« Je crois à ma bonne étoile » : le testament de Thierry Ardisson

L’amour les yeux fermés, dans ce selfie réalisé par Audrey en 2024. L’amour les yeux fermés, dans ce selfie réalisé par Audrey en 2024. © DR

 

Dans le documentaire « La face cachée de l’homme en noir », diffusé sur TF1, Audrey Crespo-Mara a filmé son mari Thierry Ardisson, décédé à l’âge de 76 ans. Un document poignant en forme de testament.

Mort de Thierry Ardisson : les mots touchants de son épouse, Audrey Crespo-MaraDeux jours après le décès de Thierry Ardisson à l’âge de 76 ans, TF1 a décidé de bouleverser sa programmation avec la diffusion du documentaire « La face cachée de l’homme en noir », réalisé par sa femme, Audrey Crespo-Mara. Pendant des mois, la présentatrice, joker des JT de la première chaîne, a filmé son mari, notamment dans son combat contre la maladie. Thierry Ardisson est mort des suites d’un cancer du foie, qu’il a contracté en 2012. Un document poignant, intime, en forme de testament.

Thierry Ardisson, très impressionné par son épouse Audrey Crespo-MaraLe programme commence à l’hôpital où Thierry Ardisson annonce que le cancer du foie reprend son offensive – « c’est rentré dans ma vie ». Mais il reste optimiste. « Je crois à ma bonne étoile, explique-t-il. Quand on voit d’où je viens, honnêtement, si je n’avais pas eu de bonne étoile, je ne serais pas là, même sur ce lit. » Perfusé, il peut compter sur le soutien de sa femme, assise à ses côtés. Le documentaire se lance et décline les commandements ardissonniens avec le témoignage de ses enfants (« Il est égocentrique », dit sa fille), de son frère et de ses amis.

Thierry Ardisson et Audrey Crespo-Mara plus amoureux que jamais lors d'une superbe soirée (PHOTOS)« C’est pas la vache qui rit, c’est la vache qui pleure »

« Je suis vantard et un peu prétentieux », rigole-t-il en évoquant son enfance où il cherchait à attirer la lumière. Une enfance ennuyeuse où il lit et travaille. « Je n’avais que l’imagination pour m’échapper », signale-t-il. « Je rêvais de strass, de paillettes, de cabaret… J’aurais pu être patron de cabaret », avoue-t-il, en essuyant une larme. « Je pleure comme une vache. C’est pas la vache qui rit, c’est la vache qui pleure. »

Alors qu’il perce dans la publicité et commence à gagner de l’argent, Thierry Ardisson snobe ses parents. « Un jour, pour la fête des mères, j’ai envoyé un télégramme à ma mère lui disant : je ne serai pas là pour la fête des mères, ce sera ma réussite », se souvient-il. « Ma mère n’attendait pas qu’il réussisse, mais elle voulait le voir plus souvent et qu’il soit plus affectif », tranche Patrick, son frère.

« Je ne voulais pas avoir des ratés »

Dans le commandement « La postérité tu rechercheras », ses enfants Manon, Ninon et Gaston témoignent. « Il ne voulait qu’on soit des gosses de riches », explique Manon, l’aînée. Ils ont été élevés en Normandie. « Il venait nous voir le week-end (…) la semaine, il était à Paris, il travaillait », avoue Gaston. « Ils ont eu l’enfance que j’ai rêvé d’avoir », lance Thierry Ardisson.  « Il avait un côté déconnade, mais il était aussi très sévère. Il voulait qu’on ait de bonnes notes », ajoute Gaston. « Ils n’avaient pas le choix. Ils devaient travailler. Je ne voulais pas avoir des ratés », dit l’animateur phare des samedis soirs.

« Dans le troisième âge, on peut aussi trouver plein de raisons de se réjouir. On comprend mieux la vie (…) On devient plus tolérant. J’aime bien cette période, le problème, c’est que ça ne va pas durer longtemps », signale-t-il dans l’avant dernier chapitre du documentaire. « Laisser une trace c’est une manière de lutter contre la mort. »

La mort, Thierry Ardisson la regarde en face. En décembre 2024, il est à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Le foie est fragilisé, mais les nouvelles sont rassurantes. « Quand j’arrive à l’hôpital, je fais le don de mon corps à la science, ils font ce qu’ils veulent (…) L’hôpital, cela vous ramène bien dans le réel. » « Je n’ai pas peur. Je vis tout à fait normalement. Ma crainte, c’est que ça s’emballe », livre-t-il à sa femme Audrey. « Il y a une phrase que j’adore : “Quand tu traverses le désert, avance.” » En mars 2025, on lui découvre des nodules au poumon. « C’est fascinant cette maladie. C’est comme un film, il y a des rebondissements et tout », dit-il devant son médecin.

Une nouvelle bataille s’enclenche. Celle-ci sera perdue. Le programme, très émouvant, s’achève par cette phrase de l’Homme en noir : « On n’a pas changé le monde, mais on s’est bien amusé. »