Thierry Ardisson en Une de Match : histoire d’une photo

Thierry Ardisson en Une de Paris Match. Thierry Ardisson en Une de Paris Match. © Hubert Fanthomme

Mort de Thierry Ardisson : Paris-Match publie à la Une une photo de l'animateur dans un cercueil - ladepeche.fr

En 2005, Thierry Ardisson acceptait, pour « Paris Match », de poser dans un cercueil. Il en avait choisi les moindres détails. Retour sur une séance photo inoubliable.

Thierry Ardisson: ses obsèques se tiendront jeudi 17 juillet à l'église Saint Roch« C’est un peu étroit tout de même. Mais c’est confortable. Comment faut-il que je me tienne ? » Lundi 29 août 2005 dans un salon funéraire en face du cimetière du Père-Lachaise, Thierry Ardisson se glisse dans un cercueil. Il s’apprête à sortir sa deuxième autobiographie, « Confessions d’un baby-boomer », écrite en collaboration avec Philippe Kieffer. Quelques détracteurs lui reprochent d’être rentré dans le rang, de s’être embourgeoisé. Deux ans plus tôt, le magazine « Technikart » annonce même sa mort médiatique alors que son émission « Tout le monde en parle » est le rendez-vous incontournable des samedis soir.

Pour faire taire les mauvaises langues, nous convenons de monter cette photo. Il a tout choisi : l’acajou de la boîte, la couleur du capiton, le sourire que ce trompe-la-mort veut arborer, les lunettes de soleil qu’il chausse à la dernière seconde. « Juché en haut d’un escabeau, je me souviens de nos éclats de rire ainsi que du soin que nous avons pris à rendre sa position de mort la plus crédible possible. Une dame des pompes funèbres nous donnait des conseils », révèle Hubert Fanthomme, auteur de ce cliché tristement d’actualité. Des années durant, Ardisson me répéta que de toutes les photos qu’il a faites pour Match – des centaines –, celle-ci était sa préférée. Il s’est senti si bien dans ce sarcophage qu’il s’y endormit quelques minutes. Thierry Ardisson en 2005 Thierry Ardisson en 2005 © Hubert Fanthomme

Meilleur autoportrait de cet infatigable inventeur

Thierry avait 56 ans. Il avait déjà peur de la mort, savait qu’il avait malmené son foie et, à l’approche de l’été, s’astreignait chaque année à un check-up à l’hôpital américain de Paris, à Neuilly. Pour conjurer le sort, il s’amusait encore de l’inéluctable. Vingt ans plus tard, cette facétie devient le meilleur autoportrait de cet infatigable inventeur, qui détestait le conformisme et les idées toutes faites.

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À l’instant de s’extirper de son sarcophage, Ardisson avait eu, à l’attention de l’employé des pompes funèbres qui avait assisté à la scène, cette réplique : « On ne doit pas avoir l’occasion de vous le dire, mais je vous l’affirme, il est très agréable votre cercueil. » Lors de l’interview qui avait suivi, Thierry avait dévoilé la compagnie avec laquelle il voulait voisiner dans l’au-delà. « Où que j’aille, j’espère bien retrouver Denise Glaser et François Chalais, John Lennon et George Harrison, Paul Morand et Alain Pacadis. » Que Dieu – auquel il croyait fermement – l’entende.