« J’ai été jugée sans me connaître » : la veuve de Bébert des Forbans, 39 ans, révèle la vérité sur son secret et les raisons de sa mort

Lorsque la nouvelle est tombée un matin d’hiver, le monde du rock français a été saisi d’une stupeur presque irréelle. Bébert, figure iconique des Forbans, symbole vivant d’une génération entière bercée par le rock ‘n’ roll façon années 80, venait de s’éteindre. Les hommages ont afflué, célébrant son rire, son énergie contagieuse et son allure de “gamin éternel”. Mais derrière les projecteurs et les clips vintage, se tenait une femme, Céline, que la France connaissait à peine. À seulement 39 ans, elle devenait veuve, portant sur ses épaules le poids des jours sombres, des inquiétudes, et d’un secret longtemps gardé.

Aujourd’hui, après des mois de silence respecté, Céline a décidé de parler. Son témoignage n’est pas un récit de deuil banal ; c’est un acte de dignité, une nécessité pour rétablir une vérité que beaucoup avaient mal comprise ou trop facilement simplifiée. Elle raconte l’homme derrière le chanteur, la maladie cachée et le combat privé, mais dénonce aussi le jugement cruel du public et des réseaux sociaux qui a transformé son silence en accusation. Le récit de Céline est celui d’un amour qui a dû se battre non seulement contre le destin, mais contre la rumeur.

Le Mythe de l’Éternel Gamin et le Secret Caché

 

Les fans ont toujours associé Bébert à une énergie débordante, à cet air jovial et insouciant qui électrisait la scène. Pourtant, comme le révèle Céline, les premiers signes de fragilité étaient déjà là, discrets, ignorés. Il rentrait fatigué, mais attribuait cela à l’âge, au rythme incessant des tournées. C’est seulement avec le recul qu’elle comprend que ces signaux étaient les premiers avertissements d’une machine corporelle en souffrance.

Dans leur foyer, Bébert s’efforçait de maintenir une routine normale. Il composait, il riait avec leurs enfants, il gardait cette force incroyable pour cacher ce qui le blessait ou l’inquiétait. Il ne voulait pas qu’on s’inquiète pour lui, par orgueil, par amour, et surtout, par instinct d’artiste. Les artistes savent jouer un personnage mieux que quiconque, même face à leurs proches.

Puis, survient la nuit où tout bascule. Une nuit où il vacille, où son visage devient livide, et où la peur viscérale s’installe chez Céline. À l’hôpital, les examens révèlent un état alarmant. La maladie, silencieuse et sournoise, était installée depuis longtemps. Bébert avait caché la vérité par désir de protection, mais ce silence allait coûter cher.

Commence alors ce que Céline appelle leur “guerre privée”, un combat mené dans le secret absolu. « On a décidé de ne rien dire. Bébert ne voulait pas que sa maladie devienne un spectacle. » Les jours sont rythmés par les traitements, l’espoir et le découragement. Malgré la fatigue, Bébert tentait encore de jouer de la guitare, la musique étant son oxygène. Céline, quant à elle, a tout porté : les soins, la maison, les enfants, et surtout, les angoisses. Elle a dû apprendre à se taire, à rassurer alors qu’elle-même tremblait, à sourire alors que les nuits, elle pleurait en silence. « Je devais être forte pour lui, pour nous, » confie-t-elle, reconnaissant la limite de toute force humaine.

Le Jugement Cruel et la Nécessité de Parler

 

Les dernières semaines de Bébert se sont accélérées. Les traitements ne réagissaient plus. Il ne voulait pas mourir ; il voulait “voir nos enfants grandir, il voulait vivre”. La maison s’était transformée en chambre de soins improvisée, et les visites étaient rares, car il refusait que quiconque le voie diminuer. Lorsque Bébert a rendu son dernier souffle, Céline était à ses côtés, lui tenant la main. Il avait conservé jusqu’au bout ce petit sourire en coin, comme pour lui dire que tout irait bien. « La France a perdu un artiste, elle, elle a perdu son monde. »

Après la disparition, le flot des hommages a masqué l’amertume des spéculations et des rumeurs. Certains ont inventé des scénarios, d’autres ont remis en question la gestion de sa maladie par son entourage. Céline a été “jugée sans me connaître,” accusée de n’avoir pas fait assez, d’avoir dissimulé la vérité pour soigner l’image publique. Elle a encaissé, s’est renfermée, mais le silence avait un prix : l’histoire de Bébert risquait d’être déformée, transformée en mythe erroné.

C’est pour cette raison qu’elle a décidé de rompre le silence. Non par exhibitionnisme, mais par devoir de vérité et de mémoire. Elle ne veut plus laisser les autres écrire son histoire ou celle de Bébert à sa place. Elle veut raconter l’homme derrière le chanteur, la maladie sans voyeurisme, et rendre hommage à la force de celui qu’elle a aimé, mais aussi à sa fragilité. Elle veut que l’on se souvienne de l’homme, du père, du mari, et non des rumeurs : « Bébert n’est pas mort seul ni abandonné ni dans l’oubli. Il est mort entouré, aimé, protégé. »

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L’Amour derrière la Scène : De l’Anodin à l’Essentiel

 

Il est impossible de comprendre la profondeur du témoignage de Céline sans remonter aux origines de leur amour. Leur rencontre n’a rien eu d’un conte de fées glamour. Elle a eu lieu lors d’un événement caritatif. Céline, discrète, tentait de se faire oublier ; Bébert l’a remarquée instantanément, non pas pour son éclat, mais pour sa capacité à se cacher. « Il disait que dans une pièce, les personnes qui se cachent sont souvent celles qui ont le plus à révéler. »

Leur première conversation a suffi à créer une complicité étrange et immédiate entre deux univers opposés : le rocker exubérant et la femme calme. Leur relation s’est construite sur la simplicité. Leur premier dîner était dénué d’artifice, marqué par des pâtes ratées et du vin renversé. Ce soir-là, Céline comprend que Bébert n’est pas simplement l’artiste des Forbans, mais Michel, un homme qui doute, qui a peur de vieillir et qui cherche une présence stable, sincère.

Aimer un artiste n’est jamais simple. Céline a dû apprendre à partager l’homme qu’elle aimait avec le public, sachant qu’il “appartenait un peu à tout le monde”. Les premières photos publiées ont provoqué une vague de commentaires : elle était traitée de profiteuse, de femme intéressée. Bébert en souffrait plus qu’il ne le montrait, mais Céline a appris à encaisser, car leur maison était leur sanctuaire, protégée des journalistes et des caméras.

Leur quotidien était celui de n’importe quel couple, rythmé par les devoirs du soir et les anniversaires surprises. « Bébert était un père formidable, » raconte-t-elle. Mais derrière cette joie se cachait parfois une lassitude que Céline percevait. Les tournées lui pesaient, les répétitions étaient plus difficiles. Elle l’encourageait à consulter, mais il rejetait l’idée, voulant rester fort pour elle, pour les enfants, pour son public. C’est là que commença le combat silencieux qu’il n’avoua à personne jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

La Promesse Finale et la Résilience d’une Veuve

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L’annonce du diagnostic fut un “silence glacial”. Il lui a dit : « Je suis désolé, je ne voulais pas te laisser comme ça. » Ces mots sont restés une blessure indélébile. Les mois qui ont suivi ont été un paradoxe : au milieu de la douleur, leur amour a atteint un sommet inattendu. Il lui confiait ses regrets, ses fiertés, ses rêves inachevés. Leur amour s’est intensifié, la fragilité ayant ouvert un espace que la vie quotidienne avait étouffé.

Quelques jours avant la fin, alors qu’il était très affaibli, Bébert a eu un moment de lucidité bouleversant. Il lui a murmuré : « Tu dois vivre après moi. Tu dois rire, tu dois aimer encore. Promets-moi que tu n’arrêteras pas ta vie pour la mienne. »

Céline n’a pas pu promettre sur le coup. Mais aujourd’hui, en racontant leur histoire, elle dit : « Peut-être que c’est ma façon de commencer à tenir sa promesse. »

Le deuil n’est pas un chemin linéaire ; c’est un labyrinthe de contradictions. Céline a dû faire face à la culpabilité déchirante d’être en vie et à l’absence d’un homme qui la comblait. Elle a aussi dû affronter l’un des aspects les plus difficiles du deuil public : le jugement constant de la société sur les veuves. Une femme qui sourit trop vite est insensible ; une femme qui pleure trop longtemps est hystérique. Elle a tout entendu.

Si Céline brise le silence, c’est pour que la vérité éclate sur un homme qui a voulu protéger sa famille jusqu’au bout. Elle veut que l’on se souvienne de lui pour ce qu’il était : « pas un héros, pas une légende, un homme, un père, un mari, un artiste imparfait mais sincère. »

Son message final est un hymne à la persévérance : « On ne se remet jamais vraiment de la perte d’un être cher. On apprend seulement à vivre avec son absence. Et l’amour, lui, ne meurt jamais. » En révélant toute la vérité, Céline a franchi le premier pas vers la paix. Elle a rendu à son mari ce qui lui appartenait : sa dignité, son humanité, son histoire. Et elle a prouvé que tant que quelqu’un raconte une histoire avec amour, personne ne disparaît vraiment.