L’image avait stupéfié la France. En 2007, quelques mois à peine après l’élection triomphale de Nicolas Sarkozy, la Première Dame n’était plus là. Pas de déclaration, pas d’adieu officiel. Juste un vide, une absence assourdissante que les communicants de l’Élysée tentaient désespérément de maquiller. Cécilia Sarkozy, celle que la presse surnommait la “femme de fer” du Président, s’était volatilisée. Quinze ans plus tard, Cécilia Attias, aujourd’hui âgée de 67 ans, brise enfin un silence qui a nourri tous les fantasmes. Et ses mots sont explosifs.

Dans une interview confession accordée à TF1 en 2025, l’ex-Première Dame la plus énigmatique de la Ve République a vidé son sac, racontant de l’intérieur une histoire que le public ne connaissait qu’à travers les rumeurs. “Je vivais dans un rôle imposé, ce n’était pas moi”, a-t-elle lâché, résumant en une phrase le drame personnel qui s’est joué derrière les murs dorés de l’Élysée.

Pour comprendre sa fuite, il faut comprendre qui elle est. Cécilia Ciganer Albénise, née d’un père tailleur russe et d’une héritière espagnole, a toujours été une femme indomptable, fuyant les conventions. Son premier mariage avec l’animateur star Jacques Martin l’avait déjà propulsée dans les cercles médiatico-politiques. Mais c’est sa rencontre en 1984 avec le jeune maire ambitieux de Neuilly, Nicolas Sarkozy, qui scelle son destin.

Huit ans plus tard, elle quitte Jacques Martin pour vivre cette “passion sulfureuse”. Leur union, officialisée en 1996, n’est pas seulement romantique. C’est une fusion politique. Cécilia devient la conseillère officieuse, l’éminence grise de son mari. Elle rédige des discours, corrige ses attitudes, participe activement à sa stratégie. “Elle lisait en lui comme dans un livre ouvert”, confiait un proche au Figaro. Elle est à ses côtés au ministère de l’Intérieur, découvrant les “coulisses impitoyables du pouvoir, les intrigues, les trahisons”.

Le problème, c’est que si elle aimait le combat politique, elle va détester la victoire. En mai 2007, lorsque Nicolas Sarkozy accède à la présidence, elle devient Première Dame “malgré elle”. Le choc est immédiat. Elle se heurte à la “rigidité du protocole” et à la “voracité médiatique”. “Je ne suis pas née pour être une icône”, répète-t-elle dans l’intimité.

La “cage dorée” se referme. La politique, qui les avait unis, a “englouti leur intimité”. Les tensions avaient commencé bien avant l’Élysée. Dès 2005, elle se sent seule. Dans une lettre privée révélée lors de l’interview, elle écrivait à une amie : “Je dors à côté d’un homme qui ne m’écoute plus. Tout ce que je dis devient politique”. Le pouvoir a “possédé” Sarkozy, dira-t-elle avec une lucidité presque tendre en 2025.

C’est dans ce “huis clos émotionnel” qu’elle rencontre Richard Attias, le brillant homme d’affaires. Leur complicité discrète devient rapidement un “scandale d’État”. Alors que son mari célèbre sa victoire, Cécilia s’enfuit à New York et à Marrakech. L’Élysée sait que la Première Dame n’est plus là.

L’épisode des infirmières bulgares en Libye, en juillet 2007, sera le point de non-retour. Envoyée comme émissaire auprès de Kadhafi, elle réussit sa mission et ramène les prisonnières. Mais ce qui aurait dû être une victoire se transforme en “malaise politique”. On l’accuse de jouer les diplomates parallèles. Le Canard Enchaîné ironise : “Madame la Présidente mène sa propre diplomatie”. Ce jour-là, elle comprend qu’elle n’a plus sa place.

La fin de son séjour à l’Élysée ressemble à un thriller. Elle décrit une vie sous haute surveillance. “Je ne pouvais même plus sortir marcher sans qu’on me demande où j’allais”, confie-t-elle. Ses appels sont “filtrés”, ses déplacements “limités”, ses conversations “notées”. Le protocole est devenu une prison. Lors de son interview de 2025, elle avoue : “Je n’étais plus qu’une ombre. Tout ce que je faisais était contrôlé. On me disait ‘Souris’ alors que j’avais envie de crier”.

Et puis, il y a le mystère du “carnet secret”. Depuis des années, la rumeur court. Cécilia aurait tenu un “cahier noir” où elle consignait “chaque nom, chaque promesse, chaque compromission” entendus dans les couloirs du pouvoir. Une “arme silencieuse” capable, selon certains, “d’ébranler le mythe Sarkozy”. Un ancien conseiller aurait même confirmé son existence. Interrogée à ce sujet en 2025, Cécilia Attias se contente de sourire, avant de lâcher cette phrase devenue culte : “Le silence protège mieux que les mots”.

Le 18 octobre 2007, le divorce est prononcé. Cinq mois après l’élection. Une première dans la République. Elle quitte l’Élysée par une “porte latérale”, sans un mot pour la presse. Elle a choisi la liberté au prix du scandale.

Elle épouse Richard Attias à New York en 2008 et commence sa deuxième vie. Loin de Paris, elle se réinvente. Elle participe à la fondation de Richard Attias & Associates et crée sa propre fondation pour les femmes. Elle devient une femme d’affaires et une figure du “soft power” mondial, s’exprimant à des forums de New York à Marrakech. Son patrimoine personnel, estimé par Forbes France entre 20 et 25 millions d’euros en 2024, provient en grande partie de ses investissements et de son travail aux côtés de son mari.

Son retour médiatique en 2025 n’est pas un règlement de comptes, assure-t-elle, mais une volonté de “laisser une trace véridique avant que d’autres ne réécrivent l’histoire”. Elle ne se présente pas comme une victime, mais comme une femme qui a repris le contrôle. Le Paris Match a bien révélé en 2023 qu’un ancien collaborateur de l’Élysée aurait tenté de “l’intimider” au sujet d’histoires financières de la campagne 2007, mais elle refuse de commenter.

Aujourd’hui, Cécilia Attias vit à Genève, dans un “calme presque suspendu”, savourant l’anonymat qu’elle n’a jamais eu. Elle est restée dans l’Histoire comme la Première Dame qui a “osé dire non”. Non au protocole, non à l’hypocrisie, non à la prison dorée. Lorsqu’on lui demande si elle referait les mêmes choix, sa réponse fuse, tel un manifeste : “Oui. Parce qu’au moins cette fois-là, c’était moi”.