“Il n’est pas non plus blanc-bleu” : Florent Pagny, à 64 ans, révèle tout sur Laeticia Hallyday et l’héritage de Johnny, accusant le Taulier d’être en partie responsable du chaos

Dans le paysage musical français, peu d’artistes ont cultivé une réputation de franc-parler aussi radical et intacte que Florent Pagny. À 64 ans, le chanteur rebelle, celui qui a toujours refusé les faux-semblants et les convenances du show-business, a décidé de lever le voile sur un sujet que la France entière continue de décortiquer avec passion et déchirement : l’héritage de Johnny Hallyday.

Loin des postures calculées, Pagny s’est exprimé sans filtre sur la guerre familiale qui a déchiré le clan Hallyday, la relation complexe avec Laeticia, la statue monumentale controversée érigée à Paris, et son absence remarquée lors des funérailles du Taulier. Ses déclarations ne sont pas celles d’un simple commentateur extérieur ; elles sont celles d’un ami, d’un complice de scène, qui a partagé avec Johnny une amitié forgée dans le respect mutuel et l’authenticité. Ce qu’il révèle aujourd’hui, c’est une vérité nuancée et crue, qui ose pointer la part de responsabilité du monstre sacré lui-même dans le chaos post-mortem.

L’amitié des Baritons : entre scène et coulisses

L’histoire entre Florent Pagny et Johnny Hallyday n’est pas une relation de façade. C’est une complicité de baritons, deux voix puissantes et deux personnalités fortes qui ont partagé des moments musicaux inoubliables. Les duos d’anthologie ont prouvé une alchimie scénique rare.

Lors d’un concert monumental devant des dizaines de milliers de spectateurs, ils interprètent Le Pénitencier. Deux hommes, deux légendes, qui s’affrontent et se complètent vocalement. Un autre duo sur Pense à moi est marqué par une anecdote révélatrice de la folie du live. Florent Pagny, arrivé en retard, se perd dans les dédales du stade. Il débarque sur scène, essoufflé et chamboulé, mais le professionnalisme des deux artistes est tel que le public n’y voit que du feu. Cette capacité à gérer la pression, à être authentique et sans filtre, est ce qui cimente leur respect mutuel. Johnny, comme Florent, n’a jamais joué de rôle ; ils sont ce qu’ils sont, sans artifice.

Pourtant, cette complicité va être mise à mal après le décès de Johnny, lorsque l’affaire de l’héritage devient une affaire d’État, déchirant la famille entre Laeticia d’un côté, et David et Laura de l’autre.

L’Accusation Choc : “Johnny n’est pas non plus blanc-bleu”

C’est dans une émission de radio que Florent Pagny lâche la bombe. Alors que la plupart des artistes ont choisi la voie du silence prudent, Pagny, fidèle à son tempérament, choisit de parler.

Après une entrée en matière diplomate — « Ça va se régler, ils vont régler leur histoire » — il décoche la phrase qui fera le tour des médias : « Il y a eu des réactions, des comportements, et Johnny n’est pas non plus blanc-bleu dans tout ça. Donc, à un certain moment, c’est lui qui provoque dès le départ. »

Ces mots sont d’une audace rare. Florent Pagny, l’ami, accuse le monument national d’être l’instigateur du conflit qui déchire sa famille. Il va même plus loin, suggérant que le rocker aurait volontairement créé les conditions de ce chaos. « Ça pouvait peut-être l’amuser aussi, bête que ça puisse paraître, qu’il y ait un peu de friction, pour rappeler que voilà, tout n’a pas été comme ça, aussi facile ». Selon Pagny, Johnny était capable d’actes incompréhensibles, de jeux psychologiques, et aurait pu, d’une certaine manière tordue, trouver « amusant » de laisser derrière lui une bombe à retardement.

Cette vision, apportée par un proche, tranche avec la diabolisation unilatérale de Laeticia et des avocats. Elle introduit une complexité humaine que beaucoup refusaient de voir : Johnny Hallyday était un homme d’une complexité démesurée, capable de gestes magnifiques comme de décisions impénétrables. Pour Pagny, le Taulier a sa part de responsabilité dans le chaos, une vérité que seule une amitié solide et une absence de peur des polémiques permettaient d’énoncer publiquement.

Le Jugement sans Appel de la Statue

Un peu plus tard, c’est la statue monumentale érigée devant l’Accor Arena à Paris qui est la cible de son franc-parler. L’œuvre, composée d’un manche de guitare et d’une Harley Davidson, est censée honorer les passions du chanteur. Mais pour beaucoup de fans et d’observateurs, elle est une déception.

Interrogé sur RFM, Pagny, après avoir tenté d’esquiver, ne peut se retenir. Il pense qu’il ne fallait pas « essayer de faire autre chose que du traditionnel ». Sa critique est cinglante et résume le sentiment de nombreux détracteurs : « J’ai l’impression d’avoir une concession Harley qui a ouvert devant Bercy. »

Pour Pagny, l’image de Johnny est avant tout une silhouette, une présence physique iconique, les jambes un peu écartées, le micro à la main. Réduire cet homme à des symboles froids et commerciaux comme une moto et un manche de guitare est, à ses yeux, passer à côté de l’essence même du Taulier.

Un Ami Fidèle, Absent par Émotion

Une autre question qui a alimenté les rumeurs concernait l’absence de Florent Pagny lors des funérailles de Johnny et son choix de ne pas porter son cercueil. Dans son autobiographie, il donne enfin une explication touchante.

Il avoue avoir été « sonné et infiniment triste » par la mort de son ami, au point de se sentir « bien incapable » de se plier à la cérémonie publique et au geste symbolique de porter le cercueil. Il explique qu’il avait un concert de prévu ce jour-là et qu’il n’en avait tout simplement pas la force émotionnelle.

Son retrait n’était pas un signe d’indifférence, mais de dévastation. Il était trop proche, trop touché. Il conclut avec une note d’amitié profonde : « Je sais que tu sais. Tu aurais fait pareil si les rôles avaient été inversés. » Pagny pense que Johnny aurait compris ce choix, car porter le poids d’un cercueil n’est pas qu’un geste symbolique ; c’est affronter brutalement la réalité de la perte, une tâche à laquelle il ne se sentait pas de force.

L’Étrange Lien du Destin : Le Médecin Commun

Au-delà des polémiques, Pagny révèle un lien troublant et intime avec le destin de Johnny. Lorsqu’il annonce son cancer du poumon, il confie que son médecin n’est autre que le Professeur David Khayat, chef du service d’oncologie de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Ce n’est autre que le même médecin qui avait soigné Johnny Hallyday.

Le Professeur Khayat, qui n’avait pu sauver Johnny, réussit, dans une étrange inversion du destin, à sauver Florent Pagny. Ce lien médical, cette lutte partagée contre la même maladie, crée une connexion invisible entre les deux artistes.

Le Message d’un Ami Loyal

Que retenir des révélations de Florent Pagny ? À 64 ans, le chanteur maintient sa ligne de conduite : l’honnêteté avant tout. Il ne cherche pas à diaboliser Laeticia, avec qui il a partagé des moments de courtoisie et de respect mutuel. Il la décrit comme quelqu’un capable de gérer les situations sociales complexes, loin du portrait de la manipulatrice sans cœur que certains aiment dépeindre.

Ce qui ressort surtout, c’est son refus de prendre un camp. Sa vision est celle d’une histoire humaine complexe, avec des zones d’ombre et des responsabilités partagées. Il reconnaît que « Johnny a créé une partie du problème, Laeticia en a créé une autre. David et Laura ont subi. Tout le monde a sa part de vérité et sa part de tort ».

Le message ultime de Florent Pagny est un plaidoyer pour la paix et la reconstruction de la famille. Il est un ami fidèle qui refuse que la mémoire du Taulier soit réduite à une bataille juridique ou à des symboles creux. À travers ses critiques acerbes sur la statue ou ses révélations sur la personnalité complexe de Johnny, Pagny cherche à honorer l’homme qu’il a connu : un artiste immense, mais aussi un homme imprévisible et capable de décisions incompréhensibles.

Florent Pagny est fatigué du silence et des versions édulcorées. Il offre sa vérité : celle d’un ami loyal qui, en osant accuser son propre complice, affirme que l’héritage de Johnny devrait être celui de sa musique, et non celui de la guerre.