Il y a des chiffres qui glacent le sang. Celui-ci en fait partie : 18 ans, et quatre tentatives de suicide. C’est le bilan d’une guerre silencieuse qu’Emeline a menée pendant des années, une guerre qui a commencé le jour de son entrée dans “la cour des grands”. Aujourd’hui, son visage est calme, mais sa voix porte le poids d’une douleur qui ne s’efface jamais tout à fait. Elle est la survivante d’un enfer que des millions d’enfants vivent au quotidien : le harcèlement scolaire.
Son histoire n’est pas seulement un drame personnel ; c’est le symptôme d’un échec collectif. C’est l’histoire d’une petite fille qui rêvait du collège et qui a trouvé la haine. Mais c’est aussi, et surtout, l’histoire d’une renaissance. Celle d’une jeune femme qui a touché le fond de l’abîme et qui a décidé de remonter, non pas pour elle, mais pour les autres. Son slogan, devenu le cri de ralliement de son association : “Pour qu’aucun enfant ne décide de mourir pour ne plus subir.”
Tout commence par une promesse, celle de la 6ème. Emeline a hâte. C’est “un pas au-dessus”, c’est la fin de la primaire. Elle est “vraiment contente” d’arriver dans cette fameuse cour des grands. L’excitation laisse place à l’horreur dès le premier jour. “Dès le premier jour, on m’a insulté.” La raison ? Une cruauté enfantine ciblée sur une vulnérabilité physique. À 10 ans, Emeline a eu un accident. Une petite est tombée sur sa tête, la sienne a heurté le carrelage. Ses dents se sont cassées. Elles étaient “grises et un peu cassées”.
Elle le sait. Elle en a “beaucoup honte”. C’est pour ça qu’elle marche déjà “la tête baissée”, n’osant jamais regarder personne dans les yeux. Pour les harceleurs, c’est une cible parfaite. Les insultes pleuvent, précises, chirurgicales : “dent d’argent”, “dent de castor”. Ce qui n’était qu’une blessure devient une tare.

Ce n’est que le début. Le harcèlement n’est jamais l’affaire d’un seul individu. C’est une mécanique de groupe, une meute. Dans la cour, ils sont une “trentaine” à l’encercler. Emeline décrit ce sentiment avec une précision glaçante : “On se sent comme une bête de foire, comme un monstre.” La terreur n’est pas que psychologique. La violence verbale (“grosse vache”, “moche”, “déchet de la société”) s’accompagne de la violence physique. “On m’a bousculé, oui. On m’a aussi claqué la tête contre le casier.”
L’enfer ne s’arrête pas à la grille de l’école. À l’ère numérique, le répit n’existe pas. Le soir, Emeline rentre chez elle, espérant souffler. Mais l’ordinateur est là. “On n’a jamais de répit en fait. On est harcelé la journée, on rentre chez soi, on veut se reposer de tout ça et on ouvre l’ordinateur, on a des insultes.” Elle a 13 ans. Elle a, comme toutes les filles de son âge, un compte Facebook. Un compte secret, que sa mère ne connaît pas. Il suffit d’une personne. “Il y a une personne qui a fait tourner mon compte… pour dire ‘Oh regardez, c’est une salope’.”
À 13 ans, face à ce déferlement, elle tremble, elle pleure, elle désactive le compte. Mais le mal est fait. La nuit, le calvaire continue. “On se couche, on a des cauchemars parce qu’on a peur.” Sa conclusion est sans appel : “C’est invivable.”
Le plus terrible, dans le témoignage d’Emeline, c’est le silence. Comment personne n’a-t-il rien vu ? La réponse est aussi complexe que tragique : elle mène une double vie. À l’école, elle est la victime terrifiée qui simule des maux de ventre pour ne pas y aller. À la maison, elle porte un “masque”. “J’étais souriante, calme, posée.” Ses notes, paradoxalement, restent “toujours stables”. C’est ce qui endort la méfiance de sa mère.
Pourquoi ce silence ? Pourquoi n’a-t-elle jamais demandé de l’aide ? “Je voulais protéger mes parents, notamment ma mère. Je voulais pas lui faire du mal.” Et puis, il y a la honte. Cette émotion toxique que le harcelé ressent à la place du harceleur. “J’avais peur qu’elle ait mal d’entendre ça… et qu’elle ait honte aussi. Honte que sa fille se fasse insulter. Honte de voir que sa fille se laisse faire.” Emeline a intériorisé la faute. Elle est la coupable.
Les harceleurs lui hurlent “Va te suicider”. À force de l’entendre, elle finit par y croire. “À force d’entendre des insultes tous les jours, et ben on croit ces insultes. Et on vit ces insultes en fait. On est ce qu’ils disent.”
Alors, elle tente de mourir. Quatre fois. Les deux premières tentatives passent inaperçues. Seule dans sa chambre, elle avale des médicaments le soir. Elle se scarifie. Elle espère “ne pas se réveiller”. Mais elle se réveille. “Quand je me réveillais le lendemain matin, j’étais complètement bouleversée.”

Le point de rupture arrive en seconde. Ses dents ont enfin été réparées le jour de ses 16 ans. Mais le harcèlement n’a jamais été une question de dents. C’était une question de pouvoir. Les insultes changent, c’est tout. “On me disait que j’étais grosse, que j’étais un convoi exceptionnel quand je passais dans les couloirs.” Le lundi 3 février, le midi, l’humiliation atteint son paroxysme. À la cantine, devant tout le monde, “on m’a hué”.
C’est la fois de trop. “Juste après, j’ai craqué. Et j’ai pris des médicaments.” Cette fois, c’est grave. Elle prend “beaucoup de paracétamol”. Elle doit en parler à l’infirmière. Elle est conduite aux urgences. Le masque tombe. “J’ai dû tout raconter. Et c’est là que s’est enchaînée mon hospitalisation.”
On pourrait croire que c’est la fin du calvaire. C’est le début d’un autre. Emeline développe une phobie scolaire d’une intensité extrême. On la change de lycée, mais ça ne règle rien. Elle n’est plus harcelée, mais la peur est là, “une peur constante”. “J’avais peur d’être entourée de jeunes, peur que ça recommence.” Le simple fait de s’approcher d’un établissement scolaire déclenche une crise. “J’avais une boule d’angoisse dans le ventre, je tremblais, je pleurais. C’était impossible.”
Elle passe huit mois en hôpital psychiatrique pour adolescents. Mais même là, le traumatisme est plus fort. Le jour de ce qui sera sa quatrième et dernière tentative de suicide, sa phobie prend le dessus. En pleine crise de panique, elle se retrouve “devant la gare, à vouloir [se] jeter sous un train”.
Ce qui lui sauve la vie, c’éest l’attention d’un adulte. Son pédopsychiatre se rend compte qu’elle n’est pas au lycée. Il “a appelé les pompiers, la police pour [la] retrouver”.
Cet instant, au bord des rails, est l’abîme final. Mais c’est aussi le fond de la piscine d’où elle va puiser la force de remonter. “C’est là que j’ai compris que… ben il fallait que je remonte. Fallait plus que je me laisse faire.”
Aujourd’hui, Emeline a 18 ans. Elle “va mieux”. L’école, pour elle, c’est fini. “Plus jamais.” Elle suit des cours par correspondance. Elle a fait un choix radical pour se protéger. Mais elle n’est plus une victime. “Non. Je me sens ancienne victime. Combattante.”

Cette transformation s’est matérialisée dans un acte d’une puissance symbolique incroyable. Un jour, dans le bus, elle a recroisé un de ses agresseurs. La petite fille qui baissait les yeux n’existe plus. “Je l’ai regardé droit dans les yeux. Et j’ai jamais baissé le regard.” Et lui ? “Eux… détournent le regard.” La honte a changé de camp.
Emeline a décidé de faire de son drame une force. Elle a créé une association pour que son histoire serve à d’autres. Son message aux harceleurs est sans équivoque : “Les mots, le harcèlement, tuent. C’est pour ça que je témoigne.”
Son objectif est clair, il est vital. Il est le résumé de sa propre survie. “Mon objectif, c’est que plus aucun enfant ne décide de mourir pour ne plus subir.”
News
À 52 ans, Vanessa Paradis brise le silence : Sa confession inattendue sur le VRAI amour de sa vie
Elle a été l’adolescente prodige de “Joe le taxi”, la muse androgyne de Chanel, l’artiste réinventée par Gainsbourg puis par…
Le Drame Kendji Girac : Entre Chantage Émotionnel et Carrière Menacée, la Chute d’une Icône
La France s’est réveillée sous le choc. Kendji Girac, l’idole de 27 ans, le symbole d’une réussite fulgurante bâtie sur…
La Vie TRISTE de Patrick Sébastien : À 70 ans, Révélations sur le Deuil, les Scandales et la Chute du Roi de la Fête
Patrick Sébastien a incarné pendant plus de quarante ans la fête, le rire et le grand spectacle populaire. Pour des…
Le Piège Parfait : Comment Éric, 58 Ans, a Exposé la Déconnexion de la Première Ministre en Direct
Parfois, un grain de sable peut enrayer la machine la mieux huilée. Il n’y a pas besoin de cris, de…
La Double Tragédie de Michael Landon : Derrière le Sourire de l’Icône, une Vie de Démons et la Mort Dévastatrice de son Fils
“Fais ce que tu veux faire maintenant. Il n’y a qu’un nombre limité de lendemains.” Ces mots, prononcés un jour…
Double Choc pour un Duo Mythique : Pascal Bataille Hospitalisé d’Urgence, Laurent Fontaine Brise le Silence sur sa Propre Santé Déclinante
Le monde de la télévision, habitué aux sourires de façade et aux lumières aveuglantes, est aujourd’hui plongé dans une inquiétude…
End of content
No more pages to load






