Il y a cinquante ans, en 1974, sortait un 45 tours qui allait marquer à jamais l’histoire de la chanson française : Le téléphone pleure, interprété par Claude François. À l’époque, le chanteur est déjà une immense vedette, adulée par des millions de fans, mais ce titre allait lui donner une nouvelle dimension, tant par sa charge émotionnelle que par son originalité. Le disque s’est vendu à plus de 2,5 millions d’exemplaires, un chiffre considérable pour l’époque, confirmant ainsi la place de « Cloclo » au sommet de la variété française.

Frédérique a 55 ans : que devient la petite fille du "Téléphone pleure" ? - YouTube

Ce qui rendait cette chanson si particulière, au-delà de la voix et de l’interprétation poignante de Claude François, c’était la présence d’une petite fille de cinq ans qui lui donnait la réplique. Son prénom : Frédéric. Dans le morceau, elle incarne l’innocence d’une enfant qui dialogue au téléphone avec un homme qu’elle ne connaît pas, sans se douter qu’il s’agit de son père. Toute la dramaturgie de la chanson repose sur ce malentendu tragique : le père, séparé, tente d’entrer en contact avec sa fille, mais celle-ci ne le reconnaît pas et répond avec la sincérité et la fraîcheur propres à son âge. À travers ce dialogue simple, presque naïf, c’est tout le drame des familles brisées qui s’exprime, et c’est précisément ce qui toucha tant de Français dans les années 70.

Frédéric n’était pas une petite fille recrutée au hasard pour ce rôle, mais la fille de Nicole Gruillet, qui travaillait comme comptable pour Claude François, et de l’agent artistique Jean-Paul Barkov. L’histoire raconte que Claude, en quête de la voix parfaite pour accompagner sa chanson, aurait trouvé en cette enfant la spontanéité qu’il recherchait. Et c’est ainsi qu’elle participa, presque par hasard, à l’un des plus grands succès de la variété française.

Aujourd’hui, cinquante ans après cette aventure, Frédéric Barkov a 55 ans. Sa vie, bien qu’éloignée des feux des projecteurs, n’a jamais totalement coupé ses liens avec le milieu artistique. Elle est devenue directrice de casting, un métier où elle met à profit son regard, sa sensibilité et sa connaissance du milieu du spectacle. Derrière la caméra, elle contribue à révéler de nouveaux talents et à façonner les distributions de séries et de films. Une trajectoire discrète mais essentielle, qui prouve que l’art et la passion se transmettent parfois d’une manière moins visible, mais tout aussi décisive.

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La transmission, justement, s’est prolongée dans sa propre famille. Frédéric est la maman d’une jeune fille, Chloé, âgée aujourd’hui de 19 ans. Comme un écho au destin de sa mère et au monde artistique qui l’a vu grandir, Chloé s’est lancée dans une carrière de comédienne. On a déjà pu l’apercevoir dans plusieurs séries diffusées sur TF1, où elle s’impose progressivement comme un nouveau visage prometteur. Elle suit les traces de sa mère et, indirectement, de ce lien si particulier qui unit sa famille à l’histoire de Claude François. La boucle semble presque bouclée : de la petite voix d’enfant enregistrée dans un studio en 1974 à la voix de la nouvelle génération sur les écrans en 2025.

Mais la vie n’a pas été exempte d’épreuves pour Frédéric. En 2014, elle a perdu sa maman, Nicole Gruillet, emportée par une crise cardiaque. Cette disparition a été une douleur immense pour elle, car au-delà du rôle professionnel que Nicole avait joué auprès de Claude François, elle était surtout une figure maternelle aimante et présente. Sa mort a laissé un vide que rien n’a pu combler, mais Frédéric garde d’elle le souvenir d’une femme forte, discrète et loyale, qui avait su concilier sa vie professionnelle dans le monde exigeant de la musique avec son rôle de mère.

En retraçant le parcours de Frédéric, on se rend compte que Le téléphone pleure n’est pas seulement une chanson culte des années 70. C’est aussi une œuvre qui a marqué de manière intime et indélébile la vie d’une petite fille, puis de la femme qu’elle est devenue. Ce rôle, qu’elle n’a pas choisi, l’a liée pour toujours à la mémoire collective des Français et au mythe de Claude François. Pourtant, elle a su construire sa propre existence, loin du star-system, en laissant son empreinte dans un autre domaine de l’art.

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Le destin de Frédéric Barkov illustre bien comment la culture populaire, les chansons et les artistes que l’on admire peuvent façonner les vies, parfois de manière inattendue. Ce qui, pour Claude François, n’était au départ qu’une recherche artistique – donner un supplément d’âme à une chanson – est devenu pour elle un élément constitutif de son histoire personnelle. Et cette histoire se poursuit aujourd’hui à travers Chloé, qui marche à son tour dans la lumière des plateaux de tournage.

Cinquante ans après, Le téléphone pleure continue d’émouvoir les générations. La chanson reste diffusée, reprise, fredonnée. Elle garde son pouvoir de toucher au cœur par sa simplicité et sa vérité. Et derrière cette œuvre, il y a aussi la mémoire d’une enfant devenue femme, mère et professionnelle de l’ombre, qui porte en elle une partie de cette légende.

Ainsi, la petite voix qui répondait un jour à Claude François dans un studio parisien n’est pas seulement un souvenir gravé sur un disque. Elle est devenue une trajectoire de vie, faite de souvenirs heureux, de pertes douloureuses, mais aussi d’une transmission continue. Car, au fond, c’est peut-être cela que raconte encore aujourd’hui Le téléphone pleure : le lien fragile entre les générations, l’absence et la présence, le souvenir et la vie qui continue.