Eddy Mitchell à 83 ans : L’ultime “coup de gueule” contre Laeticia et le “business” Hallyday

Le silence était pesant, presque assourdissant. Mais il vient d’être brisé avec la force d’un riff de guitare saturé. À 83 ans, Eddy Mitchell, le “Vieux Schmuck”, l’ami de toujours, le “frère” de scène et de cœur de Johnny Hallyday, a décidé de vider son sac. Et ses mots sont des déflagrations qui secouent une nouvelle fois le clan Hallyday, visant une cible principale : Laeticia, la veuve du Taulier.

Loin des hommages convenus et des condoléances polies, “Monsieur Eddy” n’a plus peur de dire tout haut ce que beaucoup murmurent tout bas. Les albums posthumes ? “Rien à foutre”. Le concert hommage ? “Ça ne m’intéresse pas”. La mémoire de Johnny, telle qu’elle est “mise en scène” par Laeticia ? Une “trahison”.

Cette prise de parole, d’une rare violence, n’est pas l’aigreur d’un vieil homme. C’est le cri d’une fidélité blessée, l’expression d’une douleur qui ne s’est jamais tue depuis ce jour de décembre 2017. Pour Eddy Mitchell, l’héritage de Johnny n’est pas qu’une affaire de disques d’or et de statues monumentales ; c’est une question de respect, de morale et de famille. Et sur ce terrain, il estime que la ligne rouge a été franchie.

Pourquoi maintenant ? Parce qu’à 83 ans, on n’a plus rien à prouver, ni à craindre. La parole est libre, déliée de toute stratégie de carrière. C’est l’heure des vérités, avant qu’il ne soit trop tard. Et la vérité d’Eddy Mitchell est celle d’un homme qui refuse de voir la légende de son ami transformée en un “business” qu’il juge indécent.

La Fracture Originelle : “On ne déshérite pas ses enfants”

Pour comprendre la colère d’Eddy Mitchell, il faut remonter à la source du drame, au moment où les larmes du deuil national se sont mêlées à l’encre d’un testament qui allait déchirer une famille. Lorsque la France découvre que Johnny Hallyday, dans un document rédigé aux États-Unis, a désigné Laeticia Hallyday comme unique bénéficiaire de son immense patrimoine, au détriment de ses deux aînés, David Hallyday et Laura Smet, l’onde de choc est immense.

Laeticia se défend, affirmant que tel était le souhait de son homme, pour la protéger, elle et leurs deux filles, Jade et Joy. Mais pour David et Laura, c’est une “injustice insupportable”. La bataille judiciaire et médiatique qui s’ensuit divise le pays.

Eddy Mitchell, lui, n’hésite pas une seconde. Il choisit son camp. Et ce n’est pas seulement l’ami de 50 ans qui parle, c’est aussi, et surtout, le parrain de Laura Smet. Sa loyauté n’est pas négociable. Avec son franc-parler légendaire, il déclare publiquement ce qui, pour lui, relève de l’évidence morale : “Je ne comprends pas qu’on puisse déshériter ses enfants”.

Cette phrase, simple et directe, est un coup de poignard pour Laeticia. Elle, qui voyait peut-être en Eddy un allié, un médiateur potentiel, se retrouve face à un adversaire de poids. Pour elle, c’est une trahison. Pour lui, c’est une “nécessité”. Il ne s’agit pas de critiquer Johnny, qu’il a aimé comme un frère, mais de défendre un principe qu’il juge sacré. La fracture est immédiate, profonde et, visiblement, irréparable.

Du “Business” aux Statues “Morbides” : La Mémoire Confisquée

Cette rupture morale va conditionner tout le reste. Eddy Mitchell prend ses distances, non seulement avec Laeticia, mais avec tout ce qu’elle entreprend pour “faire vivre” la mémoire de Johnny. Chaque hommage, chaque projet, est perçu par lui comme une initiative “trop intéressée”.

Le point de friction le plus symbolique est sans doute cette fameuse statue inaugurée devant l’Accor Arena à Paris. Une œuvre monumentale, une Harley-Davidson perchée sur un manche de guitare. Là où certains voient un hommage à l’esprit rock’n’roll, Eddy y voit une “statue à l’Axène” (probablement “obscène”) et une “mise en scène morbide”. Des mots d’une dureté inouïe, qui réduisent l’initiative à une caricature grossière.

Il refuse d’assister aux expositions, aux grands messes commémoratives. “Ils font ce qu’ils veulent, mais sans moi”, lâche-t-il, glacial. Il ne veut pas cautionner ce qu’il considère comme une “dénaturation”. Pour lui, Johnny n’avait pas besoin de ces artifices. Sa voix, sa présence, son charisme suffisaient. Tout ce qui vient après n’est qu’un “décor de théâtre” qui n’a rien à voir avec l’homme qu’il a connu.

L’amertume s’étend au domaine artistique. Mitchell évoque des projets de duos posthumes, des collaborations qui auraient pu enrichir l’héritage musical de Johnny. Mais, selon lui, Laeticia aurait “mis son véto”, bloquant des initiatives au nom d’intérêts qu’il juge privés.

Pour l’ami de toujours, c’est l’ultime affront. La mémoire de Johnny n’est plus seulement mise en scène, elle est confisquée, transformée en “produits dérivés”, en “spectacle monétisé”. Le rockeur, l’homme libre, est devenu une marque.

Deux Visions Irréconciliables de l’Héritage

Ce conflit ouvert n’est pas une simple querelle de personnes. C’est l’affrontement de deux visions radicalement opposées de ce que doit être l’héritage d’une icône.

D’un côté, Laeticia Hallyday, gardienne officielle du temple. Elle se voit comme celle qui protège l’œuvre, qui entretient la flamme pour que le public n’oublie pas, pour que ses filles puissent grandir avec l’image d’un père légendaire. Elle multiplie les événements spectaculaires, supervise les sorties d’albums, gère l’image avec une main de fer. Pour ses partisans, elle fait vivre la légende.

De l’autre, Eddy Mitchell, le garant de l’authenticité. Pour lui, Johnny n’appartient pas à une seule personne. Il appartient à ses enfants, d’abord. Il appartient à ses amis, ceux qui l’ont connu avant la gloire, dans les doutes et les excès. Et il appartient à son public, à ce pays tout entier qui l’a adulé.

En refusant de participer à cette “vitrine”, Eddy Mitchell pose une question fondamentale : où s’arrête l’hommage et où commence la récupération ? Peut-on honorer un artiste en le transformant en un produit lucratif ?

Cette divergence est philosophique. Elle touche au respect, à la sincérité. Eddy, l’homme du blues, de l’authenticité américaine, ne supporte pas l’artifice. Il veut se souvenir de l’homme, pas de l’idole de pierre. La réconciliation semble impossible car il ne s’agit plus d’argent ou de fierté, mais de principes.

Le Testament Moral d’un “Frère”

Alors, pourquoi se lâcher si durement, et pourquoi maintenant ? La réponse tient en deux chiffres : 83 ans. À cet âge, le temps est compté. Eddy Mitchell n’a plus de carrière à gérer, plus d’image à polir. Il a perdu son ami, son frère, et il voit ce qu’on fait de son souvenir. Sa colère est le reflet de sa peine.

Il y a un sentiment d’urgence. L’urgence de dire “sa” vérité avant que la version officielle, celle des statues et des expositions, ne devienne la seule histoire. S’il parle aujourd’hui, c’est pour rétablir un équilibre, pour rappeler qui était vraiment Johnny Hallyday : un homme complexe, généreux, faillible, mais surtout, un homme.

Ses déclarations ne sont pas seulement des critiques ; elles sont un testament moral. Un rappel à l’ordre brutal, mais nécessaire selon lui. Il se fait le porte-voix de nombreux fans qui, eux aussi, peuvent se sentir mal à l’aise face à ce déballage commercial.

Si les mots d’Eddy Mitchell sont si crus, si violents, c’est peut-être parce qu’ils sont à la hauteur de l’amour qu’il portait à son ami. Ce n’est pas de la rancune, c’est une défense. La défense d’une mémoire qu’il estime menacée.

Au final, cette nouvelle page explosive du clan Hallyday est une tragédie. Elle montre une mémoire éclatée, une famille divisée autour d’un homme qui chantait l’amour et l’amitié. Les mots d’Eddy Mitchell ne sont pas destinés à apaiser, mais à secouer. Ils nous obligent à nous interroger : que voulons-nous retenir de Johnny ? Le spectacle monumental ou le souvenir authentique d’un homme qui a marqué nos vies ? À 83 ans, Eddy a choisi son camp : celui de la vérité, aussi dure soit-elle.