“Macron a cru que le Pape était Brigitte !”. La phrase tombe comme un couperet, à la fois absurde et terriblement visuelle. Le ton est donné. Bienvenue dans l’univers de l’humour sans filtre, celui qui pique, qui dérange, mais qui fait rire aux éclats. Une vidéo intitulée “La loupe politique” propose une compilation de ce que l’humour français produit de plus corrosif, un style que Bernard Mabille, le célèbre chansonnier, maîtrise à la perfection.

La vidéo se présente comme une “revue de presse qui ne fait pas de prisonnier”, et la promesse est tenue. En à peine plus de trois minutes, le spectateur est embarqué dans un train fantôme de l’actualité, où chaque nouvelle est disséquée, moquée et poussée à son paroxysme. C’est un exercice de style salutaire à l’ère du politiquement correct, un espace où “la direction décline toute responsabilité en cas de choc, d’offense ou de fou rire incontrôlable”. Et du choc, il y en a.

Le plat de résistance : Chasseurs, “très saignant”

Après une mise en bouche sur la “gaffe présidentielle” au Vatican et un rappel cynique que pendant ce temps, Kylian Mbappé a gagné 30 000 euros, la revue de presse entre dans le dur. “Attachez vos ceintures, on passe au plat de résistance. Et c’est saignant, très saignant”. La cible ? Les chasseurs.

L’humour, pour être efficace, doit s’ancrer dans le réel. Et le réel, c’est parfois ce fait divers tragique : “ce mec de 82 ans qui, en Gironde, a tué sa femme croyant tirer sur un sanglier”. L’histoire est terrible. Simone, qui ramassait des champignons, n’a pas eu le temps de crier “Robert, tire pas !”. L’humoriste s’empare de ce drame, non pas pour s’en moquer, mais pour souligner l’absurdité de la situation, amplifiée par l’annonce d’un “test d’économie bientôt obligatoire pour nos chasseurs”. La chute est implacable : “on va leur faire souffler dans le ballon”.

Le sujet est si porteur que l’attaque continue. La vidéo enchaîne avec une blague qui est devenue un classique du genre : “Vous connaissez la différence entre la bière et le chasseur ? On trouve des bières sans alcool”. C’est simple, direct, et d’une efficacité redoutable. Le rire naît de la caricature, de ce sentiment de danger que les chasseurs peuvent inspirer, ici tourné en dérision totale.

La zone rouge : L’humour noir géopolitique

Mais la revue de presse ne s’arrête pas aux frontières de l’Hexagone. Elle nous entraîne dans “la zone rouge de l’humour”, là où le rire devient un réflexe nerveux face à l’horreur. Le sujet : Danone et son départ tardif de Russie.

L’humoriste note, ironique, qu’il a fallu “quand même avoir des bolocs pour la sortir sans perdre une dent celle-là”. Il souligne que Danone a fait “un carton” en Russie, “c’est pour ça qu’il voulait rester là-bas”. Et c’est là que la blague bascule dans l’humour noir le plus total, le plus choquant : Danone aurait lancé “sa dernière gamme de yaourts. Des yaourts avec des vrais morceaux de petits ukrainiens”.

Un silence. L’horreur de l’image. L’animateur lui-même est obligé de commenter : “Oh non ! Horrible !”. Mais la blague a fait son effet. Elle a utilisé l’actualité la plus tragique (la guerre en Ukraine) et la plus cynique (le business qui continue) pour créer une image monstrueuse. C’est le propre de l’humour corrosif : il ne respecte rien, pas même la guerre, pour mieux en dénoncer l’absurdité et l’hypocrisie.

Le dessert acide : Zemmour, l’arroseur arrosé

Après ce plat de résistance sanglant, la vidéo propose un “petit dessert politique bien acide qui pique la langue”. La cible est parfaite : Éric Zemmour.

L’humoriste, que la vidéo identifie comme “Mabille”, raconte une rencontre imaginaire avec le polémiste. “Salut Éric, tu fais quoi ? J’attends un VTC depuis ce matin”. La blague pourrait s’arrêter là, mais c’est la suite qui est géniale. C’est une construction parfaite de “l’arroseur arrosé”. “Bon, quand tu vois que les chauffeurs de VTC se prénomment… Aïe aïe aïe… Boubakar, Farid, Karim, Mohamed et Mustapha… Tu dis que Zemour peut les attendre un moment”.

Le rire est immédiat. La blague est d’une cruauté comique absolue. Elle utilise les propres thématiques de Zemmour (l’immigration, les prénoms) pour le piéger dans une situation quotidienne absurde. C’est une critique politique redoutable, déguisée en une simple vanne. L’humoriste conclut lui-même : “Voilà ce qui arrive quand on sait pas fermer sa gueule”.

Le mot de la fin : La crise pour tous

De Macron qui confond le Pape et sa femme à Zemmour qui ne trouvera jamais son Uber, en passant par Mbappé qui gagne trop d’argent et une blague rapide sur une certaine “Zo” au “prix du bois de Boulogne”, personne n’est épargné. La revue de presse est un jeu de massacre où tout ce qui fait l’actualité est broyé.

Mais l’humoriste n’oublie pas le public. La dernière blague est la plus universelle, celle qui touche tout le monde. L’animateur annonce qu’il doit quitter : “je dois lancer une machine à heures creuses”. La crise de l’énergie, les “économies par économie”, voilà ce qui unit le peuple. C’est une façon brillante de boucler la boucle : on peut se moquer des puissants, des chasseurs, et même de l’horreur de la guerre, mais à la fin, nous sommes tous logés à la même enseigne, celle des factures d’électricité.

Cette “avalanche d’humour sans filtre” est un exutoire. Elle prouve que le rire est la meilleure des armes contre la morosité, l’hypocrisie et le “politiquement correct”. C’est un rire qui fait grincer des dents, un rire qui choque, mais un rire qui libère. Et comme le dit la conclusion de la vidéo, il est à “consommer avec modération… et loin des oreilles sensibles”.