Jean Ferrat n’a jamais été un chanteur comme les autres. Derrière la voix grave qui célébrait “La Montagne” ou “Ma France”, il y avait un homme à la mémoire intacte, à l’intégrité farouche. Un homme qui, même à 78 ans, loin des projecteurs de ce show-business qu’il fuyait, continuait de refuser certaines invitations, certains hommages, et de nommer certains silences. Pas par orgueil. Par cohérence.
Celui qui portait en lui la douleur indélébile d’un père mort à Auschwitz ne pouvait tolérer les “silences coupables”. Celui dont les chansons furent maintes fois censurées n’a jamais oublié les portes closes. Et celui qui osa critiquer son propre camp savait que la vérité avait un prix. Jusqu’à son dernier souffle, Jean Ferrat, l’intransigeant, a tracé sa route loin des compromis. Il est parti sans pardonner à cinq figures ou institutions qui, à ses yeux, avaient trahi l’essentiel.

1. Le silence de l’État et la Censure de l’ORTF
Pour comprendre l’intransigeance de Jean Ferrat, il faut remonter à son drame fondateur. Né Jean Tenenbaum, il voit son père, Mnasha, arrêté en 1942, déporté et assassiné à Auschwitz. Ce traumatisme façonnera à jamais son rapport au monde, son horreur du fascisme, mais surtout, son mépris pour la lâcheté et le silence.
Cette exigence morale entre très tôt en collision avec les institutions. En 1965, alors que sa carrière explose, il subit une censure directe de l’ORTF (Office de Radiodiffusion-télévision française). Sa chanson “Potemkin”, qui évoque la mutinerie historique des marins russes, est jugée “trop politisée” et interdite de diffusion. Pour Ferrat, c’est une attaque frontale. Il ne s’agit pas d’un simple choix éditorial, mais d’une “muzzelière” imposée par l’État. Il confiera plus tard : “On m’a empêché de chanter l’histoire parce qu’elle dérangeait le présent.” Cette blessure ne se refermera jamais. L’État, sous sa forme administrative et médiatique, devient pour lui une entité dont il faut se méfier, une machine à “effacer ce qui dérange”.
2. Le Parti Communiste Français : La rupture des “Camarades”
Jean Ferrat n’a jamais eu sa carte au Parti Communiste Français (PCF), mais il en fut le plus loyal et le plus critique des “compagnons de route”. Il chantait pour les ouvriers, pour les militants, pour cette France qui se battait pour la justice sociale. Mais son soutien n’a jamais été aveugle.
En 1968, le point de rupture est atteint. Lorsque les chars soviétiques écrasent le Printemps de Prague, Ferrat est l’un des très rares, à gauche, à dénoncer publiquement l’intervention. Sa chanson “Camarade” sonne comme un réveil lucide et douloureux, une rupture idéologique. Ce courage lui coûte cher. Une partie de son propre camp ne le lui pardonne pas. Il est accusé de “faire le jeu de l’anticommunisme”, d’être un traître. Pour Ferrat, la véritable trahison est ailleurs : elle est dans le silence de ceux qui, au nom de la cause, acceptent l’inacceptable. Il ne pardonnera jamais cet aveuglement, ce manque de remise en question face aux crimes du stalinisme.
3. Les Médias Parisiens : Le mépris de “l’Intelligentsia”
Blessé par l’État et par une partie de sa famille politique, Ferrat trouve refuge dans son village d’Antraigues-sur-Volane, en Ardèche. Ce retrait n’est pas une retraite, c’est un acte de résistance. Il fuit les “médias parisiens” pour lesquels il nourrit une profonde méfiance.
Il reproche à une certaine presse son arrogance, sa superficialité et son mépris de classe. À Paris, on le caricature en “donneur de leçons”, en artiste “ringard”, figé dans une vision du monde dépassée. Ces attaques insidieuses le blessent. Il ressent un fossé grandissant entre le microcosme parisien et la France populaire qu’il continue de chanter. Il refuse de participer aux grandes émissions de variétés, rejetant ce qu’il appelle “la médiocrité consensuelle”. En 1990, le symbole de cette fracture est atteint : une grande émission d’hommage à la chanson française est diffusée. Jean Ferrat, pilier de cette culture, est tout simplement “oublié”. Il confiera à un proche : “L’oubli organisé est une forme de punition.”

4. Les Intellectuels : Le cas Jean d’Ormesson
L’affrontement n’est pas seulement médiatique, il est aussi intellectuel. En 1970, Ferrat sort “Un air de liberté”, une chanson qui fustige l’attitude de certains intellectuels français pendant la guerre d’Algérie. Jean d’Ormesson, figure influente du monde littéraire, réagit publiquement et qualifie les paroles de “diffamatoires”.
L’échange marque une tension profonde entre deux France : l’une, aristocratique et diplomatique, prônant la nuance ; l’autre, populaire et intransigeante, criant sa colère nécessaire. Pour Ferrat, d’Ormesson incarne cette élite qui, par ses silences ou ses justifications, s’est rendue complice. Il ne pardonnera pas cette posture qu’il juge indigne, une trahison de la mission même de l’intellectuel.
5. Les “Proches” : La trahison des amitiés
La blessure la plus intime est peut-être la plus silencieuse. C’est celle infligée par ceux qu’il considérait comme proches, des “camarades” de lutte, des artistes, des intellectuels marxistes. Ceux qui n’ont pas supporté ses critiques de l’Union Soviétique.
Dans des carnets retrouvés après sa mort, des phrases griffonnées témoignent de cette amertume : “L’un m’a tourné le dos pour une récompense. L’autre pour une invitation. Tous pour un silence.” Ferrat a vu ceux qu’il estimait préférer le confort de la reconnaissance officielle à la fidélité de la vérité. Ces regards fuyants, ces invitations annulées, il les a notés. Il n’a jamais pardonné ces petites lâchetés qui, mises bout à bout, constituent la grande trahison.

L’Adieu silencieux : Le dernier acte de cohérence
Le 13 mars 2010, Jean Ferrat s’éteint. Conformément à ses vœux, aucun hommage national n’est organisé. Aucun ministre ne se déplace. Les grandes chaînes ne bouleversent pas leurs programmes. Ce silence institutionnel, qui contraste violemment avec l’immense émotion populaire, est le dernier écho de cette vie de rupture.
Ceux qui l’avaient censuré, caricaturé ou oublié de leur vivant, se sont tus à sa mort. Et c’était peut-être ce qu’il souhaitait. Il est parti comme il a vécu : en marge des institutions, fidèle à lui-même. Ses obsèques eurent lieu dans l’intimité de son village, portées par les larmes des anonymes, de ce peuple qui, lui, ne l’avait jamais trahi.
L’absence de pardon chez Jean Ferrat n’était pas une simple rancune. C’était une ligne de conduite, une exigence morale absolue. Il n’a pas voulu effacer l’injustice, ni taire la mémoire de son père. Il est parti sans tendre la main, non par haine, mais par un amour indéfectible de la vérité.
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