Mesdames, messieurs, aujourd’hui nous allons explorer une histoire fascinante et pleine d’émotion, racontée par Jean-Jacques Goldman lui-même, sur sa rencontre déterminante avec Céline Dion. Une rencontre qui n’a pas seulement changé le cours de leurs carrières respectives, mais qui a aussi laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de la musique francophone. Goldman, connu pour sa discrétion et sa rareté dans les médias, a levé le voile sur les secrets derrière la réussite fulgurante de Céline, l’alchimie de leur collaboration et même les conséquences inattendues que cette dernière a eues sur sa propre vie d’artiste.

La Rencontre Préméditée : “Je l’avais demandée”

En 1999, quand Jean-Jacques Goldman faisait le Stade de France avec Céline  Dion

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la rencontre entre Jean-Jacques Goldman et Céline Dion n’a rien eu d’un hasard. C’était une volonté délibérée de la part du compositeur. Il confie avoir demandé à une personne de son entourage de la prévenir de son souhait de la rencontrer. Le rendez-vous a eu lieu non pas dans un petit café comme il est parfois rapporté, mais dans un restaurant près de l’Opéra, non loin de l’hôtel de Céline. René Angélil, l’époux et manager de la chanteuse, était présent.

Dès ce premier contact, Goldman avait une idée très précise de ce qu’il voulait. Il avait déjà observé le talent brut de Céline et souhaitait affiner certains détails de son art. “J’avais deux ou trois détails que je souhaitais modifier dans sa voix”, explique-t-il. Il pensait que ce travail prendrait environ un mois. Mais le génie de Céline l’a stupéfait : “Ça lui a pris à peu près 35 secondes pour qu’elle comprenne et puis voilà, c’est tout.” Les modifications concernaient notamment “des prononciations des ‘r’” et une manière d’interpréter plus intime. La rapidité et la justesse avec lesquelles elle a saisi et appliqué ses conseils ont laissé Goldman sans voix, marquant le début d’une collaboration exceptionnelle.

Les Quatre Piliers d’une Voix d’Exception

Dans son analyse, Jean-Jacques Goldman décrypte ce qui, selon lui, fait la différence chez Céline. Il met en évidence quatre aspects fondamentaux qui la distinguent des autres chanteuses à voix.

    Le Grain de Voix : Il décrit sa voix comme ayant un “grain” particulier, “tout à fait le sien”. Il ne la qualifie pas d’originale au sens où elle serait extravagante, mais plutôt d’unique, reconnaissable entre toutes, une signature vocale qui touche droit au cœur.
    La Technique Vocale : Il est “effaré” par sa “technique vocale extrêmement impressionnante”, soulignant sa justesse parfaite et son sens inné du tempo. Pour Goldman, Céline n’est pas seulement une chanteuse, elle est une véritable athlète de la voix, capable de performances d’une précision chirurgicale.
    L’Âme de Musicienne : Goldman révèle un aspect peu connu du grand public : Céline n’est pas “juste une chanteuse, c’est une musicienne”. Il précise qu’elle jouait du violon et était “très bonne flûtiste”. Cette musicalité innée lui permet de se servir de sa voix comme d’un instrument, avec une compréhension profonde de la mélodie et de l’harmonie, ce qui rend son interprétation d’une richesse rare.
    La Personnalité : Le dernier point, que Goldman n’avait pas anticipé, est la personnalité de Céline. Il la décrit comme “quelqu’un d’extrêmement agréable, chaleureux, humble”. Travailler avec elle est un “plaisir”. Cette humilité et cette gentillesse, combinées à son immense talent, ont rendu leur collaboration non seulement fructueuse mais également humaine et enrichissante.

Goldman note également que l’évolution de Céline au fil des ans est principalement technique. Il se souvient avoir vu des images d’elle chantant à 12 ou 13 ans et avoir été “effaré à quel point tout était déjà là”, sa musicalité et ses capacités vocales étant déjà pleinement développées dès son plus jeune âge.

Jean-Jacques Goldman, de l'histoire intime à la grande histoire | ici

“Une Chance et une Malchance” : Le Confession d’un Génie

Quand on lui demande de résumer ce que cette rencontre a représenté pour lui, Goldman offre une réponse à la fois sincère et émouvante : “C’est une chance et une malchance.”

“C’est une chance, parce que c’était mon souhait. J’avais envie de travailler pour une très grande chanteuse, et c’était elle en particulier. Ça a été une chance de pouvoir [le] faire, de vivre un rêve.” La rencontre avec Céline a été l’accomplissement d’un désir profond, un moment d’alignement parfait entre un compositeur et une interprète.

Mais c’est aussi “une malchance, parce que depuis, j’ai plus tellement envie de travailler avec les autres.” L’expérience de la collaboration avec Céline, d’une fluidité et d’une efficacité rares, a placé la barre si haut que Goldman est devenu “très impatient” avec les autres artistes. Il se sent désormais moins enclin à composer pour d’autres, préférant la qualité à la quantité. Il respecte tellement l’art et l’artiste qu’il ne veut pas produire de chansons “moyennes”. “Je préfère l’entendre chanter des très belles chansons des autres, si moi j’ai des choses moyennes”, confie-t-il.

Malgré tout, il affirme qu’il continuera à travailler avec elle tant qu’elle le lui demandera et tant qu’il sentira qu’il a “des choses à lui apporter”. Il a “deux, trois chansons” en réserve, mais pas de quoi faire un album entier.

La relation entre Jean-Jacques Goldman et Céline Dion est bien plus qu’une simple collaboration artistique. C’est une histoire de respect mutuel, d’admiration profonde et de perfectionnisme partagé. Leurs œuvres communes ont marqué des générations, mais le prix de cette perfection pour Goldman a été une certaine forme de solitude créative. En se confiant avec une telle sincérité, il nous offre un aperçu rare de l’âme d’un artiste qui a trouvé son interprète idéale, au point que l’idée d’en trouver une autre est devenue une tâche quasi impossible. C’est le paradoxe d’un génie qui, en réalisant son rêve, a également créé son propre obstacle, prouvant que les plus grandes collaborations peuvent aussi être les plus difficiles à dépasser.

A YouTube thumbnail with standard quality