Pour des millions de Français, son visage est une douce habitude, un rendez-vous quotidien qui ponctue la fin du journal télévisé. Évelyne Dhéliat, c’est bien plus que la directrice du service météo de TF1 ; c’est un repère, une présence rassurante et familière qui, depuis des décennies, fait la pluie et le beau temps dans nos foyers. Son sourire immuable, son professionnalisme sans faille et son élégance naturelle ont fait d’elle une personnalité aimée et respectée. Pourtant, derrière cette image lisse et solaire, se cache une femme qui a mené, dans le plus grand secret, la plus féroce des batailles. Une lutte pour la vie contre un ennemi implacable : le cancer. Son histoire n’est pas seulement celle d’une guérison, c’est le récit d’un courage extraordinaire, d’une résilience à toute épreuve et d’un lien puissant tissé avec son public dans l’adversité.

Le jour où le ciel s’assombrit

Evelyne Dhéliat atteinte d'un cancer : elle se confie

Tout commence par un diagnostic. Un mot, “cancer”, qui tombe comme un couperet et fait basculer une existence. Pour Évelyne Dhéliat, comme pour des millions de personnes chaque année, ce moment est un véritable séisme. Le monde s’écroule. Les certitudes volent en éclats, et l’avenir, jusque-là si clair, devient soudain une page blanche angoissante. Dans le tourbillon des rendez-vous médicaux, des examens et des pronostics, une seule chose est sûre : un long et difficile combat s’annonce. Chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie… Le protocole est lourd, les épreuves physiques et psychologiques, immenses.

Face à ce cataclysme intime, son premier réflexe est celui de la discrétion. Évelyne Dhéliat choisit de garder sa maladie pour elle et son cercle le plus proche. Ce n’est ni par honte, ni par peur du jugement, mais par un besoin vital de se protéger. Dans un monde où son image est publique, elle a besoin de sanctuariser sa vulnérabilité, de mener sa guerre dans l’intimité, loin de la compassion ou de la curiosité des médias et du public. Elle doit rassembler ses forces, et pour cela, le silence est son armure.

Le travail comme thérapie, l’antenne comme bouée de sauvetage

Alors que beaucoup auraient choisi de se retirer complètement de la vie publique, Évelyne Dhéliat prend une décision qui peut sembler surprenante : elle veut continuer à travailler. Ce choix n’est pas dicté par une quelconque obligation professionnelle, mais par une profonde nécessité personnelle. Son travail, ce n’est pas seulement un métier, c’est une partie de son identité, un pilier de son équilibre. L’abandonner serait, pour elle, une manière de laisser la maladie gagner du terrain, de la définir entièrement.

Avec le soutien indéfectible de sa direction à TF1, qui fait preuve d’une humanité et d’une flexibilité remarquables, elle aménage son emploi du temps. Elle jongle entre les séances de radiothérapie et les bulletins météo. Ce retour à l’antenne, loin d’être un fardeau, devient sa meilleure thérapie. Se préparer, écrire ses textes, se maquiller, retrouver la lumière des projecteurs et l’adrénaline du direct, c’est une façon de se prouver à elle-même qu’elle est toujours “capable”. C’est un acte de résistance quotidien, une manière de dire au cancer : “Tu ne m’auras pas. Tu peux attaquer mon corps, mais tu ne prendras pas mon esprit, ni ma vie.” Le plateau de télévision devient une bulle d’oxygène, un espace où, pendant quelques minutes, elle n’est plus une malade, mais simplement Évelyne Dhéliat, la professionnelle passionnée que la France connaît et aime.

Briser le tabou, un mot à la fois

Evelyne Dhéliat évoque sa retraite et son cancer

Pendant un temps, le public ne se doute de rien. Mais son absence prolongée finit par susciter des interrogations. Les messages affluent à TF1 : “Où est passée Évelyne ?” Face à l’inquiétude grandissante de ses fidèles téléspectateurs, la discrétion n’est plus tenable. En accord avec la chaîne, elle décide de communiquer. Un communiqué de presse sobre et pudique est publié, expliquant la situation.

Cette officialisation est une étape cruciale. Elle marque le passage du combat privé au témoignage public. Évelyne Dhéliat refuse de se cacher derrière des euphémismes. Elle met un nom sur son mal. Elle parle de “cancer”, un mot souvent considéré comme tabou, que l’on chuchote avec crainte. Pour elle, nommer l’ennemi est la première étape pour le combattre. C’est refuser de lui donner le pouvoir que confère le non-dit. C’est regarder la maladie droit dans les yeux et affirmer sa volonté de se battre, sans détour.

Le geste fort : la perruque et la libération

Le traitement laisse des traces visibles. La chimiothérapie lui fait perdre ses cheveux, cette part si symbolique de la féminité. Comme beaucoup de femmes dans sa situation, elle porte une perruque pour ses apparitions à l’antenne. Mais à mesure que ses propres cheveux commencent à repousser, courts, poivre et sel, une nouvelle question se pose. Doit-elle continuer à se cacher ?

Sa décision sera l’un des moments les plus forts et les plus émouvants de son parcours. Un soir, elle apparaît à l’écran, sans sa perruque. Ce geste, qui peut sembler anodin, est en réalité d’une puissance inouïe. C’est un acte de libération, d’acceptation de soi, de défi aux diktats de l’apparence. C’est un message envoyé à des milliers de femmes qui vivent la même épreuve : “Voilà à quoi ressemble une femme qui se bat. Il n’y a aucune honte à avoir. Nos cicatrices, visibles ou non, sont les marques de notre courage.”

Évelyne Dhéliat, 77 ans, sur son départ à la retraite : "Ça ne dépend pas que de moi" - La DH/Les Sports+

L’impact est immédiat et immense. Les messages de soutien se transforment en messages de gratitude. Elle devient, sans l’avoir cherché, un porte-étendard, un modèle. Des femmes lui écrivent pour lui dire que, grâce à elle, elles aussi ont osé enlever leur perruque, qu’elles ont trouvé la force de s’assumer face au regard des autres. Un formidable élan de solidarité se crée. Le lien qui l’unissait à son public change de nature. Il n’est plus seulement professionnel, il devient profondément humain. Elle réalise que la sympathie et l’affection des téléspectateurs ne sont pas à sens unique ; elles sont aussi une source d’énergie vitale pour sa propre guérison.

Aujourd’hui, Évelyne Dhéliat est guérie. Elle a repris sa place, plus solaire et inspirante que jamais. Son histoire a dépassé le simple cadre de son métier. Elle a montré qu’il est possible de traverser les plus sombres tempêtes avec grâce, courage et dignité. En partageant sa vulnérabilité, elle a offert une leçon de vie universelle, rappelant que derrière chaque visage que nous croisons, se cache une histoire, et que la plus grande force réside souvent dans la capacité à transformer une épreuve personnelle en une source d’espoir pour les autres. Le ciel peut s’assombrir, mais Évelyne Dhéliat nous a prouvé qu’après la pluie, vient toujours le beau temps.