“Il y a cinq personnes que je ne pardonnerai jamais.”

À 48 ans, Giorgia Meloni, première femme à diriger le gouvernement italien, a prononcé une phrase qui a secoué la nation. Ce n’était pas une menace en l’air, mais un verdict. Une déclaration froide, sans détour, qui a fait trembler Rome et révélé la véritable nature d’une dirigeante forgée dans la colère, la trahison et une volonté de survie implacable.

Derrière le titre de “Présidente du Conseil des ministres”, il y a une femme qui a dû se battre contre tout : les préjugés, les hommes de pouvoir, ses propres alliés, et même l’humiliation publique de sa vie privée. Née dans un quartier ouvrier, fille d’un père absent, elle a appris que pour exister, il faut se battre. Aujourd’hui, arrivée au sommet, elle n’a rien oublié. Sa mémoire est une forteresse, et sa liste noire, le témoignage des blessures qu’elle refuse d’effacer.

De Garbatella au Palazzo Chigi : l’ascension d’une combattante

L’histoire de Giorgia Meloni commence le 15 janvier 1977 à Rome, dans le quartier populaire de Garbatella. Un labyrinthe d’immeubles modestes où l’on apprend la vie à la dure. Le vide laissé par son père, parti alors qu’elle n’a que 11 ans, façonnera à jamais son rapport à la force et à l’indépendance. Élevée par une mère seule, elle comprend que la faiblesse n’est pas une option.

À 15 ans, elle fait un choix qui la marginalise mais forge ses convictions : elle rejoint le Front de la jeunesse, l’aile militante du Mouvement Social Italien (MSI), parti héritier du fascisme. Elle sera de ceux qui parlent sans trembler, même quand le monde entier les juge.

La jeune militante gravit les échelons avec une énergie rageuse. En 2006, elle est députée. En 2008, à seulement 31 ans, elle devient la plus jeune ministre de l’histoire italienne (Ministre de la Jeunesse) sous Silvio Berlusconi. Son franc-parler et sa capacité à galvaniser les foules lui valent autant d’ennemis que d’admirateurs.

En 2012, elle fonde Fratelli d’Italia (Frères d’Italie). Son triptyque “Dieu, Patrie, Famille” devient sa marque de fabrique et la cible de ses détracteurs, qui voient en elle une menace réactionnaire. Mais en octobre 2022, elle franchit la dernière marche. Giorgia Meloni devient la première femme Première ministre d’Italie. Une victoire historique pour une partie du peuple, une crispation pour Bruxelles, qui se méfie de son passé et de sa rhétorique identitaire.

Son style est abrasif. Elle parle vite, frappe fort, refuse le langage diplomatique. En public, elle ne sourit presque jamais. Ses proches le disent : elle n’accorde sa confiance à personne sans une longue épreuve. C’est peut-être là l’origine de cette fameuse liste.

Les cinq noms que Meloni ne pardonnera “jamais”

Les ennemis de Giorgia Meloni ne sont pas de simples adversaires. Ce sont des visages gravés dans sa mémoire, associés au mépris et à la trahison.

1. Matteo Salvini L’allié supposé, le rival permanent. Ministre des Transports dans sa propre coalition, Salvini incarne une droite populiste qu’elle juge “inconstante”. Lui la traite de “professeur d’école autoritaire”. Leurs affrontements en Conseil des ministres sont légendaires. Quand il tente d’imposer sa ligne sur l’immigration, elle le recadre publiquement. Un témoin rapporte qu’elle aurait murmuré ce jour-là : “On ne trahit pas deux fois la même cause.”

2. Silvio Berlusconi Le patriarche fut son mentor avant de devenir son détracteur. Au début, il la soutient, la voyant comme une fille spirituelle. Mais très vite, il la trouve “froide”, “ingrate”, “ambitieuse jusqu’à la cruauté”. En 2023, un micro capte la phrase de trop, celle qu’il n’aurait jamais dû prononcer : “Meloni est insupportable, trop dure pour être aimée.” À la mort du “Cavaliere” en 2023, elle assiste aux funérailles en silence, le regard figé. Pas une larme. Non par indifférence, mais par refus de donner à la presse le plaisir d’y lire un regret.

3. Elly Schlein C’est son opposée absolue. Cheffe du Parti Démocrate, jeune, progressiste, militante LGBT, Schlein est l’antithèse vivante du modèle “Dieu, Patrie, Famille”. Leurs duels au Parlement sont des spectacles nationaux. Meloni, accusée de vouloir ramener l’Italie au Moyen-Âge, réplique avec un calme glacial : “Je ne gouverne pas pour plaire, mais pour protéger.” Mais sous cette retenue, il y a la rage d’être traitée comme une menace simplement parce qu’elle est une femme conservatrice.

4. Marine Le Pen La rivale française ajoute une touche d’orgueil blessé. Longtemps alliées dans le rêve d’une Europe souverainiste, les deux femmes se déchirent lorsque Meloni, devenue Première ministre, choisit de se rapprocher de Bruxelles pour sécuriser les fonds européens. Le Pen la traite de “traîtresse idéologique”. Meloni répond par un seul mot, qui devient un mur entre elles : “Réalpolitique.”

5. Brian Molko Le nom le plus inattendu. Le leader du groupe de rock britannique Placebo. En juillet 2023, lors d’un concert à Turin, il l’insulte violemment devant des milliers de fans, la traitant de “fasciste” et “raciste”. L’affaire devient un scandale d’État. Meloni, au lieu d’ignorer l’affront, dépose plainte. Elle ne défend pas sa personne, mais sa fonction. L’artiste sera condamné à une amende. Ce jour-là, Meloni aurait dit à ses conseillers : “Je peux pardonner l’erreur, jamais le mépris.”

Une femme au-delà du pardon

Ces cinq noms racontent la solitude d’une dirigeante qui, même au sommet, reste en état de siège. Chaque attaque, loin de la briser, semble la renforcer, comme si la colère était son moteur secret.

Cette armure s’est encore épaissie après l’humiliation la plus intime. En 2023, son compagnon, le journaliste Andrea Giambruno, est piégé dans des enregistrements diffusés à la télévision, tenant des propos sexistes crus à des collègues. L’Italie voit la femme trahie ; Meloni choisit de montrer la dirigeante debout. Elle le quitte par un communiqué laconique. Sa vie privée s’arrête là.

Depuis, elle vit une existence quasi-ascétique. Elle a renoncé aux dîners mondains et aux sourires calculés. Ses collaborateurs la décrivent comme “méfiante”, “glaciale”. Elle dort peu, se nourrit d’articles de presse qu’elle surligne à la main, traquant la moindre critique. Le pouvoir est devenu à la fois un rempart et une prison.

Elle élève sa fille, Ginevra, loin des caméras. C’est son seul ancrage, son seul lien avec la normalité. “Je fais tout pour que ma fille ne devienne pas comme moi,” a-t-elle confié, révélant la peur d’avoir sacrifié la douceur pour la victoire.

Un soir de juin 2025, après un Conseil européen tendu où elle s’est retrouvée isolée face à Macron et Scholz, un micro capte sa phrase à voix basse : “Je ne leur pardonnerai jamais.” Ce soir-là, ses proches disent qu’elle a compris qu’elle ne serait plus jamais la même. La femme politique est devenue une forteresse.

À Rome, on dit que les lumières de son bureau au Palazzo Chigi restent allumées jusqu’à l’aube. Seule, elle mène sa guerre. Dans les couloirs du palais, on murmure qu’elle garde une liste, non pas écrite, mais gravée dans sa mémoire. Une liste qu’elle relit chaque matin avant de reprendre la bataille. Dans un pays où le pardon est un mot de confession, Giorgia Meloni l’a transformé en arme.