Pendant des décennies, Mimie Mathy a été pour des millions de Français bien plus qu’une actrice. Elle est un symbole. L’ange gardien de la nation, celle qui, d’un claquement de doigts, répare les vies brisées et termine toujours ses histoires par une note d’espoir. Son propre conte de fées, son mariage radieux avec Benoist Gérard, rencontré en 2003, semblait être le reflet parfait de cette image : une union solide, complice, que rien ne pouvait égratigner. Mais la vie, la vraie, n’est pas un épisode de Joséphine. Ce que le public ne voyait pas, c’est que derrière les sourires de plateau et les rires contagieux, se cachait une fêlure.

La maladie, le silence, la distance. Aujourd’hui, l’actrice brise l’omerta, non pas sur sa propre santé, mais sur une épreuve qui a redéfini sa vie : les graves problèmes de santé de son mari, et la renaissance amoureuse qu’elle n’osait plus espérer.

“Ce n’est pas tous les jours qu’une femme comme Mimie Mathy parle d’amour”, confie-t-elle, “pas l’amour de cinéma… non, l’amour réel, celui qui fait peur, qui déstabilise”. Pendant longtemps, Mimie a construit sa vie autour de Benoist. Mais lorsque la maladie s’est installée, “le corps de l’autre devient une fragilité constante”. Les jours de silence ont remplacé les nuits de partage. Mimie a fait ce qu’elle fait de mieux : elle a porté. Elle a accompagné, elle a veillé, et surtout, “elle a gardé le silence. Pas par honte, mais par respect.”

Mais ce dévouement a eu un prix. La lumière s’est éteinte en elle. “Même sur scène, ceux qui la connaissaient vraiment sentaient la nuance. Le sourire était là, bien sûr, mais le regard avait changé.” Elle l’avoue aujourd’hui, avec une pudeur bouleversante : elle s’est “perdue”, “oubliée”, “elle a vécu pour deux”. Le public voyait l’ange gardien, mais à la maison, Mimie “avançait seule, ou presque”. L’homme de sa vie n’était “plus l’homme de tous les jours”.

Et puis, un “miracle discret” s’est produit. La vie, souvent cruelle, sait aussi être douce. Ce ne fut “pas un grand bouleversement, pas un coup de foudre cinématographique”. Plutôt une “présence qui s’est installée doucement”. Lors d’un événement caritatif, un homme l’a regardée différemment. “Il ne la regardait pas à travers l’écran. Il la regardait vraiment… pas comme l’ange gardien, pas comme la star, juste comme une femme.”

Cet homme, “un peu plus jeune”, discret, loin du tumulte médiatique, a fait ce que personne n’avait fait depuis longtemps : il l’a écoutée. “Elle qui avait appris à se taire sur ses douleurs s’est surprise à tout dire, comme si enfin elle pouvait déposer le fardeau.”

Mais cette nouvelle histoire n’a pas été simple. Elle a été marquée par la peur. “Oui, peur. Peur de trahir Benoist. Peur du jugement. Peur que le public… ne comprenne pas.” Mimie Mathy, l’éternelle protectrice, pouvait-elle accepter d’être aimée à nouveau ? La culpabilité, cette blessure sourde du deuil, l’a longtemps rongée. C’est peut-être la blessure la plus profonde : “le jour où l’on comprend que l’on peut encore ressentir, et que ce sentiment-là n’est pas une trahison, mais une continuité.”

Il aura fallu une phrase de cet homme pour que tout change. Un soir, alors qu’elle parlait encore de son passé, les yeux embués, il lui a dit : “Je ne veux pas te prendre à quelqu’un. Je veux juste marcher avec toi, là où tu en es aujourd’hui.”

Ce respect, cette douceur, ont eu raison de ses peurs. Aujourd’hui, Mimie ne cache plus qu’un nouvel amour est entré dans sa vie. Elle ne donne pas son nom. “Il sait qui il est, et c’est suffisant.” Cette pudeur dit tout. Ce n’est “pas une substitution, ce n’est pas une rupture avec le passé. C’est un ajout. Une lumière en plus.”

Cette renaissance n’efface rien. L’ombre de Benoist est “une ombre douce… qui n’est plus physique mais qui imprègne tout”. Elle se souvient de cet amour “vrai”, de ces rituels, de ces silences partagés. Elle se souvient de la douleur de le voir s’éteindre “à petit feu”. Mais elle a aussi compris qu’il n’y a pas de deuil sans pardon. Se pardonner “d’avoir parfois eu envie de fuir”, “d’être encore là, debout, vivante”. Et surtout, se pardonner “de pouvoir aimer à nouveau”.

PHOTOS - Mimie Mathy : qui sont les hommes de sa vie ?

“Benoist aurait voulu que je sois heureuse”, dit-elle, enfin apaisée. “Il ne m’a jamais enfermé, il m’a toujours porté. Alors pourquoi moi, je m’interdirais d’avancer ?”

Aujourd’hui, Mimie Mathy vit une “seconde jeunesse. Pas dans le corps, dans l’âme.” Elle qui cherchait à être forte tout le temps, elle accepte enfin sa “fragilité”. Et dans ce dépouillement, elle est plus grande que jamais. Son nouvel amour lui a apporté ce qui lui manquait le plus : “la paix.” Elle peut “enfin se poser, respirer, exister sans devoir se justifier.”

Son histoire est un message d’espoir universel. Elle prouve qu’il n’y a pas d’âge pour l’amour, et qu’un cœur, même s’il porte les “cicatrices d’hier”, peut oser s’ouvrir. Elle le dit elle-même, avec un sourire désarmant : “Je ne croyais pas pouvoir aimer à nouveau. Et pourtant, voilà.”

Quand on lui demande ce qu’elle attend de demain, Mimie ne parle plus de carrière ou de projets. Sa réponse est d’une simplicité désarmante, et résume toute sa nouvelle philosophie de vie : “J’aimerais encore me réveiller le matin avec le cœur qui bat un peu plus vite, juste parce que je sais qu’il est là.”

Après avoir passé sa vie à incarner des miracles pour les autres, Mimie Mathy s’est enfin autorisée à en vivre un pour elle-même. Un miracle qui ne crie pas, mais qui chuchote. Un amour lucide, mature, qui ne promet pas l’éternité, mais qui offre le plus précieux des cadeaux : le présent.