Le paysage politique français est habitué aux secousses, mais le face-à-face récent entre Florian Philippot et la majorité présidentielle, incarnée par François Bayrou, a pris des allures de tremblement de terre. Sur un plateau de télévision transformé en arène, c’est un véritable “coup de tonnerre” qui a retenti. Florian Philippot, le président des Patriotes, a littéralement “explosé” en direct, réglant ses comptes avec une fureur qui a révélé une fracture béante entre deux France. Au cœur de ce clash monumental : deux affaires distinctes mais qui, selon lui, dessinent le même portrait d’un pouvoir déconnecté, englué dans “la République des copines et des coquins” et prêt à faire payer aux Français une austérité “d’une violence extrême”.

Le premier acte de ce drame politique est une nomination. Une nomination qui, en temps normal, aurait pu passer sous les radars, mais qui, dans le contexte actuel, sent le soufre. Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l’Éducation de François Hollande, vient d’être nommée à la Cour des comptes. Une institution prestigieuse, garante de la bonne gestion de l’argent public. Le problème ? Cette nomination a été proposée par François Bayrou, Premier ministre sur un siège éjectable.

L’accusation, relayée avec force par Philippot mais aussi par des députés comme Jean-Philippe Tanguy (RN), est d’une simplicité brutale : il s’agirait d’un “marché”. Un donnant-donnant cynique. En clair, Bayrou offrirait ce poste prestigieux à Najat Vallaud-Belkacem en échange d’une faveur politique vitale : que le groupe socialiste à l’Assemblée nationale, présidé par un certain… Boris Vallaud, époux de la nouvelle nommée, ne dépose pas ou ne vote pas de motion de censure qui ferait tomber son gouvernement.

“Les copains d’abord”, ironise-t-on. “La République des copines et des coquins”, s’indigne Jean-Philippe Tanguy, qui annonce une attaque de cette nomination “scandaleuse” devant le Conseil d’État. Au-delà du soupçon d’arrangement politique et du conflit d’intérêts flagrant, c’est la compétence même de l’ancienne ministre qui est remise en cause. “Qu’est-ce qu’elle vient faire à la Cour des comptes ?”, s’interroge-t-on. Son parcours est axé sur l’éducation, la discrimination, l’immigration. Jamais sur les questions économiques ou la gestion financière.

Mais pour les critiques, le bât blesse encore plus loin. C’est une nomination perçue comme “idéologique”. On rappelle que Najat Vallaud-Belkacem a présidé France Terre d’Asile, une association qualifiée “d’immigrationniste”, et qu’elle a publiquement affirmé que l’immigration avait un “coût zéro” pour la France. On dénonce également sa proximité récente avec “le magma idéologique de la France Insoumise”, reprenant à son compte des termes comme “islamophobie” ou “haine antimusulmane”.

Pour ses détracteurs, le signal est clair. Après la nomination de Pierre Moscovici, lui aussi socialiste, à la tête de cette même Cour des comptes, c’est la neutralité de l’institution qui est en jeu. On accuse Moscovici d’avoir “fait exprès de retenir un rapport sur l’immigration” pour ne pas “embrouiller” le débat parlementaire sur la loi immigration. L’arrivée de Madame Vallaud-Belkacem serait donc une pierre de plus dans la “prise d’otages” idéologique des institutions par une gauche qui, pourtant, “fait moins de 2 % à la présidentielle” mais “se retrouve partout”.

Si cette affaire a mis le feu aux poudres, ce n’est rien à côté de la seconde salve tirée par Florian Philippot. Le véritable champ de bataille, c’est le budget. Et là, le président des Patriotes ne mâche pas ses mots.

Alors qu’Emmanuel Macron salue le plan de François Bayrou, le qualifiant de “constat solide, factuel et lucide”, Philippot, lui, y voit un plan “extrêmement violent” pour les Français. Il détaille alors ce qu’il considère comme un matraquage social en règle. D’abord, l’attaque contre les retraités, avec la remise en cause des 10 % d’abattement fiscal. Il lâche une définition qui fait bondir : selon le gouvernement, un “retraité riche”, c’est celui qui gagne “plus de 1600 € par mois”.

Ensuite, une mesure d’une cruauté inouïe selon lui : la fin du remboursement à 100 % pour les personnes en Affection de Longue Durée (ALD) – comme les cancers – lorsqu’elles sont en “période de rémission”. “C’est la panique à bord chez tous ceux qui sont atteints !”, s’alarme-t-il. S’ajoutent à cela la suppression de deux jours fériés, l’ombre d’une “TVA sociale” qui ne dit pas son nom, et même une menace de “vaccination obligatoire” déguisée sous le terme de “responsabilisation des non-vaccinés”.

Face à cet “autosatisfait” d’Emmanuel Macron, qui demande à l’opposition de “proposer d’autres idées”, Florian Philippot explose. “Mais moi je vais lui donner des idées !”, lance-t-il. Et ses idées sont à la mesure de sa colère : radicales, taboues, explosives.

“Il y a un éléphant au milieu de la pièce”, martèle-t-il, “c’est ce que nous coûte l’Union européenne !”. Il dégaine les chiffres : “15 milliards en plus que ce qu’on reçoit chaque année”, qui passeront bientôt à “21 milliards” puis “25 milliards”. Pour lui, la solution est simple : “On quitte l’Union européenne”, le “Frexit”, et cet argent “ira dans la poche des Français”.

Et ce n’est qu’un début. Les “idées”, il les enchaîne à la mitraillette. Arrêter d’urgence de financer l’Ukraine, “une guerre perdue et un pays extrêmement corrompu”. Supprimer les “fabriques à recaser les copains” que sont, selon lui, les agences d’État comme l’ARCOM ou l’ADEME (4 milliards par an). Faire des économies structurelles en supprimant des strates administratives jugées inutiles : les Régions et les “intercommunalités qui coûtent un pognon de dingue”.

Enfin, il propose un geste que, selon lui, les Français attendent : l’exemplarité. “Pourquoi ils n’ont pas annoncé le même jour que les salaires des ministres, du président, du Premier ministre et les indemnités des parlementaires sont diminués de 10 % ?”. Il va même plus loin, réclamant la suppression pure et simple du Sénat et du Conseil économique et social (CESE).

Ce clash monumental révèle bien plus qu’une simple opposition politique. Il expose une fracture totale, deux visions irréconciliables de la France. D’un côté, un pouvoir macroniste qui, main dans la main avec des figures de “l’ancien monde” comme François Bayrou, tente de sauver les meubles par des “arrangements” politiques et une austérité budgétaire ciblée sur les classes moyennes et les plus fragiles.

De l’autre, une colère populiste incarnée par Florian Philippot, qui dénonce un “système” à bout de souffle et appelle non pas à des réformes, mais à une révolution : reprise de la souveraineté nationale, démantèlement des “corps intermédiaires” jugés parasites, et arrêt des “folies” dispendieuses à l’international pour se reconcentrer sur le peuple français.

La vidéo, virale, laisse le citoyen seul juge, face à un écran de fumée. Qui dit vrai ? Qui manipule ? Entre la “République des copains” et la “démagogie” souverainiste, la vérité circule, mais elle est plus fracturée que jamais.