« Je n’ai pas pu lui dire au revoir » : David Hallyday Sort du Silence sur la Bataille de l’Héritage, les Mensonges Salissant Johnny et sa Blessure Éternelle.

 

Par Eddy Lefranc, Chroniqueur Culture & Société

Dans la longue et amère saga qui déchire l’héritage de l’icône du rock français, Johnny Hallyday, David Hallyday a longtemps incarné la figure du pudique, du discret, le personnage mutique au cœur de cette « guerre de tranchées » successorale. Après des mois de silence, le fils aîné a choisi de prendre la parole. Ce n’est pas un simple acte médiatique, mais une « première prise de parole » courageuse, visant à dénoncer « trop de mensonges » qui circulent à son sujet et sur l’amour que son père lui portait.

Tout au long de l’entretien, David évite soigneusement de prononcer le prénom de la veuve de son père – un choix distancié, lourd de sens. Ses mots dressent cependant le tableau douloureux d’une relation filiale déchirée, d’un combat qui n’est pas mené pour l’argent, mais pour le « droit moral » et le respect de la mémoire d’un père. La révélation la plus déchirante de David Hallyday met en lumière une vérité cruelle : une blessure inguérissable causée par le fait d’avoir été privé de la possibilité de faire ses adieux.

 

I. L’Héritage : Non Pas l’Argent, Mais la « Preuve qu’on a Exité »

 

Interrogé sur sa surprise d’être déshérité, David reconnaît avoir été « surpris, oui ». Il s’empresse toutefois de redéfinir l’enjeu de cette bataille. Dans une explication empreinte d’émotion, il déclare : « Beaucoup de gens parlent d’argent et tout ça. C’est la preuve qu’on a existé pour un parent, c’est surtout ça ».

Cette déclaration forte déplace le centre de gravité du conflit du financier vers l’affectif et le moral. Être écarté du testament n’est pas seulement une perte matérielle, c’est une négation affective de son « existence » dans la vie de son père.

La demande actuelle de David s’inscrit dans cette logique. Il ne réclame pas la totalité des biens, mais simplement le « droit moral » de la succession partagé entre les quatre enfants (David, Laura, Jade et Joy). Le but est d’avoir « le droit de gérer son image » et, en ce qui le concerne personnellement, d’avoir un droit de regard sur le « patrimoine musical » avec lequel il a un lien si profond. Il insiste : « ce qui concerne son patrimoine musical et rien du reste », affirmant la noblesse de son combat.

 

II. L’Amour Pudique et l’Aveuglement du Père Rockeur

 

La relation entre David et Johnny Hallyday fut construite sur l’amour et la musique. Le premier souvenir d’enfance de David est son père « sur scène ». Malgré une enfance passée en grande partie aux États-Unis, la distance géographique n’a jamais brisé le lien invisible entre eux. Il confie que, même lorsqu’ils ne se voyaient pas « pendant 2, 3 mois ou même plus des fois quand j’étais petit, bah en fait c’est comme si on ne s’était jamais quitté ».

Ils parlaient de tout, mais la musique était « vraiment un lien qui est fort » entre eux. David affirme que son père était « un très bon père », bien qu’il aurait aimé avoir « plus de rapport ».

Johnny et David étaient tous deux « très pudiques » dans l’expression de leurs sentiments, et « quand on dit ‘Je t’aime’, c’est qu’il y a vraiment un élan du cœur ». Cependant, dans ses derniers moments à l’hôpital, Johnny s’est montré plus ouvert. Il lui a dit qu’il l’aimait. David raconte que, lors de sa dernière hospitalisation à la Clinique Bizet, son père s’était « beaucoup senti coupable sur le fait qu’il était bon absent ». David l’avait rassuré, et Johnny lui avait exprimé sa fierté concernant une chanson composée ensemble, reconnaissant : « je suis vraiment fier de cette chanson… c’est top de le faire avec toi et que ça vienne de toi, c’est génial ». Un témoignage essentiel de l’amour paternel que David se bat pour préserver.

 

III. Les Barrières et l’Isolement Progressif

 

L’arrivée de la nouvelle épouse dans la vie de Johnny a commencé à ériger des barrières. La situation est devenue plus compliquée lors des hospitalisations de son père. David s’est senti mal à l’aise de voir « autant de monde en dehors du cercle familial » lors du coma artificiel de Johnny à Los Angeles. Ce sentiment de « trouble » et de « gêne » l’a poussé à agir rapidement pour que son père soit « moins entouré ».

Pourtant, les obstacles n’ont fait que se multiplier. Lorsque Johnny Hallyday est rentré à Marnes-la-Coquette pour ses derniers jours, les visites de David sont devenues « de moins en moins simples ». Il devait « s’annoncer avant de venir » auprès de Laeticia et de son entourage. Il « ne comprenait pas pourquoi » d’autres personnes le voyaient régulièrement, alors que lui, son fils, devait « s’annoncer pour venir voir [son] père, c’est un truc bizarre, quoi ».

Il balaie d’un revers de main les rumeurs selon lesquelles Johnny ne voulait pas le voir, trop fatigué ou diminué physiquement. « Non, non, non, non, jamais ! Au contraire même, j’avais l’impression que c’était… qu’il était content que je sois là ».

IV. « La Seule Chose que Je n’Arriverai Pas à Guérir » : Les Adieux Volés

 

Le paroxysme de la tragédie et la source de la douleur inguérissable de David Hallyday se sont produits l’après-midi précédant la mort de son père.

Ce jour-là, David était présent à Marnes-la-Coquette. Il a « passé la journée à attendre » de pouvoir entrer dans le bureau où son père était hospitalisé. Tragiquement, il « n’a pas pu le faire ». Le personnel médical, sous la direction de Laeticia selon David, lui a refusé l’entrée en invoquant sa « grande fatigue ».

Incapable de voir son père, David a écrit une « lettre », la remettant au personnel soignant avec la supplique : « s’il vous plaît, remettez-lui cette lettre ». Il est parti, ignorant que c’était la dernière fois qu’il était près de son père.

Le lendemain, après avoir appris le décès, il est revenu pour un moment seul. Interrogeant l’employé sur la lettre, la réponse a été un coup de massue : « Non, désolé, je n’ai pas pu lui remettre ni la lui lire ».

Pour David, c’est une blessure éternelle, « le seul truc de toute ma vie qui va me… je n’arriverai pas à guérir ». Il n’a pas eu le sentiment d’être privé d’adieux, « c’est que je n’ai pas pu lui dire au revoir, c’est la réalité, c’est tout ». Trois heures après son départ, le médecin l’a appelé pour lui annoncer la mort de Johnny. Fait marquant : c’est le médecin, et non la veuve de son père, qui l’a informé. David a ensuite appelé Laura Smet.

 

V. Fidélité et Affranchissement du Spectacle

 

David Hallyday a également expliqué pourquoi il a refusé l’offre de descendre les Champs-Élysées, derrière le cercueil, avec Laeticia et ses deux sœurs adoptives. Il a affirmé sans détour : « L’hommage national, c’est pour mon père, et… ce n’est pas un défilé ». Cet acte illustre son désir de dignité et de respect, loin de toute mise en scène.

Il déplore que les contacts avec ses demi-sœurs, Jade et Joy, soient « compliqués », mais leur a affirmé que « chez moi était chez elles ».

En définitive, la prise de parole de David n’est pas un acte de vengeance ou de polémique. Il a canalisé son besoin de s’exprimer dans sa musique, composant une chanson comme une « nécessité » pour faire face aux « histoires » racontées. Son album est dénué de « vengeance, il n’y a pas de… non, c’est juste de l’amour ».

Pour David Hallyday, les mensonges ont « sali son image » en suggérant que Johnny Hallyday était un homme qui « détestait la moitié de ses enfants ». Il insiste : son père était « quelqu’un d’aimant… qui avait quatre enfants et qui adorait ces quatre enfants ».

Au-delà de tout ce qu’il a perdu, ce qui manque le plus à David, ce sont les moments les plus simples, les plus intimes : « Regarder des films d’horreur avec lui jusqu’à 5 heures du matin ». Ce sont ces instants de vie, loin des tribunaux et des projecteurs, qui constituent le véritable héritage qu’il se bat pour préserver.