Trois ans après la mort de son fils Antoine, d’un talent exceptionnel, Yannick Alléno ne parvient toujours pas à apaiser sa douleur : “Il a commis des actes irréparables !”

Le 8 mai 2022, le ciel de Paris s’est effondré pour Yannick Alléno. Le chef triplement étoilé, habitué à briller à travers l’aura de ses établissements prestigieux, est soudain devenu un père en deuil. Antoine, son fils de 24 ans, talentueux et animé par le désir de marcher dans ses pas, a perdu la vie dans un accident tragique.

 

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Trois ans ont passé, mais la plaie reste béante. Le 13 septembre 2025, de retour sur les ondes d’Europe 1, Yannick Alléno n’a pu contenir ses larmes. Sa voix s’est brisée lorsqu’il a déclaré : « Il a commis l’irréparable. Quoi qu’il en soit, ce sera toujours une injustice, rien ne pourra compenser cela. »

 

Antoine Alléno, 24 ans, figure prometteuse de la nouvelle génération de chefs français, a emporté avec lui un rêve inachevé.D’après les premiers éléments de l’enquête, la voiture qui l’a percuté était un véhicule de luxe fraîchement volé par un homme en fuite, bien qu’il ne soit pas poursuivi par la police. Le véhicule a heurté une voiture VTC et le scooter qu’Antoine conduisait. Le jeune homme est mort sur le coup. Son passager, ainsi que le chauffeur du VTC, ont été transportés à l’hôpital mais leurs vies n’étaient pas menacées.

L’accident est survenu peu après 23 heures. Le conducteur du véhicule volé a tenté de fuir avant d’être rapidement maîtrisé par un policier en civil, selon les sources. Cet homme était déjà bien connu des services de police.

 

Pour Yannick Alléno, ce souvenir reste une lame qui s’enfonce chaque jour davantage. Dans une interview accordée à Gala, il avait déjà dénoncé : « Celui qui a tué mon fils n’a purgé que six mois de prison, dont deux en détention provisoire. Pendant ce temps, tout un système s’est mobilisé pour s’occuper de lui : policiers, médecins, psychologues… Et moi, je suis arrivé à l’hôpital en ambulance, assis sur une chaise bancale, sans qu’on m’adresse un mot, sans un verre d’eau, avant de recevoir la facture du transport. Voilà ce qu’on appelle “l’égalité” dans ce pays. »

 

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Le 31 octobre 2024, au tribunal de Paris, l’auteur de l’accident a finalement été condamné à sept ans de prison ferme et dix ans d’interdiction de conduire. Une peine qui semblait lourde sur le papier, mais qui pour un père ayant perdu son fils, n’était rien d’autre qu’un chiffre dénué de sens. « Ce sera toujours une injustice. Rien ne compensera jamais cela », répète Alléno.

 

 

Ses paroles ne traduisent pas seulement sa douleur personnelle, mais aussi celle de centaines, voire de milliers de familles françaises qui, chaque année, perdent un enfant dans un accident de la route. « La route est la première cause de mortalité chez les jeunes de ce pays », insiste-t-il. Yannick Alléno fut longtemps l’incarnation de la gastronomie française : des établissements prestigieux, des distinctions internationales, des projecteurs incessants. Mais la mort d’Antoine a tout balayé. L’homme fier s’est retrouvé désemparé.

 

« Depuis qu’Antoine est parti, nous nous sommes davantage repliés sur nous-mêmes. Je n’ai plus envie de sortir. À la maison, je cuisine davantage, alors qu’auparavant je pouvais me contenter d’un paquet de chips. Aujourd’hui, je prépare moi-même une soupe de lentilles au satay, que j’accompagne d’un verre de Saint-Joseph blanc, et j’y trouve un peu de réconfort. Laurence – ma femme – cuisine aussi. Son risotto est meilleur que le mien », confie-t-il, mi-souriant, mi-mélancolique.

 

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Ces repas familiaux, autrefois ordinaires, sont devenus une forme de thérapie. Dans la chaleur de la cuisine, au milieu des parfums et des flammes, Alléno retrouve un fragile équilibre.

 

 

L’histoire de Yannick Alléno n’est pas seulement celle d’un drame intime touchant une famille célèbre. Elle révèle la fragilité de la jeunesse, l’impuissance de la justice face aux pertes irréparables. Elle pose aussi une question collective : que faire pour éviter de tels drames ? Le chef sait que son fils ne reviendra jamais. Mais il veut transformer sa douleur en voix, pour qu’au moins la mort d’Antoine ne soit pas vaine.

 

Aujourd’hui, Yannick Alléno n’est plus seulement le chef célébré dans le monde entier. Il est l’image d’un père effondré mais debout, d’un homme qui utilise la cuisine pour retenir la vie et la mémoire.

 

 

Aux yeux du public, il demeure un artisan du goût. Mais pour lui-même, chaque plat est désormais un murmure adressé à son fils disparu : Antoine. « Il a commis l’irréparable. Mais je dois continuer à vivre, à cuisiner, car c’est la seule façon de garder mon fils vivant en moi. »

 

Yannick Alléno et Patricia Kaas

Yannick Alléno et Patricia Kaas

Entre 2008 et 2009, Yannick Alléno, alors au sommet de sa carrière avec plusieurs restaurants étoilés Michelin, a vécu une idylle brève mais remarquée avec Patricia Kaas, chanteuse en tournée permanente à travers le monde. Bien que le couple ait rapidement attiré l’attention du public, leurs emplois du temps chargés et un rythme de vie effréné n’ont permis à cette relation de durer que sept mois. Patricia confia un jour que, si l’on compte vraiment, leur temps passé ensemble ne dépassait pas trois mois. Elle se souvenait néanmoins de Yannick comme d’un homme « tendre, attentionné et présent ». Plus tard, la chanteuse admit que ses propres insécurités avaient aussi fragilisé cette histoire : « Quand on ne s’aime pas soi-même, comment peut-on aimer l’autre ? ».Malgré la rupture, ce lien a laissé une empreinte chaleureuse dans la mémoire de Patricia, tandis que Yannick Alléno poursuivait sa route et trouvait le bonheur auprès de l’artiste Laurence Bonnel, qui devint son épouse en 2015.