Vincent Lagaf’ brise le silence sur son passé douloureux : l’angoisse d’une identité déchirée et le prénom qu’il n’a découvert qu’à l’âge adulte

Vincent Lagaf’, c’est une carrière d’animateur et d’humoriste explosive, marquée par des cascades télévisuelles et un rire inimitable. Mais derrière ce nom de scène, il y a d’abord une identité : celle de Franck Rouïl, son véritable prénom, qu’il n’a découvert que bien plus tard. Voici son histoire.

Vincent Lagaf’, c’est une voix, une énergie débordante et une carrière télévisuelle marquée par des jeux devenus cultes. Le Bigdil, Crésus, L’Or à l’appel… Son humour et sa bonne humeur ont conquis des millions de téléspectateurs, mais derrière cette image de showman, peu connaissent l’histoire de son nom. Car avant d’être Vincent Lagaf’, il était Franck Rouïl, un prénom qui lui avait été donné à la naissance mais qu’il n’a découvert que bien plus tard.

Né en 1959 à Mont-Saint-Aignan, près de Rouen, Franck Rouïl connaît dès ses premiers jours une vie mouvementée. Sa mère biologique, trop jeune et dans une situation précaire, n’était pas en mesure de l’élever. Le petit garçon passe donc les premiers mois de sa vie en foyer avant d’être adopté par une famille ouvrière. Son père adoptif travaillait dans la construction navale, sa mère adoptive se consacrait au foyer.

Ce sont eux qui lui donneront le prénom de Vincent, effaçant ainsi les traces de Franck. Une décision lourde de conséquences, qui sera plus tard qualifiée par lui-même “d’erreur” car elle l’a profondément troublé dans son identité. Enfant vif, parfois turbulent, il grandit en Normandie et se fait rapidement remarquer pour son sens de la blague et son énergie débordante. L’école ne le passionne guère : il arrête assez tôt ses études pour se former dans les métiers manuels, notamment la mécanique et la réfrigération.

Très jeune, il prend l’habitude de faire rire son entourage. Ses camarades de quartier et ses collègues de formation découvrent un garçon qui adore monter des sketches improvisés, chanter et amuser la galerie. Sans le savoir, les bases de son futur métier d’artiste étaient déjà posées.

Contrairement à d’autres artistes ayant choisi un pseudonyme pour la scène, Vincent Lagaf’ n’a jamais décidé de changer de prénom lui-même. Ce sont ses parents adoptifs qui, lorsqu’ils l’accueillent, font le choix de le rebaptiser Vincent. Pour lui, c’est un tournant qu’il qualifie aujourd’hui d’erreur profonde : “C’est une erreur de changer le nom de quelqu’un. Ça te nique le cerveau”, affirme-t-il.

Le déclic survient des années plus tard. À 30 ans, il interroge son père adoptif sur ses origines, cherchant à combler les zones d’ombre de son passé. C’est à ce moment-là qu’il apprend qu’avant d’être Vincent, il s’appelait Franck. “Ce jour-là, j’ai compris pourquoi, dans la rue, quand j’entendais “Franck”, ça m’interpellait toujours. C’était mon prénom pendant les 18 premiers mois de ma vie”, raconte-t-il. Un choc identitaire qui l’a poursuivi toute sa vie. Lui qui se croyait Vincent depuis toujours réalise qu’il a en fait été Franck Rouïl avant de devenir Vincent Lagaf’.

Si Vincent Lagaf’ n’a pas choisi son prénom, il n’a pas non plus décidé de son nom de scène. Tout commence au Club Méditerranée, où il travaille comme animateur. Un jour, il assiste à une scène qui va involontairement lui offrir son futur pseudonyme. “Je tenais un gamin dans les bras, il est tombé à l’eau et j’ai mis 30 secondes à le retrouver”, raconte-t-il. L’incident, bien que sans dommage, amuse ses collègues, qui le surnomment immédiatement “La Gaffe”. “Le chef de village m’a dit : ‘À partir d’aujourd’hui, je t’interdis d’approcher le mini club à moins de 50 mètres et on va t’appeler Lagaf’ parce que t’en rates pas une !’”, se souvient-il.

Le surnom lui colle à la peau. Lorsqu’il se lance à Paris dans le monde du spectacle, il continue à l’utiliser. Mais un problème se pose : Franquin, le créateur de Gaston Lagaffe, risque de ne pas voir ce nom d’un bon œil. C’est Guy Lux, célèbre producteur de télévision, qui le met en garde : “Tu vas être embêté, tu ne peux pas t’appeler Lagaf’ comme ça”. Plutôt que de l’abandonner, il décide d’en modifier l’orthographe. La Gaffe devient Lagaf’, avec une apostrophe, pour éviter toute confusion avec le personnage de BD.

Avant de connaître la gloire sur TF1, Vincent Lagaf’ a multiplié les petits boulots : ouvrier, mécanicien, animateur de villages vacances. Ces expériences nourrissent son humour et son sens du contact. Quand il débarque à Paris pour tenter sa chance, il n’a pas de plan de carrière précis, mais une certitude : il veut faire rire et partager son énergie. Le reste appartient à l’histoire.

Retrouvez chaque samedi “La petite histoire des noms de stars”Découvrez pourquoi des artistes comme Alain Chamfort, Jérémy Ferrari, Miou Miou ou Jenifer ont choisi d’entrer dans la lumière derrière un pseudonyme, dans l’émission “La petite histoire des noms de stars”. Au micro de Patrice Gascoin, cette émission lève le voile sur les histoires qui se cachent derrière ces noms emblématiques.