prochaine rencontre. Sept minutes plus tard, à 11h22, son téléphone s’éteint brusquement. Elle ne rejoindra jamais la gare. Elle disparaît, sans un mot, sans une trace, laissant un vide que le temps ne comble pas.

Très vite, l’alerte est donnée. Tao, inquiet de ne pas la voir arriver à Strasbourg, appelle Fanny. Ensemble, ils contactent les autorités. L’enquête s’organise à grande échelle. Les gendarmes, appuyés par des bénévoles, fouillent la campagne environnante, les bois, les plans d’eau, les routes secondaires. Rien. Pas un sac, pas un téléphone, pas un indice tangible.

Le mystère attise l’attention de toute la France. Lina n’était pas une fugueuse. Élève sérieuse, fille douce et responsable, elle avait des projets. Rien dans son comportement ne laissait présager une disparition volontaire. Sa relation avec sa mère semblait saine. Les habitants de Champenay décrivent un duo complice, souvent vu en train de rire ou de discuter ensemble.

Pourtant, au fil des mois, l’affaire s’enlise. Aucune piste sérieuse ne se dégage. Tao est un temps au centre des soupçons. Dernier contact de Lina, il est interrogé, son téléphone examiné. Mais il a un alibi solide : il était bien à Strasbourg, à plus de 60 km, à l’heure de la disparition. En novembre 2023, il est officiellement écarté comme suspect.

Mais en mai 2024, l’opinion publique est de nouveau secouée : Tao, silencieux depuis des mois, sort de l’ombre dans une émission télévisée. Il y apparaît amaigri, les traits tirés. Il raconte ses nuits d’insomnie, ses recherches solitaires en forêt, son chagrin permanent. Mais surtout, il lance une phrase énigmatique : « Peut-être que la vérité se trouve dans ce qui s’est passé dans la famille de Lina. »

Il ne nomme personne. Il ne lance pas d’accusation. Mais il insinue. Et dans cette affaire sans réponses, les insinuations suffisent à enflammer les théories.

Rapidement, les regards se tournent vers Fanny Groll, la mère. Certains évoquent des dettes financières, des relations compliquées, des conflits familiaux. D’autres dénoncent un acharnement injuste contre une mère brisée. Car Fanny, depuis le premier jour, n’a cessé de crier sa douleur, d’implorer de l’aide, de témoigner dans les médias pour ne pas laisser l’histoire de sa fille sombrer dans l’oubli.

Mais la parole de Tao, aussi floue soit-elle, a semé le doute. Que voulait-il dire ? Connaît-il un secret de famille ? Tente-t-il de détourner l’attention ? Certains internautes l’accusent de manipulation, d’autres voient en lui un jeune homme traumatisé, incapable de mettre des mots sur sa détresse.

En parallèle, d’autres pistes sont explorées. La route que Lina empruntait est isolée. Une voiture aurait pu s’arrêter. Un prédateur aurait pu la repérer. Les enquêteurs se penchent aussi sur les téléphones, les caméras de surveillance des environs, sans rien trouver de concluant. Une partie du mystère réside dans cette absence totale d’indices. C’est comme si Lina s’était évaporée.

Un an plus tard, l’affaire Lina Delsart n’a ni suspect, ni corps, ni réponse. Juste une douleur sourde, celle d’une communauté dévastée et d’une mère en quête de vérité. Elle continue de poster des messages d’espoir sur les réseaux, de rappeler que Lina est toujours « quelque part ».

Ce silence, cette disparition sans bruit, réveille les peurs les plus profondes. Et si cela arrivait à n’importe quelle jeune fille, un jour ordinaire, sur une route qu’elle connaît par cœur ? Que devient un pays quand même ses enfants peuvent disparaître sans que personne ne voie rien ?