Liv del Estal : De The Voice à la transe électro, le virage audacieux d’une artiste libérée

À 17 ans, elle avait ému la France entière avec une reprise vibrante d’Édith Piaf sur le plateau de The Voice. Sept ans plus tard, Liv del Estal a troqué les ballades douces pour des beats électroniques puissants et une poésie brute. La jeune chanteuse, aujourd’hui âgée de 29 ans, continue d’étonner et de bousculer, loin des sentiers tracés par la télévision et les attentes du grand public.

Des débuts prometteurs dans The Voice

C’est en 2018 que le grand public découvre Liv del Estal, lors de la septième saison de The Voice. Sa reprise poignante de Padam Padam d’Édith Piaf déclenche un véritable coup de foudre chez les quatre coachs — Florent Pagny, Mika, Pascal Obispo et Zazie. Elle choisit cette dernière pour l’accompagner dans l’aventure, un choix artistique qui semblait prometteur. Mais la jeune chanteuse est éliminée juste avant les quarts de finale. Malgré cette sortie prématurée, l’émotion qu’elle a suscitée et la singularité de sa voix ont marqué les esprits.

Une métamorphose musicale

Après l’émission, Liv poursuit son chemin, loin du bruit médiatique. Elle sort plusieurs titres — Devant le cinéma (2020), La première fois (2021) ou encore ma vie (2022) — où l’on retrouve encore des traces de la sensibilité de ses débuts. Mais peu à peu, quelque chose change. En 2024, Amour scandaleux surprend son audience : le ton est plus cru, les sons électroniques, planants, et les paroles d’une intensité nouvelle. Elle y chante : “Je veux ta peau ton cl tes yeux qui se souviennent / Je veux des pleines lunes et je veux qu’on se prenne”* — un virage à 180 degrés, assumé et audacieux.

Son dernier single, Casse-toi, sorti en 2025, confirme cette nouvelle direction artistique. Entre trance, électro et sensualité assumée, Liv del Estal semble enfin trouver sa voix… ou plutôt ses voix.

Une prise de conscience nécessaire

Invitée récemment dans une interview pour Quotidien, publiée sur TikTok le 15 juin, Liv revient sur son parcours atypique. “Il y a eu The Voice, en mode toute petite, toute ingénue, jetée sur cette grande télé”, confie-t-elle avec franchise. Puis elle évoque son rôle dans Validé, la série urbaine de Franck Gastambide, où elle incarnait Louise. “C’était tout un autre univers, beaucoup plus caricatural.”

Avec du recul, Liv analyse ce début de carrière comme une période où elle se cherchait encore : “Je n’avais pas encore compris ce que je pouvais être musicalement parlant.” Très tôt propulsée sous les projecteurs, elle a vécu la pression de devoir incarner un personnage, quitte à s’éloigner de ses propres ressentis. “Quand tu arrives très tôt dans cette industrie-là, tu peux vite tomber dans les filets de quelque chose d’un peu facile, où tu te racontes une histoire parce que tu en racontes une, et après tu es très enfermée.”

Aujourd’hui, elle parle d’une véritable libération. “Je suis libérée de ça et tout est tellement plus léger. Je me sens bien quand je suis avec ce projet sur scène”, affirme-t-elle, visiblement soulagée. Il ne s’agit pas seulement de musique, mais d’une quête d’authenticité.

Un public fidèle malgré le grand écart

Changer de style peut souvent être un pari risqué pour un artiste. Mais Liv semble avoir réussi cette transition sans perdre ses fidèles. “J’ai l’impression que les gens qui étaient là depuis longtemps sont encore plus ou moins là”, explique-t-elle. Et de conclure, satisfaite : “Je n’ai pas l’impression d’avoir perdu beaucoup de monde alors que c’est quand même un grand écart assez fat que j’ai fait.”

Cette fidélité du public s’explique peut-être par la sincérité du virage pris. “Je faisais de la déréalisation sur scène entre ce que je chantais et qui j’étais. Il y avait quelque chose que je ne trouvais pas assez sincère”, confie-t-elle. C’est donc une démarche presque thérapeutique qui a motivé ce changement, une manière de faire coïncider l’artiste et la femme.

Le regard bienveillant d’un père

Liv del Estal n’est pas tout à fait une inconnue du monde artistique : elle est la fille de l’acteur Stéphane Freiss. Un héritage qu’elle porte sans complexe, mais qu’elle a aussi voulu dépasser pour tracer sa propre route. Dans une interview à Paris Match l’année dernière, son père confiait son admiration : “Elle savait ce qu’était la vie d’artiste avant de s’y lancer. Elle a trouvé son autonomie avec la musique. Et la voir s’épanouir, c’est merveilleux.”

Une artiste en pleine possession de ses moyens

Aujourd’hui, Liv del Estal semble à un tournant majeur de sa carrière. Loin de ses débuts télévisés, elle s’impose désormais comme une artiste indépendante, engagée dans une démarche artistique audacieuse et personnelle. Elle compose une musique qui lui ressemble, sans concession. Et si elle continue d’évoluer à ce rythme, nul doute que son nom s’ancrera durablement dans le paysage musical français.

De jeune prodige à chanteuse électro envoûtante, Liv del Estal incarne cette nouvelle génération d’artistes qui n’ont pas peur de se réinventer — quitte à tout bouleverser.