Dans un entretien exclusif, Nagui, emblématique producteur de Air Productions et visage incontournable du petit écran, lève le voile sur les coulisses impitoyables du monde de la télévision : pression constante, compétition féroce, et nécessité de se réinventer sans cesse pour survivre. Avec une lucidité rare, il affirme que personne n’a de place acquise à la télévision – chacun doit la gagner chaque jour. Une parole forte, sincère, qui dévoile la réalité d’un milieu aussi fascinant que cruel – cliquez sur le lien pour en savoir plus.

Dans le paysage audiovisuel français, peu de figures sont aussi reconnaissables que Nagui. Animateur emblématique de programmes comme “N’oubliez pas les paroles” ou “Tout le monde veut prendre sa place”, il est aussi un producteur chevronné à la tête de sa société Air Productions, créée en 1993. Mais derrière le sourire, le ton léger et les plaisanteries qui font son style, se cache une vision lucide – parfois même dure – du monde de la télévision.

“Tout le monde joue sa place à la télévision”, affirme-t-il sans détour. Une déclaration forte, qui résume selon lui la réalité d’un milieu où rien n’est jamais acquis. “Ce n’est pas parce que vous avez du succès aujourd’hui que vous en aurez encore demain. L’audience, le public, les tendances changent. Il faut sans cesse se remettre en question, se renouveler, réinventer ce que l’on propose.”

Nagui sait de quoi il parle. Lui-même a connu des périodes de creux. À la fin des années 1990, après une surexposition médiatique, plusieurs de ses émissions ont été arrêtées, et sa présence à l’écran s’est raréfiée. “J’ai appris à la dure que la télévision n’a pas de mémoire. Ce que vous avez fait hier, c’est bien. Mais ce qui compte, c’est ce que vous faites aujourd’hui.”

Depuis, il a reconstruit sa carrière avec patience et stratégie. En produisant des formats à la fois populaires et exigeants, en s’entourant d’équipes solides, et surtout en restant fidèle à une certaine idée de la télévision : “Je crois en une télévision bienveillante, intelligente, qui ne prend pas les téléspectateurs pour des imbéciles.” Cette ligne directrice guide encore aujourd’hui le travail de Air Productions.

La concurrence, dit-il, est omniprésente. “Chaque jour, de nouveaux talents arrivent, de nouveaux formats naissent, les plateformes bousculent les chaînes historiques. Il ne faut pas avoir peur de cette concurrence, il faut l’intégrer.” Selon lui, la télévision doit désormais composer avec un public plus exigeant, plus volatile, mais aussi plus curieux. “Les gens veulent du sens, de la sincérité. Pas forcément du spectaculaire, mais de l’authentique.”

Dans ce contexte, le rôle du producteur est plus que jamais central. Il ne s’agit pas seulement de gérer une équipe ou de coordonner une émission. “Il faut avoir une vision. Il faut sentir ce qui peut toucher le public demain, et oser proposer des choses nouvelles, même si elles ne plaisent pas à tout le monde.” C’est dans cet esprit que sont nés certains formats plus récents d’AirProd, comme “The Artist” sur France 2, une émission qui, malgré une audience modeste, a été saluée pour son audace.

Mais cette quête constante de renouvellement a un prix : la pression. Nagui ne le cache pas. “Chaque lancement est un pari. Chaque émission est jugée, disséquée. Il y a des critiques, des comparaisons, des attaques parfois injustes. Il faut avoir la peau dure, mais aussi savoir écouter.” Il confie qu’il a appris, au fil des années, à faire la part des choses. “Ce que je veux, ce n’est pas faire l’unanimité, c’est faire du bon travail.”

Le monde de la télévision, tel qu’il le décrit, est à la fois passionnant et impitoyable. “C’est un milieu où l’on travaille avec des émotions, de la visibilité, de l’ego. Forcément, il y a des tensions, des déceptions. Mais aussi des réussites qui vous donnent une énergie folle.” Il cite notamment l’exemple de “N’oubliez pas les paroles”, une émission qui a mis des années à s’imposer, mais qui aujourd’hui réunit des millions de téléspectateurs chaque soir.

À la question de savoir s’il se sent encore en danger malgré sa carrière bien remplie, il répond sans hésiter : “Bien sûr. On n’est jamais à l’abri d’un échec. Et il faut l’accepter. L’échec fait partie du métier. Ce qui compte, c’est ce qu’on en fait après.” Pour lui, la résilience est une qualité essentielle dans ce secteur.

Nagui insiste aussi sur l’importance du collectif. “On a tendance à penser que la télé, c’est une ou deux têtes d’affiche. Mais c’est faux. C’est un travail d’équipe. Un bon éclairagiste, un bon réalisateur, un bon rédacteur font toute la différence.” Il se dit très attentif à ses collaborateurs, qu’il choisit avec soin et fidélité. “Le succès, ce n’est pas moi tout seul. C’est nous tous.”

En conclusion, il affirme que la télévision est un art vivant, fragile, et en perpétuelle évolution. “Il n’y a pas de formule magique. Il faut du travail, de l’écoute, de la passion. Et surtout, ne jamais croire que l’on est arrivé.” Sa voix se fait plus grave, presque introspective : “À la télé, on ne garde pas sa place. On la joue, chaque jour.”

Une déclaration forte, à l’image d’un homme qui a su traverser les époques, les modes et les crises, sans jamais perdre de vue l’essentiel : parler aux gens, avec cœur, avec intelligence, et avec exigence.