Claudia Cardinale, icône du cinéma italien et international, s’est éteinte le 23 septembre 2025, à Nemours, en France, à l’âge de 87 ans. La nouvelle a bouleversé le monde de la culture et du septième art, tant son nom évoquait à lui seul l’âge d’or du cinéma européen. Selon les informations relayées par l’Agence France-Presse, l’actrice est décédée « auprès de ses enfants », Patrick et Claudia, qui l’ont accompagnée jusqu’à son dernier souffle. Cette précision, bien que discrète et pudique, souligne le lien indéfectible qui unissait la star à ceux qui comptaient le plus dans sa vie, malgré les tempêtes et les non-dits qui avaient jalonné son parcours familial.

Pour comprendre l’émotion profonde suscitée par sa disparition, il faut se replonger dans la trajectoire singulière de Claudia Cardinale. Née à Tunis en 1938, dans une famille d’origine sicilienne, elle avait d’abord songé à devenir enseignante. Le destin en décida autrement lorsqu’elle fut élue « plus belle Italienne de Tunis » à dix-sept ans. Ce concours de beauté lui ouvrit les portes du cinéma, même si, au départ, elle refusait farouchement de se laisser entraîner par les caméras. Ses premiers pas à Rome furent hésitants, mais très vite, les plus grands cinéastes remarquèrent son charisme unique et sa beauté méditerranéenne, à la fois lumineuse et mystérieuse.

Derrière cette ascension fulgurante se cachait toutefois une blessure intime. À l’âge de dix-sept ans, Claudia avait été victime d’un viol. De cette épreuve douloureuse naquit son fils Patrick. Pendant de longues années, l’actrice, contrainte par son entourage professionnel, fit passer l’enfant pour son « petit frère » afin de préserver son image publique et sa carrière naissante. Ce lourd secret, elle ne l’avouera que bien plus tard, une fois établie comme l’une des plus grandes stars de sa génération. Ce silence imposé illustre les sacrifices que de nombreuses actrices de l’époque ont dû consentir pour exister dans une industrie dominée par des normes rigides et patriarcales.

Patrick, devenu réalisateur, a toujours entretenu une relation singulière avec sa mère, oscillant entre complicité et fardeau d’un passé douloureux. En 1979, Claudia donna naissance à une fille, également prénommée Claudia, fruit de son union avec le réalisateur italien Pasquale Squitieri. Contrairement aux débuts chaotiques de sa maternité avec Patrick, l’arrivée de sa fille marqua une période plus apaisée. Ces deux enfants, nés dans des contextes si différents, sont restés les piliers de la vie privée de l’actrice, l’accompagnant jusque dans ses dernières années passées à Nemours.

Car Claudia Cardinale, après avoir illuminé les écrans du monde entier, avait choisi de s’installer loin du tumulte médiatique, dans cette petite ville de Seine-et-Marne. Avec sa fille, elle avait transformé leur demeure en un lieu ouvert à la culture, fidèle à son désir de rester toujours connectée à l’art et aux générations futures. Elle y menait une existence discrète, mais entourée, préservant ainsi un équilibre entre sa mémoire de star et son rôle de mère et de grand-mère.

Son décès « auprès de ses enfants » a une portée symbolique. Après une vie marquée par tant de contradictions – entre gloire publique et drames intimes, entre lumière et ombre – elle est partie entourée de ceux qui avaient incarné ses plus grandes responsabilités et ses plus grandes luttes. Patrick et Claudia, selon plusieurs proches, étaient très présents à ses côtés ces dernières années, et leur douleur, exprimée dans la presse, témoigne du poids de l’héritage humain qu’elle leur laisse. Même si les médias n’ont pas détaillé un « dernier vœu » officiel, la simple présence de ses enfants au moment de sa mort est en soi une forme de testament : celui d’une femme qui, malgré les épreuves, avait su retisser le fil de ses liens familiaux.

L’annonce de sa disparition a suscité une vague d’hommages à travers le monde. Les cinéphiles se sont souvenus de ses rôles mythiques : la princesse Angelica dans Le Guépard de Visconti, la mystérieuse Jill dans Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone, ou encore la muse insaisissable de Fellini dans . Sa filmographie, riche de plus de cent films, a traversé les époques et les frontières, faisant d’elle une ambassadrice de la culture italienne et européenne. Au-delà de ses performances, Claudia représentait une certaine idée de la femme moderne : indépendante, passionnée, et refusant de se plier aux carcans.

Aujourd’hui, alors que Patrick et Claudia pleurent leur mère, le monde se souvient d’une artiste mais aussi d’une combattante. Combattante pour son intimité, qu’elle a longtemps protégée. Combattante pour ses enfants, qu’elle a élevés malgré les contraintes et les jugements. Combattante, enfin, pour le cinéma, auquel elle a consacré toute son énergie, sa beauté et son talent. Sa mort à 87 ans n’efface pas cette présence, car comme toutes les grandes icônes, elle continuera de vivre à travers ses films et les récits de ceux qui l’ont connue.

Ainsi s’achève le parcours de Claudia Cardinale, une étoile qui, même en s’éteignant, laisse derrière elle une lumière durable. Ses enfants, Patrick et Claudia, en étant à ses côtés jusqu’au dernier instant, perpétuent ce legs intime : celui d’une femme dont la vie fut un mélange de grandeur et de douleur, de triomphes éclatants et de blessures secrètes, mais toujours guidée par un inébranlable désir de liberté et d’amour.