«J’avais peur qu’on dise que je ne savais ni lire ni écrire»
Dans un documentaire, Kendji Girac s’est livré sur sa lutte contre l’illettrisme. Enfant, il a eu des difficultés à suivre ses cours à l’école.
Derrière l’icône aux millions d’albums vendus, derrière le sourire éclatant qui a conquis la France, se cachait une peur viscérale, un secret lourd à porter. Pendant des années, alors que son nom était sur toutes les lèvres et ses chansons sur toutes les ondes, Kendji Girac menait un combat silencieux, loin des projecteurs et des disques d’or. Une bataille intime contre des lettres qui dansent, des phrases qui s’emmêlent et, par-dessus tout, la crainte paralysante du jugement. Aujourd’hui, la star brise l’armure et offre une confession d’une rare sincérité, dévoilant la vulnérabilité qui l’a longtemps rongé : sa lutte contre l’illettrisme.
“J’avais peur qu’on me juge, qu’on me prenne pour un imbécile.” La phrase est lâchée. Simple, directe, elle claque comme un aveu et résume des années d’angoisse. Pour l’idole populaire, le parrain de l’émission “J’ai pas les mots”, cette prise de parole n’a rien d’anodin. Elle est l’aboutissement d’un long cheminement, celui d’un artiste qui a dû apprendre à composer avec cette faille tout en construisant une carrière phénoménale. Issu de la communauté des gens du voyage, Kendji a eu une scolarité itinérante, hachée, qui l’a laissé sur le bord de la route de l’apprentissage classique. Une situation qui, si elle a forgé son caractère et sa musique, a également semé en lui les graines du complexe et de la honte.
Cette peur panique du regard des autres a été son ombre. Il l’avoue sans fard : “J’avais peur qu’on dise : ‘Kendji, le chanteur, il ne sait ni lire ni écrire’. C’est une chose qui m’a longtemps fait mal.” Imaginez le paradoxe. D’un côté, un jeune homme capable de soulever des foules, de signer des contrats à plusieurs zéros, de devenir l’un des artistes les plus bancables de sa génération. De l’autre, un homme angoissé à l’idée de devoir déchiffrer un texte en public, de signer un autographe en hésitant sur l’orthographe, de lire les panneaux sur la route. Une double vie où le personnage public, solaire et sûr de lui, masquait les angoisses de l’homme privé.
Ce sentiment de décalage est au cœur du fléau de l’illettrisme en France, qui touche plus de 3,7 millions de personnes. Ce n’est pas une absence d’intelligence, mais une compétence non acquise qui génère une exclusion sociale silencieuse et une estime de soi dévastée. Kendji Girac, par son statut, en est devenu le porte-voix le plus puissant et le plus inattendu. En choisissant de parrainer “J’ai pas les mots”, une émission suivant le parcours de sept adultes retournant sur les bancs de l’école, il n’a pas seulement prêté son image ; il a partagé sa propre histoire, sa propre chair.
“Quand on m’a proposé d’être le parrain, j’ai tout de suite accepté”, explique-t-il. “Parce que moi aussi, j’ai connu le doute. Moi aussi, j’ai eu du mal avec certains mots, avec certaines phrases.” Dans son rôle, il n’était pas la star inaccessible venant donner une leçon. Il était un grand frère, un confident, un miroir. Il a vu dans les yeux des participants, dans leurs hésitations et leur courage, le reflet de son propre parcours. Il a compris leur appréhension, car il l’a vécue. Il a admiré leur force, car il sait le courage qu’il faut pour oser demander de l’aide, pour affronter ce qui est considéré comme un acquis fondamental.
Cette initiative, bien que soldée par un échec d’audience cuisant face à une concurrence féroce, a eu un mérite immense : celui de faire de Kendji Girac le catalyseur d’une parole libérée. En s’exposant, il a offert une légitimité et une visibilité sans précédent à tous ceux qui souffrent en silence. Son témoignage a une portée qui dépasse de loin les chiffres de Médiamétrie. Il dit à des millions de gens : “Vous n’êtes pas seuls. Je suis l’un des vôtres. J’ai réussi, et vous le pouvez aussi.”
Son message est un puissant antidote à la honte. Il déconstruit le cliché qui associe illettrisme et incapacité. Kendji est la preuve vivante que l’on peut être brillant, créatif, charismatique, et avoir des difficultés avec l’écrit. Sa réussite artistique, construite sur l’oreille musicale, l’instinct et un travail acharné, n’a pas été empêchée par ses lacunes, même si celles-ci ont été une source de souffrance. Aujourd’hui, il a surmonté une grande partie de ses difficultés. Il lit, il écrit, il a pris sa revanche. Mais il n’a pas oublié. Il n’a pas oublié la peur au ventre, le sentiment d’être un imposteur. Et c’est cette mémoire, cette cicatrice encore sensible, qui rend son engagement si authentique et si poignant.
En se dévoilant ainsi, Kendji Girac fait bien plus que de soutenir une cause. Il redéfinit son image d’artiste. Il montre que la vraie force ne réside pas dans la perfection, mais dans la capacité à assumer ses failles, à transformer une faiblesse en un combat pour les autres. Sa plus belle chanson n’est peut-être pas sur ses albums. Elle est dans cet aveu courageux, une mélodie d’espoir pour tous ceux qui, un jour, ont eu peur de ne pas avoir les mots.
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