Le rideau est tombé sur l’une des silhouettes les plus élégantes et insaisissables de la chanson française. Françoise Hardy s’est éteinte le 11 juin, à l’âge de 80 ans, laissant derrière elle un silence assourdissant, à la mesure de la discrétion qui fut la sienne toute sa vie. Alors que la France pleure son icône à la “mélancolie chic”, les détails de ses derniers adieux révèlent une femme qui, jusqu’à son dernier souffle, a tout maîtrisé. Pas de funérailles nationales, pas de cérémonie religieuse. Loin du tumulte qu’elle a toujours fui, son dernier voyage sera intime, secret, et tourné vers l’île qui fut son refuge : la Corse.

L’annonce, d’une sobriété poignante, est venue de ceux qui formaient le noyau de son existence : son amour de toujours, Jacques Dutronc, et leur fils, Thomas. Les obsèques se sont tenues le 20 juin, dans l’après-midi, à la salle de la coupole du crématorium du cimetière du Père Lachaise. Un lieu emblématique, certes, mais choisi pour sa capacité à offrir une crémation dans la plus stricte intimité, exactement comme elle le souhaitait. Selon Paris Match, la chanteuse du “Temps de l’amour” avait été claire : elle ne voulait aucun apparat religieux. Une décision qui n’étonne personne de la part de cette intellectuelle, plus proche des astres et de la philosophie que des dogmes.
Mais Paris n’est qu’une étape, un passage obligé. Le véritable adieu, le lieu de son éternité, se trouve ailleurs, sous le soleil de Monticello, en Corse. C’est là, dans ce village où elle possédait une maison acquise en 1966, que ses cendres seront dispersées, comme le rapporte La Tribune Dimanche. Ce choix n’a rien d’anodin. Il est le point final d’une vie passée à chercher un abri contre la célébrité. La Corse, pour le clan Hardy-Dutronc, n’a jamais été un simple lieu de villégiature. C’était leur forteresse, leur jardin secret, l’endroit où les masques tombaient, où Françoise n’était pas l’icône, mais simplement une mère, une compagne, une femme lisant à l’ombre des oliviers.
En choisissant Monticello, elle choisit de reposer là où elle fut le plus heureuse, là où son fils Thomas a grandi, là où Jacques, même séparé d’elle, n’a jamais été vraiment loin. C’est un retour à la terre, un dernier acte de pudeur, s’assurant que même dans la mort, elle ne serait pas un spectacle, mais un souvenir murmuré par le vent corse.
Si elle a planifié son départ physique, elle avait, avec le même pragmatisme qui la caractérisait, planifié son départ matériel. Dans une interview accordée à Gala en 2021, elle se livrait avec une franchise désarmante, non pas sur son héritage artistique, mais sur ses préoccupations très terrestres. “J’ai rédigé mon testament il y a quelques années,” confiait-elle. Son unique souci ? Son fils, Thomas. “J’espère laisser à Thomas de quoi payer les frais de succession exorbitants qui lui seront réclamés.”

Cette phrase dit tout d’elle. Au seuil de la mort, après une vie de succès, son inquiétude n’était pas pour sa légende, mais pour la charge fiscale qui pèserait sur son fils. Elle s’inquiétait aussi du sort de ses amis les plus proches, précisant vouloir laisser de quoi payer les charges “d’un studio et d’un appartement où habitent de très proches amis.” Françoise Hardy, l’égérie distante, était en réalité une protectrice, une “mamma” qui, même par-delà la tombe, veillait sur son clan.
Cette angoisse de la transmission et du départ, elle l’exprimait avec une émotion qui perçait son armure habituelle. “Je suis obligé de vivre au présent,” disait-elle, lucide face à la maladie qui la rongeait depuis tant d’années. Et puis, l’aveu qui bouleverse : “Pensez que je vais devoir quitter tôt ou tard les êtres que j’aime le plus au monde, imaginer leur peine, cela me fait pleurer.” L’icône qui avait chanté la rupture et la solitude avec une grâce distante avouait que la seule chose qui la brisait était la peine des autres. Sa peine.
Cette peine, Thomas Dutronc l’a portée sur scène, avec une dignité et une pudeur héritées de ses parents. En plein concert dans le Pas-de-Calais, quelques jours après le drame, il a trouvé la force de rendre hommage à sa “maman”, expliquant au public qu’elle était “partie vers d’autres cieux”. Un geste d’une force inouïe, choisissant la musique, le lien le plus fort qui les unissait, pour partager son chagrin avec le public qui l’aimait tant.

Leur relation était un chapitre central de la vie de Françoise. Ce fils unique, né de cet amour mythique avec Jacques Dutronc, était devenu son centre de gravité. Elle, qui avait été une mère poule, était devenue une admiratrice inconditionnelle de l’artiste qu’il était devenu, un “fils de” qui avait réussi à se faire un prénom, non pas malgré ses parents, mais grâce à l’équilibre subtil qu’ils lui avaient offert.
Et puis, il y a Jacques. L’autre pilier. Celui qui, avec Thomas, a annoncé sa mort. Leur histoire est l’une des plus atypiques et fascinantes du paysage français. Mariés, séparés, mais jamais divorcés. Il vivait en Corse avec sa nouvelle compagne, elle vivait à Paris. Mais le lien n’a jamais été rompu. Ils s’appelaient chaque jour. Il était là dans sa lutte contre la maladie, elle était sa confidente. Leur amour s’était mué en une amitié indéfectible, une loyauté absolue. Qu’il soit signataire de son avis de décès est le symbole ultime que leur couple, à sa manière unique, a duré jusqu’au “bout du monde”.
Françoise Hardy n’aura pas eu l’euthanasie qu’elle réclamait avec tant de courage et de dignité dans ses dernières années, elle qui vivait un “cauchemar” à cause de son cancer du larynx. Mais elle aura eu ce qu’elle désirait le plus : partir en sachant son fils à l’abri, son amour de toujours à ses côtés, et avec l’assurance que son dernier repos se ferait dans le silence et la beauté de son île refuge, loin, très loin du “temps de l’amour” et de la fureur d’un monde qu’elle avait traversé comme une étoile filante, élégante et mystérieuse.
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