Il y a des destins qui brillent si fort qu’on les croit éternels. Dans les années 90, Ophélie Winter était de ceux-là. Une icône pop platine, le visage du “Hit Machine”, l’interprète d’un tube que toute une génération fredonne encore : “Dieu m’a donné la foi”. Elle incarnait le succès, le glamour, une “it-girl” à la française avant même que le terme n’existe. Puis, comme souvent sous les projecteurs, la lumière a pâli. Les années 2000 et 2010 ont été plus discrètes, mais personne n’était préparé au choc de l’automne 2019. L’image de la superstar a volé en éclats pour être remplacée par le portrait tragique d’une femme “au plus bas”, une femme qui venait de perdre son “dernier bien précieux”.

Cette histoire, c’est celle d’une descente aux enfers moderne, où la précarité n’épargne personne, pas même ceux qui ont touché les étoiles. Tout commence en septembre 2019. Le magazine Public lâche une bombe : Ophélie Winter serait ruinée, SDF, et contrainte de dormir dans sa voiture. L’information est si violente, si antinomique avec l’image de la chanteuse, qu’elle fait l’effet d’un tsunami médiatique. Sur le plateau de “Touche pas à mon poste”, l’animateur Cyril Hanouna, visiblement inquiet, confirme la gravité de la situation. Les détails sont sordides : la chanteuse de 45 ans, après un retour précipité de Dubaï, aurait été incapable de payer la fin de son séjour dans un hôtel parisien et aurait trouvé refuge dans sa petite voiture.

Face à l’ampleur de la polémique, Ophélie Winter intervient elle-même par téléphone dans l’émission. Sa voix est là, reconnaissable, mais quelque chose est brisé. Elle tente de démentir, ou du moins de nuancer. Non, elle n’est pas “SDF” au sens strict. Oui, sa voiture est remplie de cartons, mais c’est parce qu’elle “déménage”, qu’elle fait des allers-retours entre des garde-meubles. Mais au fil de la conversation, la façade craque. Elle admet : “Je n’ai pas de domicile du tout, je dors à l’hôtel, c’est vachement dur”. Elle explique ne plus travailler, ne plus gagner d’argent, et ressentir un profond ennui, celui d’une artiste mise au ban du système.

Le public découvre une femme fragile, loin de l’assurance qu’elle affichait. Elle confie souffrir de problèmes de santé, notamment d’une “névralgie d’Arnold”, une maladie orpheline qui lui cause des douleurs intenses et l’a contrainte à passer un an dans un centre antidouleur, se sentant comme un “rat de laboratoire”. La détresse n’est pas que financière, elle est aussi physique et psychologique.

Mais le coup de grâce, celui qui donne tout son sens au titre de cette vidéo (“la chanteuse a perdu son dernier bien précieux”), est encore à venir. Ce “bien précieux”, c’était sa voiture. Plus qu’un simple véhicule, c’était son dernier lien avec une vie normale, son toit de fortune, son “refuge”. Quelques jours après son intervention sur C8, la situation s’emballe.

Fin septembre 2019, Ophélie Winter est victime d’un “grave accident de la route”. Les circonstances de l’accident témoignent de son état de panique. Des témoins, dont un paparazzi qui avait arrêté de la suivre, la jugeant trop dangereuse, rapportent l’avoir vue rouler “très vite”, “à contresens”, “bravant les sens interdits”. C’est l’acte d’une femme “désespérée”. Légèrement blessée, elle est conduite à l’hôpital, mais ce n’est pas fini. Peu de temps après, alors qu’elle s’était garée dans un quartier chic de Paris, son véhicule, ce dernier rempart contre la rue, est enlevé par la fourrière.

La boucle est bouclée. La star qui chantait “Shame on U” se retrouve sans argent, sans travail, sans domicile, et maintenant, sans voiture. Elle a tout perdu.

Cette tragédie pose une question dérangeante sur la violence du show-business. Comment une artiste qui a généré des millions peut-elle se retrouver si démunie ? Bernard Montiel, chroniqueur et connaissance de la chanteuse, apporte un élément de réponse : “Les gens ne se rendent pas compte que si l’on ne voit pas les stars à la TV, elles ne gagnent pas d’argent. L’argent ne rentre pas”. Une industrie qui vous encense un jour et vous oublie le lendemain, vous laissant seul face à vos démons.

Les rumeurs font aussi état d’une profonde solitude, d’une femme “en froid avec sa famille”, même si des informations ultérieures suggéreront qu’elle aurait fini par accepter l’aide de sa mère et de son frère. Mais à cet instant T, à l’automne 2019, l’image qui reste est celle d’une icône déchue, errant dans les rues de Paris, cherchant un endroit où dormir.

L’histoire d’Ophélie Winter en 2019 est un avertissement brutal sur la précarité de la célébrité. Elle montre le décalage entre le souvenir public d’une star au sommet et la réalité d’une femme luttant pour sa survie. En perdant sa voiture, Ophélie Winter n’a pas seulement perdu un bien matériel ; elle a perdu son dernier symbole d’indépendance, son dernier abri, la jetant un peu plus “au plus bas” et exposant sa vulnérabilité aux yeux d’un public partagé entre la compassion et la sidération.