Il est l’incarnation vivante du romantisme, une voix de velours qui a bercé des millions de cœurs à travers le monde. Mais derrière le sourire éclatant et le bronzage éternel de Julio Iglesias se cache une histoire bien plus complexe, faite de brisures, de résilience et d’une quête éperdue d’amour. À l’aube de ses 80 ans, la légende espagnole se livre comme jamais sur son parcours hors norme, de son rêve brisé de footballeur à sa rencontre miraculeuse avec Miranda, la femme qui a apaisé le “Latin Lover”.

Julio Iglesias n’était pas prédestiné à tenir un micro. Né dans une famille aisée de Madrid en 1943, fils d’un gynécologue réputé, le jeune Julio avait un tout autre plan de carrière : le football. Talentueux, déterminé, il gardait les cages de l’équipe réserve du Real Madrid. L’avenir semblait tout tracé sur la pelouse du stade Santiago Bernabéu. Mais le destin, parfois cruel, en a décidé autrement.

Du drame à la gloire : La naissance d’une étoile

Tout bascule une nuit, lors d’une virée entre amis. Une voiture qui rate un virage, un choc violent à plus de 160 km/h. Julio survit, mais le verdict médical est sans appel : sa carrière sportive est finie. Pire, les médecins doutent qu’il puisse remarcher un jour. “Je pense que c’est la période la plus pénible que j’ai jamais vécue”, confie-t-il avec émotion.

C’est là, cloué sur un lit d’hôpital, face à l’effondrement de ses rêves, que la magie opère. Pour tromper l’ennui et la douleur, on lui offre une guitare. Julio commence à composer, à chanter sa peine et ses espoirs. La musique devient sa thérapie, puis sa nouvelle vocation. Sa victoire au Festival de Benidorm dans les années 60 marque le début d’une ascension fulgurante. Le monde découvre alors ce chanteur au charme magnétique, capable de chanter l’amour dans 14 langues. Avec plus de 300 millions d’albums vendus, il devient l’artiste latin le plus populaire de tous les temps.

Le mythe du séducteur aux 3000 femmes

Avec la gloire vient la réputation. On le surnomme le “Sinatra espagnol”. Son élégance, son regard de braise et ses paroles enflammées construisent le mythe d’un séducteur insatiable. La rumeur, tenace, lui prête plus de 3000 conquêtes féminines. Un chiffre qui fait sourire l’intéressé aujourd’hui.

“Je ne compte pas les chiffres”, s’amuse-t-il, tout en plaisantant que le total pourrait être de 20 000 en 2014. Mais derrière la boutade se cache un profond respect. “J’admire profondément les femmes, c’est auprès d’elles que j’acquiers des connaissances”. Julio Iglesias n’a jamais caché son amour pour la gent féminine, mais il insiste sur la distinction entre la légende du “Latin Lover” et la réalité de l’homme, père de huit enfants, qui cherche avant tout une connexion sincère.

L’échec d’une première vie

Cette quête d’équilibre n’a pas été sans heurts. Son premier mariage avec la socialite Isabel Preysler, mère de ses trois premiers enfants (dont le célèbre Enrique Iglesias), a souffert de sa célébrité dévorante. Les tournées incessantes, les absences prolongées et les rumeurs d’infidélité ont eu raison de leur union. Une période douloureuse où le chanteur, adulé par les foules, vivait un échec personnel retentissant, voyant sa famille s’éloigner.

Miranda : La rencontre qui a tout changé

Et puis, il y a eu Jakarta. Un aéroport, une foule, et au milieu, une jeune femme néerlandaise de 25 ans : Miranda Rijnsburger. Julio en a 47. Le coup de foudre est immédiat, absolu. Il l’invite à son concert, puis à le suivre en tournée. Miranda, mannequin, hésite, puis se lance. C’est le début d’une histoire d’amour qui dure depuis plus de trois décennies.

Miranda n’est pas seulement une nouvelle compagne ; elle devient son ancre. Discrète, posée, elle apporte à Julio la stabilité qui lui manquait cruellement. Elle s’installe à Miami, tisse des liens avec les enfants du premier mariage de Julio, et ensemble, ils fondent une nouvelle famille. Miguel, Rodrigo, les jumelles Victoria et Cristina, et Guillermo viennent sceller cet amour.

Ce qui frappe dans leur histoire, c’est leur patience. Ils vivront ensemble pendant vingt ans avant de décider de se marier. Une cérémonie secrète, intime, célébrée en 2010 dans leur refuge de Marbella, loin des caméras, avec leurs cinq enfants pour seuls témoins. “Le moment était bien choisi”, explique Julio simplement. Pour lui, Miranda est celle qui lui a permis de regarder vers l’avenir plutôt que de ressasser le passé.

Le secret de leur longévité ? La liberté !

Aujourd’hui, à 80 ans, Julio Iglesias semble avoir trouvé la recette du bonheur conjugal, aussi atypique soit-elle. Le couple vit… séparément. Miranda réside souvent à Miami avec les enfants, tandis que Julio préfère la quiétude de la République Dominicaine.

Cette distance géographique, loin d’éloigner les cœurs, semble les rapprocher. Grâce à son jet privé, le couple se retrouve régulièrement, préservant ainsi la flamme des retrouvailles et l’indépendance de chacun. “Elle est la femme la plus importante de ma vie”, répète-t-il à l’envi. Miranda a su comprendre et accepter le besoin de liberté de l’artiste, tout en lui offrant un foyer aimant et solide.

L’histoire de Julio Iglesias est celle d’un homme qui a transformé un drame en triomphe, et qui, après avoir été l’amant de toutes les femmes dans ses chansons, a fini par trouver celle qui méritait, seule, le titre d’amour de sa vie. Une belle leçon qui prouve qu’il n’est jamais trop tard pour trouver sa moitié et que l’amour, le vrai, se moque des conventions.