Un an après la disparition de Françoise Hardy, la voix douce et mélancolique de l’icône continue de résonner dans les mémoires.

Derrière cette légende discrète, c’est désormais son fils, Thomas Dutronc, qui veille sur un héritage musical hors du commun, porté par une émotion intacte et une volonté farouche de transmission. Le 11 juin 2024, Françoise Hardy s’éteignait à l’âge de 80 ans, après une longue lutte contre la maladie. La chanteuse, figure incontournable de la scène française, avait depuis plusieurs années préparé son départ avec lucidité et pudeur. Quelques mois avant sa mort, dans une interview poignante à Paris Match, elle déclarait souhaiter partir « le plus tôt, le plus vite et le moins douloureusement possible ». Une ultime confession empreinte de dignité, fidèle à l’image d’une artiste qui n’a jamais cherché les projecteurs.

Thomas Dutronc, gardien d’un trésor musical

Depuis ce départ, Thomas Dutronc s’est donné pour mission de faire vivre l’œuvre de sa mère. Dans Le Figaro, il confie travailler aux côtés d’Étienne Daho sur la publication progressive de l’intégrale de la discographie de Françoise Hardy. Un projet à la fois personnel et ambitieux, porté par la nécessité de préserver la mémoire de cette voix unique. « C’est encore un peu dur pour moi d’écouter ma mère chanter », reconnaît-il, mais le travail avec Daho, intime de Françoise Hardy, s’est imposé comme une évidence : « Nous avons pris toutes les décisions ensemble. »

Une artiste redécouverte dans le monde entier

À sa mort, un phénomène inattendu s’est produit : l’œuvre de Françoise Hardy a connu un regain fulgurant d’intérêt à l’international. « Elle a été écoutée dans des pays où elle n’avait jamais été entendue », raconte son fils, presque surpris de cette reconnaissance posthume. Il observe que « tout le monde a soudain pris conscience de sa valeur artistique, de son rayonnement. » Et pour cause : derrière ses classiques en apparence simples, Françoise Hardy a tissé une œuvre délicate, subtile, où la sincérité se mêle à une exigence rare de composition et de poésie.

L’oubli chez les jeunes, un constat amer

Mais Thomas Dutronc pointe aussi un paradoxe troublant : en France, les jeunes générations semblent parfois passer à côté de ce répertoire. Lors d’une remise de prix à la Sacem, il réalise que certains jeunes artistes ne savent même pas qui sont ses parents. « Ils ne connaissaient ni Tous les garçons et les filles, ni Mon amie la rose. C’est triste », admet-il. Sans colère, mais avec un brin de désillusion.

Et pourtant, à l’étranger, le constat est tout autre : un auditeur sur deux aurait moins de 35 ans. Preuve que l’universalité des mélodies et la profondeur des textes de Françoise Hardy parlent encore aux cœurs, même loin de l’époque yéyé.

Une femme discrète, une artiste majeure

Françoise Hardy n’aimait pas qu’on parle d’elle comme d’une “légende”. Modeste, réservée, elle se voyait avant tout comme une ouvrière de la chanson, travaillant “comme un moine dans sa cellule”, selon les mots de son fils. Ce perfectionnisme, cette pudeur, cette authenticité — loin des artifices de la célébrité — expliquent sans doute l’attachement profond que lui voue encore le public.

Thomas Dutronc reste profondément ému par les témoignages de tendresse reçus lors des obsèques au Père-Lachaise. « Ils ne pouvaient pas le savoir, mais ma mère était vraiment sympa… », glisse-t-il avec émotion. « Elle se donnait tellement de peine pour faire de son mieux. »

Faire vivre l’héritage, sans trahir l’esprit

L’avenir de l’œuvre de Françoise Hardy est entre les mains d’un fils aimant et attentif, qui cherche à honorer sans trahir. En rééditant ses albums, en les diffusant auprès de nouveaux publics, Thomas Dutronc espère que la voix feutrée de sa mère continuera d’accompagner d’autres générations — avec la même pudeur, la même grâce.