C’est une audition qui restera dans les annales de la République et qui pourrait bien faire vaciller les plus hautes sphères de l’audiovisuel public. Ce qui devait être une simple explication de texte s’est transformé en un véritable réquisitoire contre la gestion opaque et fastueuse de France Télévisions. Face à des députés incisifs, le magistrat de la Cour des Comptes, acculé, s’est muré dans un silence gêné, refusant de répondre aux questions les plus brûlantes. Entre soupçons d’emplois fictifs, train de vie de nabab en pleine crise et protection politique, voici les dessous d’un scandale qui éclabousse tout le système.

Tout commence par une question de timing qui a tout d’une manipulation d’État. Pourquoi ce rapport accablant sur la gestion de France Télévisions n’a-t-il été publié qu’après la reconduction de Delphine Ernotte pour un troisième mandat en 2025 ? À cette question simple, le magistrat M. Méda a bégayé une défense peu convaincante sur l’indépendance de son calendrier. Mais le malaise était palpable. A-t-on voulu cacher la poussière sous le tapis pour assurer le maintien de la présidente ? Lorsque le député demande, sous serment, si la direction de France TV a fait pression par mail pour décaler la sortie du rapport, le magistrat refuse de répondre par oui ou par non. Un silence qui vaut tous les aveux.

La Gabegie Financière : Cocktails et Hôtels de Luxe

Les chiffres révélés lors de cette audition donnent le tournis et provoquent la nausée. Alors que les Français subissaient de plein fouet les restrictions et le confinement en 2020, France Télévisions aurait dépensé la somme astronomique de 1,5 million d’euros en frais de réception et cocktails. Oui, vous avez bien lu : trois fois plus que les années normales, alors que le pays était à l’arrêt !

Et que dire du train de vie de la présidence ? Des nuits au Majestic à Cannes facturées 1 700 euros, des avantages en nature qui s’accumulent… Le service public semble être devenu, pour certains, un service très privé. Côté salariés, le rapport pointe une générosité déconnectée du réel : 14 semaines de congés payés pour les journalistes, 12 pour ceux de Radio France, et un salaire moyen de 72 000 euros, plaçant les employés du groupe parmi les 9 % des Français les mieux payés. Une situation que la Cour qualifie pudiquement d’”avantageuse”, mais que beaucoup qualifieraient d’indécente au vu du déficit réel de l’entreprise.

L’Ombre de l’Emploi Fictif et le Cas “Ngatcha”

L’atmosphère est devenue électrique lorsque le nom d’Arnaud Ngatcha a été évoqué. Directeur des opérations spéciales chez France TV mais aussi adjoint à la Maire de Paris Anne Hidalgo, cet homme cumulerait les casquettes… et les revenus. Rémunéré plus de 100 000 euros par an avec une assistante, son nom n’apparaîtrait même pas dans les organigrammes officiels ! Face à la suspicion d’emploi fictif, le magistrat a fini par lâcher du lest : oui, une “situation irrégulière” a été détectée et “corrigée”. Mais combien d’autres cas similaires dorment encore dans les placards dorés de la télévision publique ?

Les Animateurs-Producteurs : Le Beurre et l’Argent du Beurre ?

France Télévisions : la Cour des comptes dénonce une situation financière «  critique » et appelle à des réformes structurelles - The Media Leader FR

C’est l’un des secrets les mieux gardés du PAF. De nombreux animateurs stars (les noms de Nagui, Léa Salamé ou Élise Lucet ont été cités par le député) toucheraient-ils une double rémunération ? Un salaire en tant qu’employé de France TV, et un autre via leurs sociétés de production, elles-mêmes financées par… l’argent public de France TV ?

La réponse de la Cour des Comptes est stupéfiante d’amateurisme : ils ont procédé par “échantillonnage”. En clair, ils n’ont pas tout vérifié ! Le magistrat avoue à demi-mot qu’une situation posait problème, mais refuse de donner des noms, se cachant derrière l’anonymat des rapports. Une opacité inacceptable quand il s’agit de l’argent du contribuable.

Des Comptes Maquillés ? Le Trou de 80 Millions d’Euros

Enfin, le coup de grâce. Alors que la direction de France Télévisions se félicite à grand renfort de communiqués de presse d’avoir des comptes à l’équilibre, la Cour des Comptes révèle la triste réalité : un déficit abyssal de 80 millions d’euros. Comment expliquer un tel décalage ? Mensonge d’État ? Incompétence ? Le magistrat confirme la “situation critique” mais renvoie la balle à la direction pour la communication. De plus, la comptabilité analytique, promise par Delphine Ernotte depuis 2015 pour tracer chaque euro dépensé, n’est TOUJOURS pas mise en place en 2025. Dix ans de promesses non tenues, et pourtant, elle a été reconduite.

Ce rapport est une bombe à retardement. Il met en lumière un système qui semble fonctionner en roue libre, sans contrôle réel, où l’entre-soi et les privilèges priment sur l’intérêt général. Alors que l’on demande des efforts aux Français, la télévision publique doit des comptes. Pas seulement à la Cour, mais à nous tous.

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