À l’approche de ses 60 ans, Dany Brillant se dévoile dans une lumière nouvelle, loin des paillettes, des projecteurs et des rythmes envoûtants de ses chansons. Derrière le sourire charmeur du crooner se cache un homme profondément humain, touché par les épreuves de la vie, et surtout par une blessure intime qu’il accepte aujourd’hui de partager : celle de son couple en crise.

Depuis plus de dix ans, Dany partageait sa vie avec Nathalie Moury, la femme qui lui a donné deux fils, Lino (né en 2010) et Dean (né en 2012). Ensemble, ils formaient une famille discrète, soudée, en apparence paisible. Mais comme souvent, les apparences sont trompeuses.

L’artiste l’avoue désormais avec une franchise bouleversante : leur histoire a connu des tempêtes, parfois silencieuses, parfois destructrices. « On a eu des hauts, des bas… comme tous les couples », confie-t-il avec pudeur. Mais cette fois, les bas ont été plus forts. Plus longs. Plus profonds.

Au fil des années, la passion s’est effilochée, rongée par le quotidien, les tensions sourdes, les malentendus non résolus. Il ne s’agit pas d’une rupture violente, d’un drame explosif comme on en lit dans les magazines. Non. Il s’agit d’une lente dérive, comme deux continents qui s’éloignent imperceptiblement, jusqu’à ne plus se toucher. Jusqu’à ce que l’on se rende compte qu’un fossé s’est creusé, et que le pont qui reliait les deux rives a cédé.

Dany Brillant évoque avec lucidité l’un des facteurs de cette dégradation : l’entourage. « Le problème dans un couple, c’est souvent l’extérieur. L’entourage entretient les bisbilles, parfois sans le vouloir. » Il confesse même avec amertume : « J’ai compris que si tu aimes une femme, il vaut mieux t’entendre avec ses amis. Sinon, tôt ou tard, tu en paieras le prix. »

Ce prix, il le paie aujourd’hui. Ses enfants vivent désormais avec leur mère à Bruxelles. Lui est resté à Paris. Ce n’est plus seulement une séparation de chambres, d’appartements… mais de pays. La distance géographique reflète la distance affective. Il n’y a plus de disputes, plus de cris — mais un silence lourd, presque définitif. « On a fait chambres séparées, étages séparés, puis appartements séparés… maintenant on fait pays séparés. »

Et pourtant, derrière cette séparation, il ne cache pas une forme d’attachement profond, intact. Il n’y a pas de haine, pas de colère. Il y a de la douleur, bien sûr, mais aussi du respect, et une tendresse indélébile. Ce lien-là, celui de deux parents unis par leurs enfants, par les souvenirs, par l’amour passé, ne se rompt jamais tout à fait.

C’est dans cette période de doute, d’éloignement, que Dany a puisé l’inspiration pour composer l’une des chansons les plus poignantes de son dernier album : Mon amour, tu vis toujours en moi. Une déclaration à Nathalie, écrite pendant leur « passage à vide ». Une façon de dire ce qui ne pouvait plus être dit à voix haute. « La musique m’aide à exprimer ce que je ressens quand les mots me manquent », explique-t-il. La chanson, empreinte de douleur et d’espoir, a même permis une forme de réconciliation : « Après ça, on s’est reparlé, on s’est compris. »

Cet épisode, profondément intime, Dany Brillant choisit aujourd’hui de le partager. Non pas pour se faire plaindre, encore moins pour créer le buzz. Mais pour témoigner. Pour rappeler que même ceux qu’on croit inaccessibles traversent les mêmes tempêtes que tout le monde. Qu’un couple, même solide, peut vaciller. Et que parfois, aimer signifie aussi savoir lâcher prise.

Derrière l’artiste, il y a l’homme. Un homme qui doute, qui aime, qui perd, qui compose. Et c’est peut-être cela, aujourd’hui, qui rend Dany Brillant plus touchant que jamais : sa capacité à mettre des mots sur les fêlures de l’âme, à transformer la douleur en beauté, l’absence en musique, et l’amour en éternité.