L’ultime “guerre privée” : À 39 ans, Céline, veuve de Bébert des Forbans, brise le silence pour révéler le secret de sa mort et dénoncer la cruauté des rumeurs

Lorsque la nouvelle est tombée, le monde du rock français s’est figé, stupéfait. Bébert, figure emblématique des Forbans, symbole d’une joie de vivre éternelle et d’une vitalité contagieuse, venait de s’éteindre. Les hommages publics ont afflué, célébrant le rire, l’énergie scénique et l’allure de « gamin éternel » qui avaient forgé sa légende. Mais derrière les projecteurs et les clips vintage, se tenait une femme, Céline. Une femme que la France connaissait à peine, mais qui avait porté sur ses épaules le poids des jours sombres, des angoisses silencieuses et des dernières heures. À seulement 39 ans, elle devenait veuve.

Longtemps, Céline a choisi l’ombre, la discrétion, protégeant farouchement le cercle intime qu’elle avait bâti autour de Bébert et de leurs enfants. Cependant, face à la déferlante des spéculations, des récits simplifiés et des rumeurs malveillantes qui menaçaient de déformer la mémoire de l’homme qu’elle aimait, Céline a finalement décidé de rompre ce silence. Son témoignage, d’une sincérité brute et bouleversante, n’est pas un appel à la pitié, mais un acte de vérité, une déclaration d’amour inconditionnel et un ultime combat pour la dignité de son mari. Elle raconte la vérité que beaucoup avaient mal comprise, ou trop facilement jugée : la « guerre privée » qu’ils ont menée ensemble, loin de la scène, face à une maladie insidieuse.

Le Cœur du Secret : L’homme derrière le personnage

 

Les fans se souviendront toujours de Bébert bondissant sur scène, lançant son fameux « À la queue leu leu » avec une vivacité déroutante. Pourtant, comme le révèle Céline, les premiers signes de fragilité étaient déjà là, masqués par son incroyable force de caractère. Il rentrait parfois fatigué, mais mettait ça sur le compte de l’âge, du rythme infernal des tournées. « Ce n’est qu’avec le recul que je me rends compte que ces petits signes étaient en réalité les premiers avertissements d’une machine corporelle qui commençait à se dérégler », confie-t-elle.

Dans leur foyer, la routine continuait : les enfants grandissaient, Bébert composait, travaillait sur des projets. À l’extérieur, personne ne se doutait de rien. Bébert, artiste dans l’âme, excellait à jouer un personnage, même face à ses proches. « Il avait une force incroyable pour cacher ce qui le blessait ou l’inquiétait. Il ne voulait pas qu’on s’inquiète pour lui. C’était dans sa nature », poursuit Céline. Ce comportement, fréquent chez les artistes, allait malheureusement leur coûter cher.

Le point de rupture, l’instant où tout a basculé, s’est produit une nuit inoubliable. Après un dîner en apparence normal, Bébert, qui regardait un vieux film américain sans rire aux blagues qu’il connaissait pourtant par cœur, semblait ailleurs. « Je lui ai demandé s’il allait bien, il m’a répondu que oui, comme toujours », se souvient Céline. Puis, soudainement, il s’est levé, a vacillé, et s’est agrippé au dossier d’une chaise, le visage livide. « Là, j’ai eu peur, une vraie peur viscérale. »

Conduit à l’hôpital, l’évidence frappe : quelque chose de grave se joue. Les examens révèlent un état alarmant. Ce n’était pas soudain ; la maladie était installée, sournoise et silencieuse. Bébert avait caché la vérité par amour, par orgueil, par instinct de protection, mais aussi par une peur viscérale d’être perçu comme faible.

La Double Peine : Gardienne du Secret, Prisonnière de l’Angoisse

Bébert (Les Forbans) : qui est Astrid, sa jeune veuve ? - Closer

C’est à partir de ce diagnostic que commence ce que Céline nomme leur « guerre privée », menée dans le secret absolu. Loin des caméras, loin des réseaux sociaux, loin même de certains proches. « On a décidé de ne rien dire. Bébert ne voulait pas que sa maladie devienne un spectacle, ce qu’il détestait le plus au monde : l’idée d’être plaint », explique-t-elle.

Les jours s’enchaînent, rythmés par les rendez-vous médicaux, les traitements lourds, les espoirs éphémères et les phases de découragement. Mais même affaibli, Bébert continuait d’essayer. Il prenait sa guitare, jouait quelques accords avant que l’épuisement ne l’oblige à s’arrêter. « La musique était son oxygène », confie Céline.

Elle, de son côté, a tout porté. Les soins, la maison, les enfants, l’angoisse. Elle a dû apprendre à se taire, à rassurer alors qu’elle-même tremblait, à sourire alors que la nuit, elle pleurait en silence. « Je ne voulais pas qu’il voie ma peur. Je devais être forte pour lui, pour nous. » Mais, comme elle l’avoue avec franchise, aucune force humaine n’est infinie. Elle est devenue la gardienne de leur secret, mais aussi la prisonnière d’une douleur qu’elle ne pouvait partager.

Dans les dernières semaines, tout s’est accéléré. Les traitements ne réagissaient plus. La maison s’est transformée en chambre de soins improvisée. Bébert refusait les visites, ne voulant pas être vu diminué. Les enfants, face à l’idole de millions de personnes, devaient faire face à la réalité brutale d’un père qui s’éteint. « Comment expliquer à des enfants que leur père, héros de scène, s’éteint sous leurs yeux ? La vérité, c’est qu’on ne peut pas. »

Quand Bébert a rendu son dernier souffle, Céline était à ses côtés, lui tenant la main. Il avait ce petit sourire en coin, ce même sourire qu’il avait toujours quand il voulait lui dire que tout irait bien. Mais cette fois, elle savait que ce n’était pas vrai. « Il m’a dit : ‘Je suis désolé, je ne voulais pas te laisser comme ça’ », des mots qui sont restés une blessure indélébile dans son cœur.

La Cruauté des Rumeurs et le Devoir de Vérité

 

Les premières heures après la disparition sont un trou noir pour Céline. Son corps fonctionne, mais son âme est restée accrochée à lui. Mais alors que le monde pleurait l’artiste, l’épouse, à seulement 39 ans, devait affronter une épreuve secondaire, mais tout aussi destructrice : la vague de spéculations et de jugements.

« On m’a jugée sans me connaître. On m’a attribué des intentions que je n’ai jamais eues », confie-t-elle amèrement. Certains ont insinué qu’elle avait dissimulé la maladie pour soigner l’image publique du couple. D’autres ont inventé des crises, des abandons, allant jusqu’à remettre en question sa loyauté. « J’ai été insultée en ligne par des gens qui ne savaient rien, rien de nous, rien de Bébert. »

Le silence, au début une protection, est devenu un piège. À force d’être déformée, l’histoire de Bébert risquait de devenir un mythe erroné, entaché d’injustice. Mais le coup le plus dur est venu des enfants. Un jour, l’un d’eux est rentré et lui a dit que quelqu’un à l’école avait dit que « son père était mort parce que je ne l’avais pas emmené plus tôt à l’hôpital ». Céline s’est effondrée. Elle a compris : elle ne pouvait plus se taire éternellement.

Elle devait parler pour rétablir une vérité simple et complexe à la fois : Bébert était malade depuis des années, préférant minimiser, repousser, ignorer. Il ne voulait pas inquiéter, ni révéler sa faiblesse. Lorsqu’il a finalement accepté de consulter, il était trop tard pour espérer une guérison. Il a choisi de vivre ses derniers mois loin des caméras, sans pression, avec dignité, et Céline a respecté ce choix, par amour et loyauté.

La Promesse d’une Vie Nouvelle

Une partie de moi est morte avec toi…" : Astrid, la veuve de Bébert des  Forbans, prend la parole dans un message poignant

Si Céline rompt le silence aujourd’hui, ce n’est ni pour devenir une personnalité médiatique, ni pour écrire un livre sensationnel. C’est pour transmettre, pour honorer l’homme derrière le chanteur, pour rendre hommage à sa force et à sa fragilité. Elle veut que les fausses informations cessent d’écrire l’histoire de son couple à sa place.

Son témoignage permet de comprendre l’authenticité de leur amour. Céline n’était pas une fan, mais une femme simple qui a rencontré, lors d’un événement caritatif, un homme cherchant une présence stable et sincère. Elle se souvient de leur premier dîner sans artifice, où Bébert a « raté la cuisson des pâtes, renversé du vin », mais où elle a ri si fort qu’elle a compris qu’il n’était pas seulement « Bébert des Forbans », mais un homme qui doutait, qui rêvait, qui voulait aimer autrement qu’en pleine lumière.

Face à la maladie, c’est dans ces mois de douleur que leur amour a atteint un sommet inattendu. « Il me disait des choses qu’il n’avait jamais osé avouer, ses regrets, ses fiertés, ses rêves inachevés. » Leurs mains se serraient plus souvent, leurs regards se parlaient plus qu’avant. La fragilité avait ouvert un espace que la vie quotidienne avait étouffé.

Quelques jours avant la fin, Bébert a eu un moment de lucidité bouleversant. Il a pris la main de Céline et lui a murmuré : « Tu dois vivre après moi. Tu dois rire. Tu dois aimer encore. Promets-moi que tu n’arrêteras pas ta vie pour la mienne. » Céline n’a pas pu promettre sur le moment. Mais aujourd’hui, en racontant leur histoire, elle dit : « Peut-être que c’est ma façon de commencer à tenir sa promesse. »

L’amour, quoi qu’il arrive, est le message final de son récit. « On ne se remet jamais vraiment de la perte d’un être cher, on apprend seulement à vivre avec son absence. Et l’amour, lui, ne meurt jamais. » Son histoire est celle d’une femme tombée amoureuse d’une personnalité publique, mais qui a traversé une tragédie très personnelle. Elle nous rappelle qu’on ne peut pas tourner la page sur un amour si profond, mais que continuer à vivre n’est pas une trahison, c’est un honneur.

Céline ignore encore ce que l’avenir lui réserve. Elle ne cherche pas de réponse immédiate, elle avance un jour à la fois, son plus grand espoir étant que ses enfants grandissent en sachant qu’ils ont été aimés par un père merveilleux. Elle parle pour qu’il vive éternellement. C’est la victoire la plus douce contre l’oubli, la déformation et l’indifférence. Bébert vit dans nos cœurs, dans sa musique, mais surtout, dans les paroles courageuses de celle qu’il a profondément aimée et qu’il aime encore.