Florent Pagny brise le silence : « C’est lui qui provoque la guerre » – L’aveu choc sur Johnny Hallyday et l’héritage

À 64 ans, la voix de Florent Pagny n’a rien perdu de sa puissance. Mais ce n’est pas un chant, ni un tube, qui résonne aujourd’hui dans l’univers médiatique. C’est un coup de massue, une vérité brutale que le chanteur, connu pour son franc-parler légendaire, a lâchée sur l’une des sagas les plus douloureuses de la chanson française : la guerre d’héritage de Johnny Hallyday.

Loin des hymnes à la gloire et des hommages lisses, Florent Pagny a osé ce que la plupart des proches de l’idole ont tu par respect ou par peur de la polémique. Il a accusé Johnny Hallyday lui-même d’être, dès le départ, le responsable du chaos qui a déchiré sa famille. Une accusation frontale, un « no comment » acerbe sur la statue de Bercy, et le récit poignant de son absence aux obsèques : l’interview de Pagny est un séisme qui replace l’homme au cœur du mythe, révélant un Johnny complexe, capable de grandeur mais aussi de cruauté psychologique.

La bombe : « Johnny n’est pas non plus blanc-bleu dans tout ça »

C’est la phrase qui a fait l’effet d’une déflagration. Interrogé sur la guerre d’héritage qui a opposé Laeticia à David et Laura, Pagny, fidèle à son tempérament de rebelle, a refusé le terrain de la neutralité prudente. Il s’est avancé là où personne n’allait : sur le terrain de la responsabilité de l’idole.

« Il y a eu des réactions, des comportements, et Johnny n’est pas non plus blanc-bleu dans tout ça. Donc, à un certain moment, c’est lui qui provoque dès le départ. » Ces quelques mots, lâchés avec la force d’un baryton, sont d’une audace inouïe. Pagny, qui a partagé la scène et les coulisses avec le Taulier, suggère que la décision de déshériter ses enfants aînés n’était pas seulement le fruit d’une influence, mais potentiellement un acte délibéré de l’artiste lui-même.

Il va même plus loin, insinuant un mobile psychologique troublant : « Ça pouvait peut-être l’amuser aussi, bête que ça puisse paraître, qu’il y ait un peu de friction, pour rappeler que voilà, tout n’a pas été comme ça, aussi facile. » Florent Pagny dépeint un Johnny Hallyday capable de jeux d’esprit complexes, voire tordus, qui aurait volontairement laissé derrière lui une bombe à retardement. L’homme qui a chanté Allumer le feu aurait-il voulu allumer une dernière fois le brasier familial ?

Cette analyse est d’autant plus pertinente qu’elle vient d’un ami intime, et non d’un commentateur extérieur. Pagny a vu les failles, les contradictions, les zones d’ombre d’un homme qu’il décrit comme « capable de choses comme ça », citant en contraste l’organisation parfaite de l’hommage populaire devant un million de personnes. Selon lui, il est impossible de réduire Johnny à une figure de martyr manipulé. Le Taulier était un homme d’action, de décisions fortes, et même la plus contestée d’entre elles devait porter son empreinte. C’est un changement de paradigme : la source du conflit n’est plus uniquement Laeticia ou les avocats, elle remonte à la volonté, même tortueuse, de l’icône disparue.

La Complicité des Baritons : Un Lien Forgé sur Scène

Pour saisir la portée des mots de Florent Pagny, il faut se souvenir de la nature de leur relation. Leur amitié n’était pas une simple cordialité mondaine ; elle était un pacte forgé dans l’exigence du live et la passion brute de la musique.

Les années 90 et 2000 ont été jalonnées de moments musicaux qui sont entrés dans la légende du rock français. En 1998, au Stade de France, devant une foule monumentale, leur duo sur Le Pénitencier est un choc vocal. Deux barytons, deux bêtes de scène, qui s’affrontent et se complètent. Florent Pagny se souvient de cette intensité rare, de cette « exigence du spectacle parfait » que Johnny imposait. Il comprenait et partageait cette quête de perfection.

Puis, en 2003, au Parc des Princes, nouveau coup de maître sur Pense à moi. Pagny raconte l’anecdote du retard, où il se perd dans les dédales du stade, paniqué, tandis que la foule attend l’intro. Il arrive « complètement chamboulé et soufflé », mais le duo se déroule à merveille, prouvant leur professionnalisme et leur capacité à gérer la pression la plus extrême.

Ce qui liait ces deux hommes, c’est l’authenticité. Ni l’un, ni l’autre n’a jamais joué un rôle sur scène. Ils étaient ce qu’ils étaient : des artistes sans filtre, bruts de décoffrage. C’est ce respect mutuel, cette reconnaissance de l’âme entière de l’autre, qui donne un poids immense à la critique de Pagny. En parlant, il parle avec la vérité d’un frère d’armes.

La Statue Controversée : Critique Esthétique et Spirituelle

L’authenticité de Pagny le pousse également à s’attaquer à un autre symbole de la mémoire de Johnny : la statue monumentale érigée devant l’Accor Arena (Bercy) à Paris, en septembre 2021. L’œuvre, composée d’un manche de guitare de six mètres de haut surmonté d’une Harley-Davidson bleue, est censée représenter les passions de l’artiste. Mais pour Pagny, c’est un échec cuisant.

Le chanteur rebelle n’hésite pas à émettre un « no comment » puis à trancher : « Je pense qu’il ne fallait pas essayer de faire autre chose que du traditionnel. » Pour lui, l’image de Johnny, c’est avant tout une silhouette iconique, « les jambes un peu écartées, son micro à la main ». Réduire cette présence physique, cette attitude mythique, à un assemblage d’objets est une trahison esthétique et spirituelle.

Sa critique la plus cinglante résonne comme une blague amère : « J’ai l’impression d’avoir une concession Harley qui a ouvert devant Bercy. » Pagny ne mâche pas ses mots. Cette sculpture, loin d’honorer la mémoire du Taulier, le réduit à des symboles commerciaux. « On ne résume pas Johnny avec une moto et un manche de guitare », insiste-t-il. Cette critique, partagée par de nombreux fans qui auraient préféré une statue plus classique, prend une autre dimension dans la bouche de Pagny : celle d’une ultime bataille pour l’âme de son ami, pour qu’elle ne soit pas réduite à une image creuse.

L’Absence du Cercueil et le Lien de la Maladie

Florent Pagny aborde également, avec une pudeur poignante, la question de son absence lors du portage du cercueil à la Madeleine. Une absence que certains lui avaient reprochée. Pagny révèle avoir été « sonné et infiniment triste » par la mort de son ami, à tel point qu’il était « bien incapable » d’assumer une telle tâche émotionnelle.

Il explique avoir eu un concert prévu à Dijon ce jour-là, mais le véritable obstacle n’était pas logistique : il était psychologique. Porter le cercueil de Johnny, c’était porter le poids de la perte, affronter la réalité brutale de la mort. Et il n’en avait pas la force. Le plus touchant, c’est sa conviction que Johnny aurait compris : « Je sais que tu sais. Tu aurais fait pareil si les rôles avaient été inversés. » C’est un lien de confiance intime, une reconnaissance mutuelle d’une fragilité partagée, qui s’exprime ici.

Cette connexion se renforce de manière troublante par une révélation médicale. En 2022, lorsque Florent Pagny annonce être atteint d’un cancer du poumon, il révèle que son oncologue n’est autre que le Professeur David Khayat, le même médecin qui avait soigné Johnny Hallyday. Khayat, qui n’avait pu sauver l’un, a réussi à sauver l’autre, créant un lien de destin étrange entre les deux artistes. Ces moments d’intimité, partagés autour de la maladie et du combat pour la vie, ont conféré à Pagny une perspective unique et définitivement humaine sur la fin de vie de Johnny.

Le Jugement Nuancé : La Paix avant la Justice

Malgré ses critiques cinglantes à l’égard de Johnny, Florent Pagny refuse de diaboliser Laeticia Hallyday. Il rappelle une anecdote où Laeticia, avec une gestion sociale habile, avait su désamorcer une situation embarrassante au VIP Room face à Philippe Starck. Pagny la décrit alors comme celle qui « avait géré ce genre de situation sociale compliquée ». Il y avait donc une forme de respect pour le rôle qu’elle jouait dans l’entourage du Taulier.

C’est cette nuance qui rend le témoignage de Pagny si précieux. Il ne prend pas parti aveuglément ; il refuse le manichéisme de la presse people. Sa conclusion est une quête de paix : Johnny a créé une partie du problème, Laeticia en a créé une autre, David et Laura ont subi. Tout le monde a sa part de vérité et sa part de tort.

À 64 ans, Florent Pagny n’a plus besoin de flatter, ni de se justifier. Son message final est une supplique pour que l’héritage de Johnny soit celui de la musique, et non celui des batailles juridiques. Il dit la vérité, sa vérité, avec l’espoir qu’elle serve de catalyseur à une réconciliation mémorielle. En osant accuser l’idole de la France d’être responsable du chaos qu’il a laissé derrière lui, Florent Pagny offre non pas un scandale, mais une puissante leçon d’honnêteté et de courage, rappelant que même les légendes ne sont pas « blanc-bleu ».